Florent Striffling
Invités / Entretiens

Florent Striffling

Des soldats de plomb à la gravure sur métal.

Lecture 7 min
Photo de Florent Striffling
Désormais entrepreneur, Florent Striffling se lance dans une troisième vie professionnelle après avoir été dans l’armée et travaillé dans le secteur privé. (Crédit : La Gravure Industrielle)

« Dijon a toujours été ma ville de cœur. » L’entretien débute avec ses mots de Florent Striffling, le récent repreneur de la Gravure Industrielle, située à Longvic. Bien qu’il soit né à Versailles, ce quarantenaire se souvient de ses vacances passées chez ses grands-parents en Côte-d’Or mais aussi de ses quelques années d’étude dans la capitale des ducs, au lycée et en prépa à Carnot.

« Mon arrière-grand-père était le général Henri Giraud, personnage dijonnais illustre de la Seconde Guerre Mondiale. La famille de ma mère venait de ce milieu militaire. Je voyais les vitrines avec les décorations, je jouais aux soldats de plomb, … ça a participé à mon envie de rejoindre cette carrière tout comme le scoutisme qui m’avait donné le goût de la nature et de l’extérieur. » En 1998, il intègre Saint-Cyr et choisit l’infanterie pour toucher sa dimension de terrain. En école d’application de l’infanterie à Montpellier, il opte pour le régiment de la légion étrangère.

« Je voulais être chez les meilleurs. Il s’agit d’un régiment exigeant qui répondait à mes attentes tout en ayant un côté opérationnel et la possibilité de se projeter à l’étranger. »

Pendant sept ans, il se rendra sur différents théâtres d’opérations de l’Armée française, de Djibouti à la Côte d’Ivoire en passant par la République Centre Africaine, devenu capitaine à la tête d’une compagnie de 150 à 200 hommes.

Sur un autre terrain d’opération

Après un an en camp d’entrainement au combat en zone urbaine, Florent Striffling rend finalement armes et insignes en 2010. « J’avais besoin de concret. A l’armée, on s’entraine à faire la guerre mais je ne l’ai pas faite. Je voulais voir l’impact du management sur les résultats, je voulais aussi me sentir maitre de mon parcours plus que je pouvais l’être dans l’armée. »

Il passe un an à l’Institut européen d’administration des affaires (INSEAD) de Fontainebleau et obtient son MBA avant de rejoindre le monde de l’entreprise. Au sortir de l’école, il intègre Alstom. « Il y avait une logique pour moi de servir un industriel français renommé. J’y ai retrouvé l’esprit d’entraide, de camaraderie mais aussi l’occasion de montrer le savoir-faire français à l’international. »

Au sein de la branche énergie et en particulier de la maintenance des alternateurs, il grimpe les échelons sur le site de Belfort jusqu’à devenir responsable des projets de maintenance des alternateurs avec une vingtaine de chefs de projet et leurs équipes sous sa responsabilité. Muté à La Courneuve en région parisienne, il prend du grade mais ne se reconnait pas dans la culture américaine mise en place quand Alstom passe sous la coupe de General Electrics.

Devenir une pièce maitresse

« J’ai eu l’opportunité de reprendre une unité commerciale chez ORTEC, une entreprise française de taille intermédiaire qui intervient par des services en ingénierie et travaux. » Deux nouvelles années en région parisienne, avec la difficulté de concilier vie professionnelle et vie personnelle, le conduisent à quitter son poste, à contre cœur. Père de cinq enfants, Florent Striffling passera un temps chez GazelEnergie avant de définitivement quitter Paris et ses environs.

Accompagné pour un reclassement, il ne tarde pas à réaliser que sa voie n’est plus dans des postes de direction au sein d’entreprises d’importance.

« Jusque-là, j’étais une pièce dans un grand projet. Je préférais devenir un chef, une pièce maitresse, dans un plus petit projet. »

L’idée de reprendre une entreprise devient une évidence. Alors qu’il cherche en Bourgogne, de préférence à proximité de Dijon où son épouse et lui ont gardé des attaches, le hasard lui permet de rapidement découvrir chaussure à son pied. La recherche engagée en avril 2022 aboutit par une reprise officielle en novembre 2022.

Une autre façon de conduire son équipe

« La Gravure Industrielle cochait tous mes critères ! » se réjouit-il. La taille de l’entreprise avec 14 salariés, l’activité de production pour concevoir quelque chose de concret, un potentiel d’amélioration, le secteur de la métallurgie… Florent Striffling est séduit. Désormais industriel à la tête d’une PME, avec son équipe, plus riche de deux collaborateurs en attendant de pourvoir les deux postes encore ouverts, il fabrique des plaques de métal pour les industriels en y intégrant de la gravure ou de la sérigraphie.

Photo de Florent Striffling
(Crédit : La Gravure Industrielle)

De la pièce unique à 10 000 pièces, la Gravure Industrielle répond à tous les secteurs d’activité, du transport au médical en passant par l’énergie ou l’alimentaire. Le chiffre d’affaires 2022 de 1,3 million d’euros devrait atteindre 1,5 million d’euros en 2023. Le nouveau dirigeant porte plusieurs projets, le premier étant que son établissement s’aligne sur les dernières normes environnementales. Le second consiste à se tourner vers de nouveaux clients, en s’imposant auprès de grands groupes.

« Nous avons 350 clients mais seulement 5 sont des groupes internationaux ou des filiales. Certains clients ne commandent qu’une fois par an, je voudrais apporter plus de régularité. » Après avoir investi 250 000 euros en moins d’un an pour moderniser le site et l’outil de production, l’entrepreneur prévoit de poursuivre sur sa lancée pour que l’entreprise, âgée de 87 ans, devienne une centenaire rajeunie.