Automobile

Bouclez-la !

Sécurité. Près d’un quart des tués sur les routes n’avaient pas attaché leur ceinture de sécurité. Un bilan accablant. Un simple clic aurait permis d’épargner plus de 350 vies.

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L'affiche de Dekra
(Crédit : DR)

Depuis 1970, toutes les voitures neuves sont équipées de ceintures de sécurité. Depuis le 1er juillet 1973, les occupants avant doivent être attachés sous peine de sanction. Plus d’un demi-siècle ! Pour les passagers arrière, la loi impose la même chose depuis le 1er juillet 1990. Ceux qui étaient initialement récalcitrants pour de multiples (bonnes ou mauvaises) raisons lorsque ces obligations ont été mises en place ont eu le temps de s’y plier.

Faut-il rappeler le rôle essentiel des ceintures en cas d’accident ? Elles permettent d’en limiter les conséquences dans une majorité de cas et ont contribué à sauver des milliers de vies et d’atténuer la gravité des blessures année après année. Pourtant, tout le monde ne semble pas encore convaincu de leurs bienfaits. Négligence, volonté de bravade : de nombreux occupants de véhicules prennent la route sans s’être attachés.

Les chiffres sont sans équivoque et devraient amener à réfléchir ceux qui s’affranchissent de cette obligation. Dekra, l’enseigne spécialisée dans le contrôle technique et la sécurité, vient de se faire l’écho des dernières statistiques sur le sujet. En 2022, plus d’un conducteur sur cinq roulait sans avoir bouclé sa ceinture. Un taux identique à celui du passager avant. À l’évidence, l’image glaçante de « la place du mort » n’est pas assez dissuasive. À l’arrière, c’est encore pire : 45% des passagers choisissent délibérément de ne pas être retenus.

Sans surprise, cela a des conséquences dramatiques sur la mortalité consécutive à des accidents. En 2022, sur l’ensemble des victimes à bord d’une voiture, 24% n’étaient pas attachés. Un taux qui monte à 33% pour celui des véhicules utilitaires. Comme si parce qu’on est au travail, on pouvait s’exonérer de s’attacher.

Cela représente un total de 355 personnes qui auraient sans doute eu la vie sauve. Un chiffre énorme, quasiment stable d’une année à l’autre, plus élevé que celui imputé à la vitesse excessive par exemple, mais plus rarement mis en avant par la Sécurité routière. De quoi faire baisser immédiatement de plus de 10% la totalité des victimes de la route.

S’attacher, un réflexe salutaire

La ceinture s’impose à (presque) tous. Y compris aux femmes enceintes pour lesquelles, elle constitue une protection supplémentaire à condition de la positionner correctement, c’est à dire avec la partie inférieure de la sangle le plus bas possible, sous le ventre au niveau des os du bassin. Les enfants de moins de 12 ans et de 1,50 m doivent être installés dans des sièges adaptés. Il existe des dispenses d’obligation mais elles doivent être attestées par un certificat médical.

Si attacher sa ceinture est indispensable, encore convient-il de le faire correctement. Une évidence pas toujours respectée. La partie descendante doit impérativement reposer sur la clavicule et ne pas passer sous l’aisselle. Conseil superflu ? La réalité démontre le contraire. Autre cas de figure : le conducteur quasiment alllongé dont on ne perçoit que le sommet de la casquette.

La position n’est pas seulement ridicule et gênante pour avoir une bonne maitrise de sa voiture, elle peut aussi se révéler dangereuse en cas de choc. On ne parle même pas du passager avant qui met ses pieds sur le tableau de bord lors des longs parcours. Décontractant ? Sans doute mais potentiellement catastrophique, le déclenchement des airbags occasionnant de graves blessures.

Boucler sa ceinture, même pour parcourir quelques centaines de mètres, et s’assurer qu’elle est correctement positionnée ne prend que quelques secondes. Pour la plupart des conducteurs et leurs passagers, c’est devenu un réflexe, une évidence. Alors que les nouveaux modèles sont bourrés jusqu’à l’excès d’aides à la conduite en tout genre, constater que près d’un quart des conducteurs négligent de mettre leur ceinture laisse songeur. Faudra-t-il aller jusqu’à rendre obligatoire un dispositif empêchant de prendre la route sans être attaché ?