Muriel Secondé-Naivin
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Muriel Secondé-Naivin

Encore une histoire à écrire.

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Photo de Muriel Secondé-Naivin
Muriel Secondé-Naivin est la co-fondatrice de l’Agence rémoise Epsilon Global Com. (Crédit : GREG GONZALEZ)

En juillet 2022, l’agence rémoise Epsilon Global Com a fêté les dix ans de sa reprise par Didier Perrin et Muriel Secondé-Naivin. L’occasion pour ses dirigeants de mesurer le chemin parcouru et d’envisager l’avenir :

« Nous avons recalibré nos offres, créé un service commercial, nous nous sommes aussi dotés de nouveaux outils technologiques… ce qui fait de nous une Agence Conseil en Communication Commerciale », souligne la dirigeante, à la tête d’une structure qui compte deux sites, une quarantaine de salariés, et qui réalise 12 M€ de chiffre d’affaires, savourant les progrès depuis une reprise difficile en 2012 et de nombreuses transformations à tous les niveaux.

Car à l’instar de tous les métiers de la communication, l’agence se trouve dans une période charnière. Spécialisée dans le « print » (impression), notamment les catalogues publicitaires papier pour de nombreux clients du retail et de la grande distribution, Epsilon voit ses activités digitales en pleine progression depuis quelques années déjà. « Nous aidons nos clients commerçants - physiques ou en e-commerce - à s’adresser au consommateur final y compris par le digital. Nous sommes connus pour nos activités de « print » mais ces dernières années, nous avons beaucoup évolué vers le digital et la gestion des données, par exemple », explique Muriel Secondé-Naivin.

Labellisée RSE Positive Workplace, l’agence est, à l’image de sa dirigeante, sensibilisée aux questions environnementales et sociétales, qui se pose constamment la question de la mesure de l’impact réel de ses activités sur l’environnement. Un souci du quotidien pour la Rémoise, dont la vocation n’a jamais varié depuis son entrée dans les études supérieures.

Nouveaux challenges

Diplômée Sup TG de l’ESC Reims en 1995, Muriel Secondé-Naivin intègre l’agence Euro RSCG en alternance lors de sa troisième année d’études. « Je voulais faire de la communication et de la pub, c’est pour cela que j’avais choisi ce cursus ». Embauchée par l’agence dès l’obtention de son diplôme, elle y reste deux ans de plus avant de rejoindre Epsilon en tant que Directrice clientèle en 1998.

Dans cette agence, qui appartient alors au groupe international Omnicom, elle développe sa connaissance du marketing opérationnel et de l’édition, puisque la clientèle est principalement composée des géants de la grande distribution pour qui les équipes réalisent des catalogues de produits. En 2011, le groupe lui confie la direction du site de Reims où elle dirige une trentaine de personnes. « Nous étions déjà capables d’intégrer toutes les étapes du métier, de l’édition du plus petit texte au plus gros shooting photo en passant par la mise en page, l’infographie et l’édition », se souvient-elle.

Quelques mois plus tard, à la suite de la perte du plus gros client de l’agence, la direction du groupe lui demande de préparer un plan de licenciement d’un tiers de effectifs. Un épisode qui marquera un tournant dans sa carrière car, dans la foulée, l’ancien dirigeant et fondateur de l’agence Didier Perrin, lui proposera de la reprendre à ses côtés. Ce qu’ils feront en 2012, avant de s’associer dans la foulée.

« Avec Didier, nous avons une relation très forte depuis ce moment, qui a été assez marquant, notamment parce que nous sommes passés d’un statut d’entreprise multinationale à celui de PME », souligne Muriel Secondé-Naivin. En 2014, l’agence se restructure et se dote de nouveaux gros clients, de quoi la faire renouer avec une rentabilité durable.

« On ne vend pas un produit à un client mais on lui offre une solution correspondant à ses besoins. »

Toujours en quête de nouveaux challenges, la jeune femme ressent alors le besoin d’aborder sa vie de cheffe d’entreprise sous un nouvel angle. En 2017 elle décide de se relancer dans les études et fait son entrée sur le Campus parisien de Neoma Business School en octobre 2017 pour y suivre un Executive MBA (Master of Business Administration) pendant deux ans. « Une fois diplômée, je me suis rendue compte que notre taille d’entreprise, d’une quarantaine de collaborateurs nous bloquait : notre agence était trop petite pour compter parmi les grandes et trop grande pour figurer parmi les petites ». Un entre-deux qui ne satisfait pas Muriel Secondé-Naivin qui n’est pas résolue à réduire la voilure et préfère au contraire réfléchir à des projets de développement par la croissance, même si l’actualité et la conjoncture freinent certaines initiatives.

