Edwige Bouchery
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Edwige Bouchery

Le transport au féminin.

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Photo d'Edwige Bouchery
Edwige Bouchery co-dirige avec son mari Vincent l’entreprise de transport Bouchery à Flize. (Crédit : PR)

Au départ, la route d’Edwige Bouchery n’était pas toute tracée puisqu’elle a débuté sa vie professionnelle dans le milieu de la santé en pédiatrie, au bloc médical ou comme assistante maternelle. Mais elle finit par constater que cette voie ne lui convient pas. Recherchant du travail, elle bifurque dans le transport routier en trouvant un emploi aux Transports Michel, à Roissy.

Elle découvre le secteur du Transport routier de marchandises (TRM) en effectuant les préparations de commande et la gestion des tournées. « Je me suis alors aperçu que ce métier correspondait à ce que je voulais faire, loin de ma formation initiale en sanitaire, social et médico-sociales. J’ai tout de suite adoré ce milieu professionnel. »

Formation et expériences

Suivant les conseils de proches, elle suit en parallèle des cours à l’Ecole de Direction du Transport et de la Logistique de Monchy-Saint-Eloi au sein du groupe AFT-Iftim, devenu par la suite AFTRAL. Là même où elle fera la connaissance de son futur époux.. Recalé une première fois au concours et après un séjour en Angleterre pour parfaire la langue de Shakespeare, elle revient en France et obtient, à 21 ans, son diplôme transports et logistique ainsi que différentes capacités en transport de marchandises, commissionnaire de transport, voyageurs et matières dangereuses. Elle intègre alors la société Norbert Dentressangle, à Rantiny (Oise), pour un stage de neuf mois au cours duquel elle se familiarise avec différentes facettes du métier comme l’aérien, la route, la logistique avant de choisir sa spécialisation. Elle y est ensuite embauchée comme affrèteuse. « Les clients nous donnaient des lots que je dispatchais à d’autres transporteurs. »

Norbert Dentressangle ayant été repris en 2003 par XPO Logistics Europe, la société réaffecte certains personnels et se sépare d’autres... Elle retrouve ainsi un poste chez Heidelberg, à Montataire, puis à la Société Européenne de Transports à Bruyères-sur-Oise où elle accumule de l’expérience en œuvrant aussi pour Intermarché.

En 2007, son mari, Vincent, gérant d’une entreprise à Bruyères-sur-Oise, renoue avec ses racines ardennaises pour épauler son père, Jean-Luc, avant d’assurer sa succession à la tête des Transports Bouchery. Fondée par son grand-père André, dans les années 50, cette entreprise d’abord basée au lieu-dit le Waridon à Montcy-Notre-Dame a ensuite déménagé à Flize dans un entrepôt de 9000 m².

« Alors que nous avions toujours travaillé dans le même secteur d’activité mais chacun de notre côté, mon mari m’a proposé de le rejoindre. En 2010, je suis venue renforcer la PME familiale. »

« Notre société a contribué aux travaux de Notre-Dame de Paris et à d’autres grands ouvrages comme le pont de Millau ou encore la zone commerciale de la Croisette à Charleville-Mézières. »

Depuis, cette mère de deux enfants s’occupe du planning et de l’organisation des 25 chauffeurs et d’une flotte de 80 cartes grises (20 tracteurs roulants et une soixantaine de remorques) mais aussi de la gestion commerciale et sociale, des commandes des clients et des rechargements. « J’assume beaucoup de tâches car je n’ai pas de mal à effectuer de nombreuses choses à la fois. Si ce rôle a été compliqué au départ car pour beaucoup je n’étais que ‘‘la femme du patron’’, j’ai fini par laisser mon empreinte managériale et faire mes preuves en démontrant que je connaissais les rouages du transport routier marchandise. J’ai montré aux gens qu’une femme pouvait remplir cette mission. Aujourd’hui, j’ai réussi à gagner la confiance de tous ».

Devenue en 2015 directrice générale des Transports Bouchery en parfaite complémentarité avec son mari, gestionnaire de l’exploitation et de la partie mécanique et là aussi pour trancher les grandes décisions, Edwige Bouchery est à la tête de la PME spécialisée dans le transport de marchandises axé à plus de 90 % sur l’industrie (livraisons de charpentes métalliques, de chaudronnerie, chambres de béton et d’aciers mécaniques), les chantiers de construction et le BTP.

Transport de volumes exceptionnels

Avec un portefeuille d’une cinquantaine de clients essentiellement français dont Metalinov à Tournes et Cardot à Douzy, Bouchery réalise un chiffre d’affaires de 2,5 millions d’euros. Le couple a également créé, en 2013, une filiale de sous-traitance baptisée Transteel, chargée de mettre en relation chargeurs et transporteurs. Dans son enceinte, l’entreprise loue un hangar à Christo-fers et des bureaux à International Métal Services. « Notre société a contribué aux travaux de Notre-Dame de Paris et à d’autres grands ouvrages comme le pont de Millau ou encore la zone commerciale de la Croisette à Charleville-Mézières ».

La société de Flize est aussi réputée dans la région Grand Est pour organiser des trafics de convois exceptionnels. « C’est notre petit plus. Nous avons des autorisations préfectorales permanentes première et deuxième catégorie validées pour cinq ans. Nous assurons donc des transports hors gabarit à des dimensions sortant du cadre du code de la route (plus de 16,50 m de long et plus de 2,50 m de large) et de poids lourds dépassant les 44 tonnes ».

Cette expertise permet aux Transports Bouchery de transporter du matériel de très gros volume en travaillant pour l’aéronautique (un fuselage pour l’Agence Spatiale Européenne de Toulouse, avions avec ailes repliées), l’armée de terre (chars) ou l’entretien de la centrale hydraulique de Revin Saint-Nicolas avec le déménagement des groupes rotors et stators. Edwige Bouchery est ainsi bien installée dans sa profession et dans les Ardennes où elle était aussi passée de 2006 à 2009 par Ardennes Transport à Douzy. « C’est un métier que l’on a eu la chance de partager avec mon mari. Nous sommes très complémentaires et on se soutient moralement », dit-elle. Vincent acquiesce en précisant : « Elle est excellente dans ce qu’elle fait et incroyable pour manager le personnel. Ensemble, on fait la paire. » Leur fils, Valentin, 16 ans est appelé à rejoindre la société.

« Il a déjà suivi des stages ici en passant par tous les postes difficiles et il envisage de travailler, dès 2025, en alternance ». Durant ses moments de loisirs, la dirigeante s’adonne à la sophrologie « pour décompresser et oublier le stress de la semaine. Ça m’aide pour le travail ».