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Sénatoriales : trois sièges à pourvoir dans la Marne

Elections. Les 1 613 grands électeurs marnais sont appelés à élire trois nouveaux sénateurs le dimanche 24 septembre prochain parmi les candidats issus des six listes en présence.

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Photo du sénat
(Crédit : Shutterstock)

Dimanche 24 septembre, les grands électeurs marnais vont voter pour réélire leurs trois sénateurs. Un scrutin inédit dans le département puisque les trois sénateurs sortants, René-Paul Savary, Françoise Férat et Yves Detraigne ne se représentent pas à leur propre succession. Trois fauteuils vacants donc, et des appétits qui s’aiguisent du côté des prétendants. Issus d’une liste commune de la droite et du centre, les trois sortants soutiennent les candidats à leur succession, mais en ordre dispersé.

Ainsi, Françoise Férat et René-Paul Savary ont ils apporté leur soutien immédiat à la liste emmenée par Christian Bruyen. à 64 ans, le président du Conseil départemental de la Marne peut aussi compter sur l’appui du député marnais Charles de Courson et au niveau national du président du Sénat Gérard Larcher et du président des Maires de France David Lisnard. Pour celui qui a été notamment maire de Dormans pendant 16 ans et élu départemental pendant 22 ans, dont 6 ans en tant que président, il est temps « de mettre à profit cette expérience globale au niveau local pour la Marne au niveau national. Le Sénat est composé majoritairement d’élus locaux - ce qui n’est plus le cas à l’Assemblée nationale - et c’est utile à la démocratie ».

Destiné à s’inscrire dans la majorité sénatoriale actuelle présidée par Gérard Larcher, Christian Bruyen espère faire le plein de voix pour emmener avec lui un et pourquoi pas deux co-listiers au Palais du Luxembourg. « L’enjeu de cette élection c’est de savoir si les grands électeurs veulent renforcer le pouvoir présidentiel et gouvernemental en place ou, en nous élisant, apporter un équilibre et une force au Sénat qui aurait la capacité d’amender les propositions de la majorité en place et les choix imposés de manière trop verticale », souligne-t-il.

« Aujourd’hui, quatre des cinq députés marnais soutiennent la Macronie. Avec trois sénateurs élus sur notre liste et un député, cela assurerait un équilibre dans notre département ». Pas question d’ailleurs pour lui de se laisser enfermer dans une image de tête de liste de la ruralité. « La campagne a besoin de la ville et la ville a envie de campagne », martèle-t-il, toujours à la recherche des équilibres. « Il y a six ans, le troisième siège s’est joué à quatre voix près, donc chaque voix compte et il n’y a qu’un seul tour », rappelle-t-il inlassablement lors de chacune la quarantaine de rencontres organisées dans les communes marnaises depuis la fin août.

La droite et le centre favoris

Le troisième sénateur sortant, Yves Detraigne, a quant à lui manifesté son soutien à la liste Horizons, emmenée par Cédric Chevalier, 50 ans, directeur général d’un groupe mutualiste, maire de Saint Léonard et conseiller régional. Arnaud Robinet, maire de Reims, Catherine Vautrin, présidente du Grand Reims, Benoist Apparu, maire de Châlons, et les députés marnais Laure Miller, Lise Magnier Eric Girardin et Xavier Albertini se sont eux aussi exprimés en faveur du candidat Horizons.

Pour Cédric Chevalier, qui a annoncé sa candidature dès le mois d’avril, l’objectif de cet engagement sénatorial relève de sa volonté d’accompagner les élus locaux dont il connaît les attentes, dans ses fonctions de maire, mais aussi au travers des rencontres réalisées au cours de cette campagne. « Il y a une vraie attente de la part des élus qui aujourd’hui veulent de la simplification et des moyens financiers. Les maires s’interrogent aussi beaucoup sur leur rôle au regard notamment des attentes de nos concitoyens qui sont de plus en plus fortes. On sent une vraie lassitude et une forme de démobilisation », explique Cédric Chevalier qui souhaite donc, s’il est élu, mettre son mandat au service de l’accompagnement des élus.

« Plus on recréera du lien, mieux on luttera contre leur isolement. L’objectif c’est que le réflexe de l’élu local soit d’appeler son sénateur ou sa sénatrice pour faire remonter ses attentes », insiste celui qui vise, avec sa liste, un voire deux sièges de sénateurs.

