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Auto : le rebond du marché

Automobile. Avec une progression dépassant 16% et près de 1,8 millions de voitures particulières immatriculées, l’année 2023 a marqué un redressement salutaire des ventes.

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Photo de la nouvelle Renault
Les ventes de voitures électriques ont augmenté et Renault en a profité. (Crédit : DR)

Enfin ! Après trois exercices successifs moroses, le marché automobile français a repris des couleurs avec des statistiques de nouveau bien orientées. Certes, les immatriculations n’ont pas retrouvé leur niveau d’avant crise sanitaire et le cap des deux millions de voitures neuves mises en circulation reste un doux rêve mais la tendance s’est inversée de façon franche. 16,1 % de plus et 1 774 729 voitures ayant trouvé preneur : on peut parler de rebond sans crainte d’être démenti. Ces bons résultats sont en partie liés à une fin d’année pleine de vigueur avec notamment un mois de décembre marqué par une progression de 26 %.

Les constructeurs et leurs distributeurs peuvent remercier leurs clients d’avoir poussé les portes des concessions, tant qu’elles existent encore, pour passer commande d’une nouvelle voiture. Cela malgré les tarifs en surchauffe, un pouvoir d’achat en berne, les incertitudes géo-politiques et les hésitations légitimes générées par la fameuse transition énergétique. Sans oublier l’image décriée de la bagnole, entretenue par ceux qui peuvent s’en passer...

2023 a confirmé, sans doute de façon définitive, la désaffection pour les motorisations diesel. Après les avoir aimées jusqu’à l’excès, les automobilistes les rejettent de façon tout aussi disproportionnée. Symbole de cette chute inexorable : leurs ventes sont passées sous le seuil des 10 % avec seulement 171 737 unités soit 67 000 de moins que douze mois plus tôt. En l’espace d’une année, la part des motorisations diesel a reculé de 15,6 % à 9,7 %. Un plancher ? Pas sûr, bien que cette motorisation conserve toute sa pertinence pour les grands rouleurs.

900 000 voitures électrifiées immatriculées

Dans le même temps, les voitures électrifiées dans leur ensemble ont totalisé quasiment 50 % des immatriculations. Près de 900 000 modèles plus ou moins électriques ont été mis sur le marché l’an dernier. Du jamais vu au niveau national. Cette évolution inédite profite à tous les types de motorisations. À commencer par les 100 % électriques dont près de 300 000 ont été achetées l’an dernier.

Quasiment 100 000 de plus qu’en 2022 pour une part de marché passant de 13,3 % à 16,8 %. C’est inédit. En dépit de tarifs élevés (de l’ordre de 30 % par rapport à leur équivalent thermique) atténués par des propositions commerciales sous forme de location, les modèles à batterie ont poursuivi leur montée en puissance, grâce en particulier à une offre de plus en plus étendue dans tous les segments et dans les catalogues de la totalité des marques ou peu s’en faut. Compte-tenu de ces éléments, certains analystes spécialisés, allant au-delà des apparences, estiment que le marché des 100 % électriques n’augmente pas autant qu’il le devrait et qu’on assiste à un début de tassement.

D’autant plus que la perspective de l’exclusion du bonus fiscal le 1er janvier pour les modèles ne répondant aux critères écologiques définis par l’Etat et la baisse de l’aide pour certaines catégories de revenus a gonflé les carnets de commande sur les derniers mois de l’année.

Les hybrides sont devenues une place-forte et, toutes catégories confondues, ont conquis plus de 595 000 clients s’octroyant à elles seules 33,5 % de part de marché. Un gain de plus de 135 000 voitures d’un exercice à l’autre : ce n’est pas rien. Parmi elles, les hybrides classiques (full hybrid), désormais bien identifiées par les clients, se taillent la part du lion avec 14,6% (259 592) des immatriculations devant les hybrides légères (mild hybrid), variante apparue récemment, qui frôlent les 10% (172 698) et les rechargeables qui se situent à 9,2 % (162 952). Tous les types de motorisations hybrides progressent alors qu’elles ne bénéficient plus d’aucun coup de pouce fiscal.

Les voitures thermiques roulant exclusivement au sans plomb restent cependant en tête du marché avec 641 588 unités. Elles gagnent plus de 70 000 immatriculations par rapport à 2022, mais leur part rétrécit : 36,2 % contre 37,2 % un an plus tôt. Les autres types d’énergie restent confinés à la marginalité, même si le GPL avec 63 096 immatriculation progresse de 0,5 % pour atteindre les 3,6 %. Pas si mal pour un type de carburant proposé par très peu de marques dont Dacia est la figure de proue.

L’indéniable montée en puissance des motorisations supposées plus vertueuses écologiquement ne se traduit pas par une baisse spectaculaire des émissions de CO2. En décembre 2021, elle s’élevait à 101,5 g/km, un an plus tard à 99,5 g/km et fin 2023 à 92,1 g/km. Le progrès est réel mais on reste loin des objectifs mis en avant. Et encore plus s’il était possible de dresser un état global des émissions des quelques 41 millions de véhicules en circulation. Sans oublier ceux qui transitent par la France.

2023 est à peine terminée qu’on s’interroge sur l’année qui commence. Première indication fiable : les carnets de commande ne débordent pas, ce qui augure de livraisons en baisse pour les prochains mois. La promesse de modèles 100 % électriques enfin plus abordables financièrement comme les futures R5 et Citroën C3, lancées dans le courant de l’année, pourraient cependant avoir des effets positifs. Mais dans leur ensemble, les professionnels restent prudents. Chat échaudé...