Collectivités

Du solaire en circuit court

Énergie. Sur une partie de terrain délaissée de l’aérodrome de la communauté de communes de Pouilly-en-Auxois et Bligny-sur-Ouche doivent se développer près de 20 hectares de panneaux photovoltaïques. Ce nouvel apport d’énergie verte viendra alimenter une boucle locale de l’électricité unique en France lancée en 2016.

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Photo de Yves Courtot et Marie-Guite Dufay
Yves Courtot, président de la communauté de communes de Pouilly-en-Auxois et Bligny-sur-Ouche présente à Marie-Guite Dufay, présidente de la région Bourgogne Franche-Comté le projet de parc solaire sur des parcelles délaissées de l’aérodrome de Pouilly-Maconge. (Crédit : JDP)

Le mercredi 14 février, Marie-Guite Dufay, présidente de la région Bourgogne Franche-Comté était en visite sur la communauté de commune de Pouilley-en-Auxois et Bligny-sur-Ouche, Yves Courtot, son président, ayant souhaité lui présenter son dernier projet vert : celui d’une centrale photovoltaïque d’une capacité de production annuelle de 23,5 GWh, soit l’équivalent de la consommation annuelle de 4.960 foyers.

Il faut dire que la collectivité, labellisée Territoire à énergie positive (Tepos) depuis 2013 est plus qu’exemplaire en matière de transition énergétique. Sur son territoire, on dénombre notamment trois parcs éoliens. La future centrale solaire trouvera d’ailleurs sa place au milieu de cet environnement dédié à l’exploitation du vent.

Une électricité pour et par le local

Située sur des parcelles délaissées du site de l’aérodrome de Pouilly-Maconge, appartenant à la communauté de communes, elle occupera une surface de 19,78 hectares. La puissance installée sera de 21,3 mégawatts pour plus de 40.000 panneaux photovoltaïques au sol. « Les premières démarches de réflexion ont été menées en 2019 », précise Yves Courtot. « La communauté de communes a souhaité garder la main sur le choix du meilleur candidat pour réaliser le projet. Nous sommes donc passés par un Appel à manifestation d’intérêt (Ami) ce qui est une démarche plus rare pour ce type de réalisation ».

En novembre 2021, la collectivité sélectionne le binôme SEML Côte-d’Or énergie et GEG EnR (la filiale énergies renouvelables de société d’économie mixte Gaz électricité de la métropole de Grenoble). La communauté de communes s’associe au travers d’une société de projet à ce duo selon la répartition suivante : 40 % pour la SEML COE, 40 % pour GEG EnR et 20 % pour la collectivité. En janvier de cette année un permis de construire est déposé. La durée de vie du parc est estimée à 30 ans et l’investissement est d’environ 20 millions d’euros.

« Ce nouveau projet, baptisé parc photovoltaïque du toit du monde occidental, s’inscrit dans un objectif d’autosuffisance énergétique qui passe par une expérimentation unique en France de boucle locale d’énergie que nous avons initiée en 2016. L’objectif est d’acheter directement au producteur l’électricité verte produite localement. Nous avons déjà mise en place deux centrales photovoltaïques en toiture sur des bâtiments publics pour alimenter 17 autres bâtiments de la communauté de communes. Il s’agit de permettre à notre collectivité d’accéder à l’énergie produite sous nos yeux et de conserver ainsi la valeur créée grâce aux ressources renouvelables dont nous disposons », explique Yves Courtot.

Si on ajoute ses parcs éoliens, la collectivité produit ainsi 232 % d’énergie en plus que ce dont elle a besoin. Quatre marchés d’innovation ont été signés en décembre 2020 par la communauté de communes de Pouilly-en-Auxois et Bligny-sur-Ouche, les mairies de Bligny-sur-Ouche et Vandenesse-en-Auxois et le SIVOS de Bligny-sur-Ouche.

Ces marchés publics innovants de fourniture d’électricité en circuit court sont opérés par la société Selfee, opérateur d’équilibre local, incubé dans le cadre de la démarche d’innovation nationale initiée conjointement avec une dizaine d’autres collectivités françaises. Ce partenariat a réuni une dizaine d’opérateurs (dont l’État, l’Ademe et le Siceco).

Associé à une stratégie innovante d’achat public, il constitue aujourd’hui un levier fondamental de la transition énergétique, du développement des énergies renouvelables et de l’attractivité du territoire. « Ce qui se passe ici est unique, s’est enthousiasmée Marie-Guite Dufay. C’est un exemple qui illustre parfaitement que c’est bien du terrain que le combat pour la transition énergétique peut-être le plus efficace ».

Des rucheset des haies écologiques

L’exploitation du site est prévue pour 2026. Durant les travaux et la durée de vie du parc, diverses mesures en faveur de la biodiversité seront mises en place : compensation des zones humides sur le bassin versant de l’Ouche (fossé de remembrement à boucher pour réhumidifier la parcelle ; rebouchage de drains…), mise en place d’un suivi écologique de chantier, gestion des produits polluants, optimisation de la date de démarrage des travaux, pas d’artificialisation des sols (repousse spontanée de la végétation), entretien du site (pâturage par des moutons et non broyage/débroussaillage manuel), mise en place de ruches et de haies paysagères et écologiques tout autour des installations.

Même si le futur parc photovoltaïque ne s’implante pas sur des terres agricoles, depuis plusieurs années quatre agriculteurs y récoltaient 1.000 tonnes environ de foin. Une mesure de compensation collective agricole a ainsi été estimée à 31.200 euros.