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Voitures électriques : l’indispensable bonus

Automobile. Très dépendant des aides fiscales, le marché des 100% électriques s’effondre dès qu’il n’est plus soutenu financièrement. Exemples en France, en Allemagne, et en Italie.

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(Crédit : DR)

Ce n’est pas une découverte : la progression des ventes des véhicules électriques est directement liée aux incitations à l’achat dont elles peuvent bénéficier. Ou pouvaient bénéficier ! Quand on les conjugue à l’imparfait : patatras, le marché boit la tasse. C’est le cas en Allemagne où l’Etat a supprimé sans sommation les aides fiscales existantes en décembre dernier. Elles sont passées du jour au lendemain de 4 500€ (modèles de moins de 40 000€) à rien du tout.

La sanction a été immédiate : les immatriculations de voitures à batterie du dernier mois de l’année 2023 ont chuté de 50%. Confirmation en janvier où les ventes ont reculé à un niveau qu’on n’avait pas connu à une exception près depuis deux ans. Parallèlement, les intentions d’achat d’un modèle thermique ont remonté de 4% !

Autre pays mais conséquences identiques : l’Italie. La transition entre deux systèmes d’aides incitatives, le nouveau dispositif se faisant attendre sans qu’on en connaisse la teneur précise, a provoqué un méchant trou d’air. En mars, sur un marché en recul global de 3,7%, les immatriculations des voitures électriques ont plongé de 34,5%. Abyssal !

En France, la décision inattendue du gouvernement de mettre fin, le 15 février dernier, aux aides fiscales dont bénéficiaient les entreprises pour convertir leurs flottes a été immédiatement sanctionnée par une remontée des immatriculations de...diesel, plus économiques à l’achat. Fin mars, alors que globalement les ventes aux entreprises chutaient de plus de 6%, celles des véhicules électriques se contractaient de 10%.

En attendant mieux. Ou pire ! Non seulement, les entreprises n’auront plus de carotte incitative mais on leur promet le bâton avec une proposition de loi agitée par le député macroniste Damien Adam, adoptée en commission, menaçant les sociétés traînant les pieds pour « verdir » leurs flottes de sanctions financières de plusieurs milliers d’euros par véhicule ne répondant pas à cette transition énergétique forcée. Le montant des amendes n’est pas encore fixé dans le marbre mais on évoque le chiffre de 2 000 € par véhicule en 2025 avant de doubler la mise l’année suivante.

Un élément incitatif majeur

Pour les acheteurs particuliers qui voient les aides se contracter d’année en année (7 000 € au début de la décennie, 4 000 € actuellement), à l’exception du leasing social vite épuisé, le bonus à l’achat constitue un élément-clé de leur choix en faveur d’une voiture 100% électrique. C’est ce qu’indique une enquête réalisée pour le compte de l’AVERE, l’organisme chargé de la promotion de la mobilité électrique. Sans la prime à l’achat ou la prime à la conversion, voire le cumul des deux dans certains cas, près de la moitié des personnes interrogées aurait renoncé à opter pour un véhicule à batterie. 29% auraient privilégié un modèle thermique roulant au sans plomb et 19% se seraient tournés vers une voiture fonctionnant au gazole.

Cela alors même qu’ils sont majoritairement satisfaits d’avoir basculé vers le tout électrique. Les incitations fiscales qui coûtent cher à l’Etat, dont les caisses sonnent le creux et sont payées par l’ensemble des contribuables, restent indispensables, compte-tenu du surcoût à l’achat des voitures électriques. En dépit des promesses répétées en boucle, elles restent nettement plus chères que leurs équivalents thermiques : autour de 30% en moyenne.

Elles le seraient encore davantage sans un effort financier des constructeurs dont une étude avance qu’ils perdraient plus de 5 000 € sur chaque voiture vendue. L’arrivée prochaine des inédites E-C3 et R5 E-Tech devrait rendre la mobilité électrique plus abordable financièrement, tout au moins pour les citadines à l’autonomie limitée. Et à condition que le bonus ne soit pas raboté une nouvelle fois dans les mois à venir.