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Le premier bilan de l’Opération Place Nette XXL avec Gérald Darmanin

Territoire. Soixante-douze heures après le lancement du programme « Place nette XXL », le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, vient constater les premiers efforts dijonnais.

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  • Photo de Gérald Darmanin, François Rebsamen, Didier Martin, François Patriat et Franck Robine
    De gauche à droite : Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, François Rebsamen, maire de Dijon, Didier Martin, député de la première circonscription de Côte-d’Or, Franck Robine, préfet de Côte-d’Or et François Patriat, sénateur de Côte-d’Or. (Crédit : JDP)
  • Photo du quartier de la Fontaine d'Ouche
    Le quartier de la Fontaine d’Ouche, à Dijon. (Crédit : JDP)

Le jeudi 28 mars, dans le quartier de la Fontaine d’Ouche, des dizaines de forces de l’ordre arpentent les rues. Pas de drame ce jour, mais une visite ministérielle en réponse au programme « Place nette XXL » mis en place à Dijon depuis le début de la dernière semaine du mois de mars. Pour le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et les élus locaux, il est l’heure d’établir le premier bilan d’une opération qui durera « plusieurs semaines et s’il le faut, plusieurs mois, appuie le ministre. Les moyens sont donnés au préfet pour tenir très longtemps sur le territoire. C’est un travail qui relève d’une forme de chimiothérapie d’un cancer qu’est la drogue et qui a prouvé son efficacité, notamment à Marseille ». À Dijon, Place nette XXL semble, pour le moment, répondre aux attentes. « L’objectif judiciaire était fixé à 64 personnes prédéterminées interpellées : à date, nous avons déjà 67 interpellés (dont un quart est mineur, ndlr), auxquels on ajoute les opérations de voies publiques et les contrôles de flux en flagrance qui ajoutent des interpellations, précise Olivier Caracotch, procureur de la République de Dijon.

Les cibles prédéterminées sont des personnes ancrées dans la délinquance, souvent jeunes et avec des antécédents judiciaires. Les autres personnes interpellées sont plus “classiques” : de tous âge et parfois sans antécédent judiciaire ». C’est alors un premier bilan « satisfaisant » selon le préfet de la Côte-d’Or, Franck Robine, au-delà des objectifs initiaux. Ce-dernier salue par ailleurs « une réponse rapide faite par les unités de police judiciaire » suite aux actes de fusillade à Dijon, ayant entrainé les arrestations de 11 personnes. Pour François Rebsamen, maire de Dijon, « une telle opération était indispensable. Je souhaite qu’elle dure le plus longtemps possible pour en finir ».

Démanteler le réseau

Sur le plan national, 6 opérations Place nette XXL ont été déployées. Le 28 mars, le bilan français s’élevait à 1.357 interpellations – dont 751 personnes “objectifs judicaires” pré-ciblés par les magistrats et les services de police. « Nous mettons durablement de côté des trafiquants notoires, se félicite Gérald Darmanin. Nous devons rendre le calme, l’ordre et la paix publique aux quartiers populaires qui subissent les trafics ».

Dans cette logique, François Rebsamen insiste sur sa volonté de pénaliser les jeunes guetteurs qui alertent les délinquants en cas de présence policière, souvent mineurs et difficilement condamnables. « Le Code de justice pénale des mineurs adopté récemment permet une réponse beaucoup plus rapide que par le passé avec un cadencement de la réponse du tribunal avec une déclaration de culpabilité, une période de suivi et le prononcé d’une peine en fonction des faits, de la personnalité et de l’évolution de la personne, répond Olivier Caracotch. C’est un vrai progrès dans la sévérité de la réponse ».

« Les trafiquants comprennent que nous sommes là et que nous faisons de nombreuses interpellations, constate Gérald Darmanin. On casse un modèle économique et on assèche leurs finances ». Pour le ministre de l’Intérieur, l’argent est une nouvelle fois le nerf de la guerre. « Tous les trafics sont imbriqués : les stups donnent les moyens financiers pour investir ailleurs, vers la prostitution, l’exploitation des mineurs, le terrorisme, les cambriolages organisés ; si on tape les stups on tape tout. » L’idée n’est donc pas seulement d’endiguer la circulation de drogues – « le département ayant la particularité de recevoir des flux du nord vers le sud avec notamment de la cocaïne, et des flux du sud vers nord avec du cannabis », rapporte Franck Robine -, mais bien d’attaquer un réseau criminel complexe et puissant.

Responsabilité du consommateur

Le ministre de l’Intérieur, conquérant, pointe également la responsabilité des citoyens indirectement concernés par la mesure Place nette XXL. « Fumer son joint, prendre son rail de coke, c’est participer à un trafic qui exploite les enfants, qui torture les personnes, qui crée des règlements de compte et qui finance le terrorisme, soutient-il. Tant qu’il y aura des consommateurs, il y aura de la drogue. La réponse à la drogue, ce n’est pas “plus de policiers” ; c’est une solution d’urgentiste. La réponse à la drogue, c’est que les Français se rendent compte qu’ils peuvent tous y contribuer en arrêtant de consommer du cannabis ou de la cocaïne, qui sont des produits non seulement très nocifs pour la santé, mais qui par ailleurs créent un système de mafia parallèle qui touche profondément des familles souvent populaires ».