« Ces dernières années, nous avons dû repousser certains projets, de croissance externe notamment, en raison du Covid, qui nous a complètement accaparé pour venir en soutien à nos clients et les accompagner dans leur transformation ».

Est-ce son parcours qui l’a incitée à prendre la présidence du réseau Entreprendre Champagne-Ardenne en 2022, l’année des dix ans de la reprise de l’agence ? Difficile d’imaginer que l’envie de transmettre et d’accompagner de jeunes chefs d’entreprise ne provient pas de ce parcours mouvementé. « J’ai rejoint le réseau en 2016 aux côtés de chefs d’entreprise qui mettent leur expérience au service d’autres chefs d’entreprises en phase de création ou de reprise, avec deux clés : la bienveillance et la gratuité ». La vocation du réseau est en effet de soutenir les jeunes structures par l’octroi de prêts d’honneur destinés à compléter le financement des porteurs de projets.

Outre les prêts, les porteurs de projets font l’objet d’un suivi par des tuteurs chefs d’entreprise expérimentés. « Aujourd’hui, plus qu’un réseau d’accompagnement, c’est un lieu d’entraide et d’écoute où l’on donne et qui apporte beaucoup. J’ai déjà accompagné deux porteurs de projets et j’ai autant appris d’eux qu’eux de moi », précise la présidente champardennaise. « L’accompagnement est réel, ça n’est pas juste un partenariat financier de plus ».

Un booster camp en novembre

Pour illustrer son dynamisme, le réseau Entreprendre Champagne-Ardenne organise, pour la première fois en région, les 9 et 10 novembre 2023, un Booster Camp. Au cours de l’événement, cinq porteurs de projets sélectionnés bénéficieront de l’appui et des conseils de dix « boosters » chacun de manière intensive.

« L’objectif est d’amener les dirigeants à se poser les bonnes questions pour aboutir en 24 heures à un plan de progression ou de développement sur trois ans. C’est un projet qui me tient particulièrement à cœur. Avec la directrice du Réseau, Clotilde Buti, nous sommes allées voir un Booster Camp et j’ai été littéralement bluffée : si j’avais pu en bénéficier à mes débuts, j’aurais gagné trois ans ! », explique la présidente qui veut rendre le Réseau Entreprendre plus visible. Ce qui semble déjà être en bonne voie. « Nous avions 170 adhérents en région il y a deux ans, nous devrions franchir le cap des 200 adhérents cette année ».

Pour Muriel Secondé-Naivin, cet engagement associatif au profit des entreprises de son territoire, n’est pas le seul. Inscrite dans le mouvement des Dirigeants Responsables de la Marne, lancé en 2022, elle est également impliquée dans la démarche Reims Légend’R, initiée par les collectivités rémoises, pour laquelle elle anime un atelier sur l’attractivité. « J’ai envie de m’investir pour mon territoire sur lequel je me sens bien et dont je suis fière », insiste celle qui a grandi à Puisieulx, à quelques kilomètres de Reims.

Du côté de l’agence, les projets ne manquent pas non plus. « L’objectif c’est de créer un groupe de communication armé relever les défis de la transformation de notre métier, suffisamment fort pour rassurer les clients et toujours agile pour conserver à la fois la proximité et la qualité de service qui restent nos avantages concurrentiels. D’ailleurs, on ne vend pas un produit à un client mais on lui offre une solution correspondant à ses besoins », poursuit-elle, intarissable sur son métier et ses perspectives.

Toujours dans cette idée de se renouveler sans cesse, en 2020, l’agence a créé un pôle Champagne, baptisé Grappers, destiné à répondre aux enjeux de la filière en matière de communication.

« Nous avons semé des graines et posé les bases d’Epsilon de demain, qui veut être visible tant au niveau national qu’en local. On veut développer un mode collaboratif pour proposer différentes compétences liées à la communication en se positionnant comme un tiers de confiance. On n’a pas fini d’écrire notre histoire... »