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Imagerie spatiale : le toulousain Meoss prévoit de tripler son chiffre d’affaires en 2024

Spatial. La start-up toulousaine, qui a engrangé plusieurs contrats avec les ministères de la Transition écologique et de l’Agriculture français et au Sénégal, est devenue un acteur de premier plan dans l’exploitation des images satellites appliquée à la gestion de l’eau dans le domaine agricole.

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Photo de l'irrigation d'un champs
Meoss est aujourd’hui un acteur de premier plan dans l’exploitation des images satellites appliquée à la gestion de l’eau dans le domaine agricole (©Pixabay).

La sécurisation de la ressource en eau est un enjeu majeur pour l’agriculture française. Sous l’effet du changement climatique, année après année, le territoire national est en effet soumis à des périodes d’étiages de plus en plus sévères, sur les grands cours d’eau comme sur leurs affluents. Dans ce contexte, l’État a adopté en mars 2023 un plan d’action en faveur d’une meilleure gestion de la ressource en eau. Dans son sillage, un appel à d’offres a été lancé par le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, dans le cadre du volet spatial du programme France 2030. Objectif : utiliser les données satellites pour le suivi et la gestion de l’eau.

Le toulousain Meoss en est un des lauréats. Fondé en 2018 par Thomas Ferrero, la start-up installée à Colomiers est spécialisée dans l’exploitation des images satellites. Elle s’est donné pour ambition d’accompagner les acteurs publics et privés des territoires dans leur lutte contre le changement climatique grâce à l’imagerie satellite. La jeune pousse a été retenue, aux côtés de CS Group et de Thales Services Numériques, pour le premier des quatre lots de l’appel d’offres, lequel portait sur le suivi des volumes d’eau et dynamique des plans d’eau. L’entreprise a également été sélectionnée, aux côtés de Kermap, IGN-FI, TerraNIS et Thales SN, pour le 3e lot relatif, lui, au suivi des parcelles agricoles et du couvert végétal d’interculture.

Outil d’aide à la décision

Capture d'écran de l'une des cartes de Meoss
Le toulousain Meoss est devenu un spécialiste de la gestion qualitative et quantitative de l’eau via l’analyse des images satellites (©Meoss).

Dans le cadre de ce contrat de 800 K€ sur trois ans, Meoss devra fournir aux ministères de la Transition écologique et de l’Agriculture des données cruciales, issues de l’analyse d’images satellites sur une longue période, de 2017 à 2026. « L’objectif, détaille Thomas Ferrero, est de produire l’historique du suivi des réserves en eau, de l’irrigation et du couvert végétal pour voir comment évoluent en parallèle les réserves et l’utilisation qu’on en fait.  » Et le dirigeant de Meoss d’ajouter :

L’idée est de mieux connaitre le passé pour mieux réagir dans le présent. En 2022, 90 % des départements français ont pris des arrêtés de restriction d’usage ou d’interdiction d’irriguer. Le but est de permettre aux pouvoirs publics de prendre des décisions en s’appuyant sur des informations objectives, au bon moment, afin de sauver un maximum de productions agricoles. »

Photo de Thomas Ferrero
Thomas Ferrero, fondateur et dirigeant de Meoss (© Meoss).

Pour la start-up toulousaine qui employait neuf collaborateurs fin 2023 et a réalisé 400 K€ de chiffre d’affaires l’an dernier, ce nouveau contrat devrait booster sa croissance. Quatre recrutements sont en cours et son chiffre d’affaires devrait tripler sur l’année. Outre cet impact direct sur son activité, l’entreprise y a aussi gagné de la visibilité et une véritable reconnaissance. « Ce contrat nous a déjà permis de gagner d’autres appels d’offres, notamment à l’export, parce que nous sommes reconnus parmi les acteurs du secteur. C’est le cas au Sénégal où nous venons de remporter un contrat suite à un appel d’offres axé sur la sécurisation de la production alimentaire grâce au monitoring de l’eau », poursuit Thomas Ferrero.

Monitoring de territoire

Pour construire son offre de services, Meoss s’appuie sur les données fournies notamment par Copernicus, le programme d’observation de la Terre de l’Union européenne, lequel a, selon le dirigeant tout bonnement « changé la donne. Cette constellation de satellites fournit des données récurrentes et en les compilant, on peut faire du monitoring de territoire. L’avantage, c’est que ces données sont gratuites et accessibles à tous. Notre expertise consiste à savoir les faire parler et à les traiter en fonction de la thématique choisie. »

L’entreprise, qui a travaillé depuis sa création sur des problématiques telles que le suivi du stock de carbone dans le sol ou la végétalisation des ilots de chaleur, s’est peu à peu spécialisée dans le suivi de la ressource en eau, notamment dans le domaine agricole. Elle a essentiellement pour clients des collectivités territoriales et des acteurs privés tels que bureaux d’études, assurances et coopératives agricoles.

Une levée de fonds en projet

Le dirigeant de Meoss veut profiter de ces succès en France et au Sénégal pour explorer les marchés des pays du bassin méditerranéen. Son équipe réfléchit également à d’autres cas d’usage. Toutefois, explique-t-il, « il y a encore beaucoup de R&D à mener pour développer de nouveaux services à partie des données fournies par les satellites existants ou à venir. »

Pour poursuivre son développement, Thomas Ferrero envisage une levée de fonds en fin d’année 2024 ou début 2025 dont le montant pourrait se situer entre 1 et 2 M€. « Il y a de plus en plus de monde sur le service aval, c’est-à-dire les services fournis à partir de données spatiales. L’écosystème lui-même est en train de se consolider. Nous voulons garder notre avance. C’est pourquoi il nous faut accélérer », conclut le dirigeant de Meoss.