Automobile

Voiture électrique, déjà le désenchantement

Marché. Selon une étude, 54% des français regrettent d’avoir choisi un véhicule à batterie. En cause, la forte hausse du prix de l’électricité et l’anarchie régnant sur les solutions de recharge.

Lecture 9 min
Recharge voiture électrique
(Crédit : DR)

Les propriétaires de voitures électriques commencent à se demander s’ils ont fait le bon choix. C’est ce que révèle un sondage réalisé par YouGov, société internationale spécialisée dans les études de marché, pour le compte de Monta, entreprise de gestion des bornes de recharge.

Plus de 6 000 Français roulant en 100% électriques ont été interrogés et plus de la moitié d’entre eux ont admis regretter leur achat. 54% très exactement, un niveau de rejet impressionnant.

Le principale source de leur mécontentent : les augmentations sans fin des tarifs de l’électricité dont le dernier en date de 10%, survenu le 1er août. Avec une interrogation : jusqu’où cela va-t-il monter ? Ils sont d’autant plus marris de devoir payer toujours plus pour recharger leur voiture que le motif principal qui les a incités à opter pour un modèle électrique est la perspective de réaliser des économies à l’usage comme l’ont indiqué clairement différentes enquêtes d’opinion, loin devant des préoccupations écologiques. Ils ont accepté de payer beaucoup plus cher leur voiture en pensant récupérer cet effort initial au fil du temps.

C’est raté ! D’ores et déjà et avant même l’augmentation du 1er août, faire le « plein » de jus sur une borne publique dont les tarifs ont littéralement explosé en quelques mois est souvent plus onéreux que de remplir son réservoir à la station-service pour un kilométrage équivalent.

Ces clients douchés se lâchent et expriment leur surprise et leur courroux. Ils ont le sentiment d’avoir été abusés par des promesses n’engageant que ceux qui les écoutent. Un grand classique.

Opacité des tarifs de recharge et comparaisons impossibles

L’opacité des tarifs des bornes publiques et les nombreux opérateurs qui se partagent le marché constituent la deuxième source de mécontentement des acheteurs de véhicules électriques.

C’est le Far-West ou la jungle : au choix. Applications à télécharger et bornes propres à chaque opérateur spécialisé, voire spécifiques à un ou plusieurs constructeurs automobiles, tarification tantôt à la minute ou au kWh, fortes différences de prix entre les bornes plus ou moins puissantes, opacité des tarifs et comparaisons impossibles : les griefs sont nombreux.

Rien à voir avec les mâts surplombant toutes les stations-services avec les prix des différents carburants s’affichant clairement. Cela devrait, parait-il, s’arranger et s’harmoniser au fil du temps sans qu’on sache trop de quelle façon ni à quelle échéance.

En attendant, le client est prié de passer à la caisse et de prendre son mal en patience. Patience également indispensable pour faire face aux bornes de recharge hors service. C’est le cas de près de 25% d’entre elles, même si, là aussi, on nous assure que les choses s’améliorent.

Ceux qui disposent d’une solution de recharge domestique – environ 50% de ceux ayant opté pour une voiture électrique – échappent plus ou moins à ces désagréments multiples. À condition de ne pas s’éloigner trop de leur domicile. Une contrainte supplémentaire.

Les uns et les autres seront logés à la même enseigne le jour plus ou moins proche où l’État cherchera à compenser la perte des recettes juteuses générées par les lourdes taxes pesant sur litre de sans plomb et de gazole en alourdissant la fiscalité du kWh... En 2022, les revenus provenant des produits pétroliers ont dépassé 40 milliards d’euros. Une manne à laquelle l’État n’a pas l’intention de renoncer.

En parallèle et comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement agite la menace d’une taxe au poids frappant les véhicules les plus lourds. C’est le cas des véhicules 100% électriques disposant d’une autonomie satisfaisante qui sont lestés par leurs grosses batteries.

A priori, ils seraient exclus de ce nouveau malus en 2024. Ce qui signifie qu’ils pourraient l’être par la suite. Le dilemme sera d’arbitrer entre un petit véhicule électrique à l’autonomie limitée, c’est à dire à usage urbain quasi exclusif mais à la masse relativement contenue et un modèle familial capable de voyager avec moins de contraintes mais assujetti à une taxe supplémentaire.

Un choix quasi impossible sauf à disposer de plusieurs voitures avec les moyens assortis. L’inévitable restriction des aides fiscales massives dont bénéficient actuellement les 100% électriques constitue une autre menace pour le développement d’un marché qui, comme l’ont constaté les spécialistes, progresse moins qu’il ne le devrait alors que l’offre est de plus en plus large dans tous les segments et que le discours officiel sur la transition énergétique est chaque jour plus pesant.

Un effet direct de la forte augmentation des prix d’achat des voitures en général et des électriques en particulier dont on attend toujours la promesse chimérique d’une baisse des tarifs.