Richard Louis
Invités / Entretiens

Richard Louis

De la Loire au Sahara.

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Richard Louis
Devenu Richard Cœur de Lion pour les uns, Richard l’africain pour d’autres, Richard Louis cherche avant tout à sensibiliser chacun à la surconsommation. (Crédit : JDP)

« Afrique ou Loire ? Les deux mon adjudant, je peux y marcher pieds nus, le sable, c’est ma moquette des jours heureux ». C’est par ces mots que Richard Louis commence à se dévoiler et à évoquer son parcours, de son enfance sans père ni repères, de ses premiers rêves de gosse, et de ses plus belles réussites, de celles qui se partagent et donnent un sens à l’aventure. Après les désamours scolaires à répétition, Richard Louis se voyait star du ballon rond mais vouait aussi une adoration pour les soldats du feu et l’uniforme : « À douze ans, les garçons rêvent d’être footballeurs, militaires ou pompiers, moi c’était les trois à la fois ».

Le destin va se charger de choisir pour lui. Avec sa non sélection au Centre de préformation aux métiers du football de Louhans-Cuiseaux (71), c’est une porte qui se ferme mais qui l’envoie vers un autre chemin, celui qui le mène à l’école des pompiers militaires de Bourges qu’il intègre en 1994, pour ne quitter l’armée que 21 ans plus tard après un passage au Bureau des Sports de Marseille : « Les échecs, les premières défaites de la vie, c’est ce qui m’a permis de réussir à devenir qui je suis aujourd’hui, on ne perd jamais vraiment, on apprend à se connaître et à s’accepter » ; une vie rythmée par des opérations extérieures propices à forger un caractère ; Kosovo, Macédoine, Côte d’Ivoire et autant de missions logistiques qui lui offrent de découvrir le continent africain sans jamais lâcher sa passion première, le sport : « J’allais passer d’un raid à un autre avec évidence, après ma retraite militaire en 2016, retourner en Afrique m’était devenu indispensable, mais cette fois c’était en short et basket, sans le barda de troupier ».

Un Tom Sawyer de l’extrême

Photo de Richard Louis
Richard Louis (Crédit : JDP)

À son retour, il devient manager d’une salle de sport à Nevers puis président du club de football de Vauzelles, dans la banlieue de Nevers, sans toutefois perdre le goût des compétitions extrêmes et parmi elles, il choisit naturellement la réputée plus dure au monde : le marathon des sables, une épreuve mythique qui réunit chaque année près d’un milliers de coureurs de trente nationalités pour un périple de 200 kilomètres répartis en six étapes, au Maroc et dans le désert du Sahara.

C’est à cette occasion qu’il crée son association Mouvement Oxygène Aventure, destinée à aider ceux qui se trouvent aux portes d’un défi sportif… et donner un sens à ses folies parmi lesquelles la Fuerteventura en 2018, la traversée de la jungle du Costa Rica en 2020 ou la course du Kenya en 2021, pendant laquelle il distribua cinquante kilos de fournitures scolaires portés chaque jour dans un sac à dos. C’est là, vidéo au poing, en traversant les villages, courant, accompagné par les enfants qu’il décide de créer l’action « Pieds Nus », afin de récolter des chaussures pour les redistribuer lors de prochains raids sportifs en Afrique. Les points de collectes sont référencés sur sa page Facebook Mouvement Oxygène Aventure :

« Ma mère me prend pour un fou, elle a raison, elle me connaît bien ! »

Devenu Richard Cœur de Lion pour les uns, Richard l’africain pour d’autres, Richard Louis cherche avant tout à attirer l’attention sur ce qui est nécessaire : « Grâce à mes partenaires et soutiens financiers, je visite chaque année un pays différent pour les chaussures du bout du monde ». C’est ainsi qu’en novembre 2022, il termine les 42 kilomètres du Marathon de Nevers la plante des pieds à vif, sans peau mais tout sourire, dit-il parce que c’est, selon lui « pour la bonne cause » : « Quoi de plus symbolique que de courir ici, en France quelques épreuves moi aussi nu-pieds pour sensibiliser chacun à la surconsommation qui nous fait stocker de l’inutile pour nous et de l’utile pour d’autres ? »

Son prochain défi, The Tracks : la traversée de l’Australie en diagonale, 500 kilomètres en autonomie. En chaussures cette fois mais il n’oublie pas le petit marinier qui vit en lui, amoureux de la Loire, de Nevers à Saint-Nazaire, et de ses fêtes, qui lui permettent de fouler le sable ligérien… Pieds nus bien sûr ! : « La vie n’est faite que de noces et de deuils. Il faut savoir apprendre des deux. »