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Voitures électriques : une fiabilité perfectible

Enquête. Une enquête portant sur l’origine des pannes de 1,8 million de voitures met en évidence la moindre fiabilité des véhicules 100% électriques par rapport aux modèles thermiques.

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Rechargement d'une voiture électrique
Les modèles électriques sont sujets à plus de pannes que les voitures thermiques classiques. Notamment les cables et prises de recharge. (Crédit : DR)

Encore une légende à propos des voitures électriques qui vole en éclats. On les annonçait moins concernées par les pannes que les modèles thermiques. Beaucoup plus simples de conception, utilisant huit fois à dix fois moins de composants pour leur moteur et leur transmission qu’un moteur à explosion classique, on les supposait moins exposées aux défaillances.

Simple déduction logique. La réalité est moins rose. Une enquête à grande échelle réalisée à l’initiative de la société française Opteven, leader européen de la garantie « panne mécanique », qui couvre 1,8 millions de véhicules en France et dans les pays voisins, Allemagne, Belgique, Italie ou Espagne, met en évidence un niveau de pannes élevé.

41% des propriétaires d’un modèle électrique ont été confrontés à un problème d’ordre électrique, électronique ou autre. Un pourcentage qui monte à 46% pour les voitures à batterie de seconde main. Cela a imposé dans 18% des situations à recourir à un dépannage ou à un remorquage. A comparer avec les incidents constatés sur les véhicules classiques limités entre 5 et 10% selon les statistiques d’Opteven. Le début des problèmes touchant les 100% électriques arrive rapidement avec une première immobilisation survenant quatre ans après leur mise en service avec un kilométrage moyen de 48 540km.

Outre les problèmes liés à l’ensemble bloc électrique-transmission, les soucis constatés proviennent de défaillances de la batterie basse tension 12 volts et de la batterie de traction haute tension, viennent ensuite les câbles et les prises de recharge. Avec pour ces derniers cas, 14% des interventions de dépannage dès la première année d’utilisation de la voiture et 8% la seconde année. Cet ensemble de causes a empêché de recharger sa voiture dans environ 25% des tentatives.

Mangeuse de pneus

Des extensions de garantie proposées par les marques permettent de solutionner les inconvénients liés à ces problèmes spécifiques. De même, les batteries de traction bénéficient d’une garantie longue durée et 7 à 10 ans selon les marques. Avec un bémol constaté chez plusieurs constructeurs : dès lors que la batterie conserve un potentiel de charge supérieur à 70%, la garantie ne s’applique pas. Sur une voiture ayant une autonomie conventionnelle de l’ordre de 300km, voire moins comme c’est le cas des petites voitures, perdre pratiquement un tiers de la capacité constitue un handicap majeur.

Pour ce qui est des consommables, les voitures électriques usent moins leurs freins, plaquettes et disques, que les thermiques, leur puissant frein moteur permettant de se passer de l’utilisation des freins dans une majorité de situations. Mais elles sollicitent davantage leurs pneus en raison de leur masse, nettement supérieure en raison du poids de leurs batteries.

Plusieurs centaines de kilos supplémentaires qui entraînent une usure rapide des gommes et génèrent un taux de crevaisons élevé. Il est de 5% supérieur à celui des voitures thermiques a constaté Opteven. Et comme les roues de secours ont disparu, la voiture est immobilisée et part sur un plateau.

La durée de vie des pneus apparait nettement moindre : un an et demi après leur mise en circulation 17% des utilisateurs ont été contraints de les remplacer. Une autre étude portant sur les flottes de véhicules 100% électriques met en évidence un kilométrage moyen inférieur à 29.000km avant de devoir changer les pneus, 10.000km de moins que sur un modèle essence ou diesel.

Autre souci potentiel, l’absence de points d’entretien et de réparation dédié de certaines marques. Des nouveaux venus sur le marché de la voiture électrique sous traitent ces opérations à des intervenants extérieurs avec lesquels ils ont passé des contrats. Cela ne facilite pas les choses en cas de problème. Dans les réseaux classiques, environ un tiers des réparateurs dispose de l’outillage spécifique et des connaissances indispensables pour résoudre les pannes spécifiques des 100% électriques. Autant d’éléments à prendre en considération lorsqu’on décide de passer à la voiture électrique.