« Avoir deux sièges serait idéal car le deuxième reviendrait à Elisa Schajer, qui est châlonnaise. Or, Châlons n’a pas eu de sénateur depuis Léon Bourgeois. Cela permettrait d’avoir un équilibre sur le territoire », poursuit le maire de Saint-Léonard, qui refuse d’endosser l’étiquette trop réductrice du candidat du territoire rémois que ses adversaires veulent lui coller. « Il ne faut pas monter les territoires les uns contre les autres, au contraire, tous les secteurs ont un rôle à jouer, en complémentarité ».

Au regard de la tradition marnaise d’envoyer des candidats gaullistes et centristes au Palais du Luxembourg, le scrutin de dimanche prochain pourrait donc tourner à un duel entre la droite républicaine et le centre, face à la droite de la majorité présidentielle, emmenée par le parti Horizons. Un duel presque fratricide tant les deux listes sont composées et soutenues par des élus issus parfois des mêmes équipes municipales.

Ainsi a-t-on pu apercevoir, lors de la réunion de soutien de Gérard Larcher, Président du Sénat, à Christian Bruyen à Sézanne le 6 septembre dernier, plusieurs élus de la majorité municipale rémoise parmi le public. Une perméabilité entre les deux camps qui n’a rien d’étonnant puisque de nombreux élus Horizons sont issus des rangs des Républicains, à commencer par leur chef de file national Edouard Philippe.

Quatre candidats pour une surprise

à moins qu’un des quatre autres candidats ne joue les trouble fête et séduise suffisamment de grands électeurs pour venir grappiller un poste de sénateur. Sur la ligne de départ, la conseillère régionale RN Anne-Sophie Frigout, 32 ans, figure en bonne position pour venir bousculer la hiérarchie historique dans le département.

Elue députée en mai 2022 puis battue par Laure Miller en janvier 2023 suite au recours déposé par cette dernière, la cheffe de file du Rassemblement National dans le département aura sans doute à cœur de prendre une revanche en surfant sur le sentiment d’abandon et de mécontentement des élus ruraux, évoqué par tous les candidats, pour tenter d’intégrer le Sénat.

À gauche, l’absence de consensus au niveau national a créé de la division au niveau local. Le conseiller régional et ancien adjoint rémois Eric Quénard, 51 ans, présente une liste estampillée Union de la gauche et voit dans le contexte national mais aussi local une opportunité d’intégrer le Sénat par le biais d’un renouvellement complet. « Pour la première fois depuis 20 ans, aucun des trois sénateurs ne se représente », souligne-t-il.

« Nous voyons qu’avec la remise en cause de certains principes qui ont fait la décentralisation, comme la libre administration et l’autonomie financière des collectivités locales, les élus veulent aujourd’hui faire confiance à des gens qui porteront ces idées au Sénat ».

Pour Eric Quénard, le Sénat devra plus que jamais venir en soutien des élus locaux plongés dans une crise de confiance. « Il y a un effet ciseau entre les attentes croissantes de la population et la diminution des recettes. Cette élection est l’occasion d’évoquer la place des collectivités dans la Nation ».

Maxence Laurent s’est quant à lui lancé à la tête d’une liste La France Insoumise. Faute d’accord entre les différents partis de gauche au niveau national, pas de liste estampillée Nupes donc. « C’est une grosse déception de la part de LFI puisque nous sommes des artisans de l’unité », souligne l’aide-soignant de 31 ans domicilié à Vertus. Dans un département où la gauche peine à percer, ce dernier mise sur le rejet du personnel politique.

« Ce qu’expriment les élus en secteur rural c’est leur volonté d’élire des gens comme eux, des travailleurs, des gens en prise avec la réalité », estime-t-il. Arrivé en troisième position dans la 5e circonscription de la Marne lors des dernières législatives, il veut croire qu’un élan s’est créé, auprès de nombreux élus sans étiquette, qui seraient prêts à renverser la table. « C’est crédible, ma candidature peut les intéresser ».

Enfin, la sixième liste à s’être inscrite avant le 8 septembre dernier, date de clôture des dépôts est une liste écologiste portée par l’Ardennaise de 41 ans, Juliette de Causans, enseignante et juriste.
Un choix de plus pour les 1 613 grands électeurs marnais, pour ce scrutin à un seul tour.