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Une résidence pour retraités rachetée grâce à un legs

Rachat. Le village de Tupigny rachète sa résidence pour retraités à Clésence grâce à un legs considérable.

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Photo d'une enveloppe contenant un testament
(Crédit : DR)

« La vente sera signée dans les prochains jours », confie Jean-Luc Egret, le maire de Tupigny, au nord de Guise. Au terme de discussions serrées avec le bailleur social Clésence, le rachat de la maison de retraite Marpa a été conclu en début d’année. Il est rendu possible par le legs effectué naguère par un habitant du village parti au Maroc et revenu finir sa vie ici, fortune faite. à son décès, en 1978, le village, apprit qu’il en avait fait son héritier. Il a donné son nom à une rue et au stade municipal.

Cependant, Albert Egret – grand-oncle du maire actuel, écarté comme toute la famille de l’essentiel de la succession – avait, dans son testament, mis des conditions drastiques. Pendant 99 ans, la municipalité ne pourrait pas toucher à la somme, considérable pour l’époque, de 120 millions de francs, elle aurait à se contenter des intérêts, qui représentaient tout de même 4 fois son budget annuel.

Elle devait par ailleurs entretenir l’église et les équipements sportifs, prendre soin des anciens et fleurir le village. Le pactole placé en « bons du Trésor » a vu peu à peu son rendement décroître, grignoté par l’inflation. 40 ans plus tard, les intérêts n’étaient plus d’un grand secours pour la commune. Ce que la commune a fait valoir, en 2022, devant le tribunal de Saint-Quentin pour se voir autorisée à utiliser le capital gelé bien avant terme. Pour cela, elle a mis en avant un « investissement immobilier », le rachat et l’agrandissement de la résidence pour senior financée et gérée par Clésence.

Une résidence pour seniors appréciée

« Le tribunal nous a donné raison sur le fond, se souvient le maire de Tupigny, mais tort sur l’emploi que nous voulions en faire. Il trouvait le projet pas très clair. » La municipalité a soigné son dossier, négocié avec Clésence et fait appel. En décembre dernier, la Cour d’appel d’Amiens a validé l’attribution anticipée d’une partie du legs d’Albert Egret et l’usage que compte en faire la commune. La maison de retraite Marpa, située au milieu du village, comprend 17 studios, dont trois pour deux personnes.

Ils bénéficient presque tous d’une terrasse plein sud. On n’y accède qu’en passant par le filtre d’une liste d’attente. Il faut dire que le loyer est vraiment attractif. À 1 750 € par mois tout compris, avec repas cuisinés sur place, animations variées et personnel de jour et de nuit, il se situe nettement en dessous de la moyenne dans sa catégorie. En récupérant la gestion, la commune pourra également garantir l’avenir de la résidence.

Investissement dans les éoliennes

Cet avenir passe aussi par son grandissement. 5 nouveaux studios vont être construits, à la suite de la décision de la cour d’appel. Reste cependant à financer les études préalables à l’édification. Pour cela, la commune va s’inscrire dans le dispositif « Villages d’avenir », auquel elle peut prétendre. La municipalité saisit les opportunités qui se présentent. L’an dernier elle a inauguré, avec le village voisin de Grand-Verly, le parc éolien de La Voie Verte, formé de 6 éoliennes. Au titre des « mesures compensatoires », VDN Group, constructeur et gestionnaire du parc éolien, a fourni un véhicule électrique à la commune et pris partiellement en charge l’isolation des bâtiments municipaux. à partir de sa 2e année d’exploitation, la Voie Verte génèrera 68 000 € de rétribution pour Tupigny et 60 000 € pour la communauté de communes Thiérache Sambre et Oise. Le parc éolien devrait être un peu agrandi. Mais le maire, souvent sollicité, refuse les autres projets. Il s’intéresse maintenant à la méthanisation et au photovoltaïque.