Christophe Chevaux
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Christophe Chevaux

De la piste aux étoiles.

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Christophe Chevaux
Meeting Arena, stade de France, 4 juillet 2015 – la victoire sur le destin. (Crédit : Christophe Chevaux)

Son destin est presque banal. Les copains, le quartier - ce quartier qui ne le quittera plus - l’école, le sport, l’ordinaire et mélodieuse enfance d’un petit garçon né dans une famille modeste d’un temps d’avant les réseaux sociaux : « on sortait jusqu’au soir, on tapait le ballon, on improvisait des championnats du monde qui s’arrêtaient souvent à l’heure du dîner ». Tout aurait pu s’arrêter à l’adolescence, une vilaine maladie du nom d’Osgoodshlatter (les muscles poussent plus vite que le cartilage) stoppera les ambitions de Christophe Chevaux.

Un CAP de cuisine en poche, c’est en tout jeune actif qu’il découvre la vie. Mais le mental dicte ses règles. Le genou réparé lui redonne le goût de courir. D’abord comme entraineur dans l’équipe de football de Saint Pantaléon à Autun, puis dans l’athlétisme pour découvrir ce fameux 800 mètres, son futur credo, ce double tour de piste effrayant, cette bagarre contre le souffle et le temps. Ce temps qui lui sera bientôt compté, aux côtés de sa fille cadette, Anaïs, et contre lequel ils gagneront plus qu’aucun titre au monde n’aurait pu leur offrir.

Les pointes dans le sang

« L’athlétisme est entré dans ma vie très tôt, par la porte de l’école, Après des résultats encourageants j’ai rejoint en toute logique le Stade Athlétique Autunois. En parallèle, j’ai fait mes gammes dans le giron de l’UNSS. Ça me plaît, je commence à gagner, pas forcément des courses mais l’estime de mes entraîneurs. Lorsqu’on est jeune, le moindre compliment aide à la reconnaissance ». C’est plus de vingt ans plus tard que tout se joue, en juillet 2015 lors de la course symbolique du meeting de Paris au stade France.

« Si la tête ne court pas, le reste ne suivra pas. Ma tête, je la connais, je sais de quoi elle capable. Je la connais tellement qu’il m’arrive encore parfois de lui tenir tête aussi »

Bloquée depuis des mois dans sa bulle aseptisée, touchée par un cancer, Anaïs lui avait demandé de « remettre ça » et de l’emporter pour elle : « Gagner à ce niveau après une blessure et des mois d’absence à la compétition, personne ne l’avait jamais fait. Mais aussi longue et douloureuse sera l’épreuve affrontez-là et ne la sous-estimez pas mais ne la laissez pas prendre le dessus ». À ne jamais rien lâcher tant que la ligne d’arrivée n’est pas franchie, tant que la maladie n’est pas vaincue, Christophe Chevaux a donc couru, jusqu’à sa ligne d’arrivée et devient champion du monde master de 800 mètres et de 1500 mètres en Australie, à Perth en 2016, entraînant avec lui la rémission de sa fille Anaïs qui s’engage à son tour dans une belle et prometteuse carrière d’athlète.

Un gamin d’quartier

Être « du quartier » c’est important, c’est tatoué en soi, c’est là que l’on grandit, que l’on découvre les choses de la vie entre camarade et dans l’entraide pour affronter les vrais challenges. Et c’est dans cet esprit que Christophe Chevaux, aujourd’hui père de trois enfants aujourd’hui âgés de 23, 18 et 13 ans, rend à son quartier de Saint Pantaléon tout ce qu’il a reçu. Après avoir créé un club basé sur des valeurs humaines, pour faire découvrir le sport à des femmes et des jeunes surtout, en loisirs et en compétition, il créé une association sportive ou l’insertion professionnelle prend tout son sens aux côtés de l’AFPA via la Ligue Enseignement Saône Loire sur la promo 16-18 ans avec des interventions en direction du Centre Epide de Velet, le Centre d’Information Local sur l’Emploi et les Formations (Cilef) d’Autun, la ville d’Autun, Pôle emploi, les services de l’état et de nombreux partenaires institutionnels : « Je veux qu’il soient juste heureux et en bonne santé et qu’ils trouvent pour certains leur voie » résume Christophe.

Désormais marié à Sandra, elle aussi athlète internationale, Christophe Chevaux est de jour médiateur du pôle médiation de la ville d’Autun. Il consacre son temps et son énergie à l’insertion, l’accompagnement professionnel, la résolution des problèmes des plus jeunes. Le soir, le naturel revient et se remet dans le costume du « coach » sur la piste aux étoiles. « Si la tête ne court pas, le reste ne suivra pas. Ma tête, je la connais, je sais de quoi elle capable. Je la connais tellement qu’il m’arrive encore parfois de lui tenir tête aussi »