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BelHYnov, étape importante dans la consolidation de la filière H2 BFC

Énergie. Mercredi 3 avril la station multimodale de production et de distribution d’hydrogène renouvelable a été inaugurée à Danjoutin. D’une capacité d’un mégawatt elle doit permettre d’éviter 3.000 tonnes de CO2 dès 2025.

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  • Photo de la coupure de ruban inaugurale
    Roland Jacquemin, président de la SMTC, Marie-Guite Dufay, présidente de la région BFC, Damien Meslot, président du Grand Belfort et maire de la ville, Christelle Rouillé, directrice générale d’Hynamics et Raphaël Sodini, préfet du Territoire de Belfort, au moment de la coupure de ruban inaugurale. (Crédit : JDP)
  • Photo de Roland Jacquemin, Marie-Guite Dufay, Damien Meslot, Christelle Rouillé et Raphaël Sodini
    Roland Jacquemin, président de la SMTC, Marie-Guite Dufay, présidente de la région BFC, Damien Meslot, président du Grand Belfort et maire de la ville, Christelle Rouillé, directrice générale d’Hynamics et Raphaël Sodini, préfet du Territoire de Belfort, en conférence de presse. (Crédit : JDP)

Sur le site de Danjoutin de la Régie des transports du Territoire de Belfort (RTTB), qui longe l’autoroute, un point d’étape important du projet hydrogène du Grand Belfort était inauguré mercredi 3 avril. Il s’agit de la station multimodale de production et de distribution d’hydrogène renouvelable BelHYnov. D’une capacité d’un mégawatt, celle-ci peut produire jusqu’à 400 kilogrammes d’hydrogène renouvelable par jour grâce à l’électrolyse de l’eau, l’électricité nécessaire au processus étant produite par un parc éolien de la région Grand Est appartenant à EDF. Cette seconde réalisation d’Hynamics, filiale à 100 % d’EDF, après celle d’Auxerre permettra de réduire les émissions de CO2 de près de 3.000 tonnes par an à partir de 2025.

« Actuellement sept bus du réseau de transport urbain Optymo alimentés en hydrogène fonctionnent depuis septembre grâce à cette station, confie Roland Jacquemin, président du Syndicat mixte des transports en commun, Autorité organisatrice de la mobilité du Territoire de Belfort. Cela représente déjà une économie annuelle de CO2 de 840 tonnes par rapport à la même flotte de bus classique. À l’horizon 2026, une augmentation de la capacité de production à deux mégawatts permettra de faire rouler 27 bus neutres en carbone soit 50 % de notre flotte. Aujourd’hui la station est en capacité d’alimenter 15 bus dont l’autonomie des piles à combustible est de 400 kilomètres, avec un temps de recharge de 16 minutes ».

Une station muti-usages

Ce projet s’inscrit plus largement dans la création d’un écosystème hydrogène territorial de grande envergure souhaité par le Grand Belfort. L’objectif : répondre aux besoins du territoire et constituer un relais de croissance important pour les industries de la région. « Nous portons l’ambition de devenir une capitale de l’hydrogène en étant présents sur l’ensemble de la chaîne de valeur, de la production jusqu’aux usages en passant par le stockage, explique Damien Meslot, président du Grand Belfort et maire de la ville. C’est ce que nous sommes en passe de réussir avec, notamment, les gigafactories de McPhy et d’Inocel, la start’up H2Sys, un centre de certification des réservoirs d’hydrogène, des bus à hydrogène et des expérimentations autour de l’usage de l’hydrogène dans les habitations. En embarquant un électrolyseur McPhy construit ici et alimentant les transports publics du territoire, la station à hydrogène BelHYnov illustre parfaitement ce cercle vertueux 100 % français et de proximité que nous développons à Belfort ».

« Quand BelHYnov, aura atteint les deux mégawatts, elle aura vocation à avitailler d’autres véhicules privés ou publics, tout en contribuant à l’approvisionnement en hydrogène de besoins industriels et à destination des laboratoires universitaires. C’est d’ailleurs dans cette optique que le site a été implanté à proximité d’une sortie d’autoroute afin de répondre aux enjeux européens des corridors TEN-T (Trans-European Transport Network) visant à développer des stations de distribution d’hydrogène le long des axes stratégiques avec une certaine régularité (tous les 150 kilomètres) pour encourager le développement des flottes de véhicules lourds, notamment des camions », appuie Christelle Rouillé, directrice générale d’Hynamics, actionnaire du projet à hauteur de 20 %, mais également présidente de la société BeHYnov qui porte les actifs de production, de distribution d’hydrogène et de maintenance de la station du Grand Belfort.

Cette structure mise en place en novembre 2022 associe la Banque des Territoires pour son compte propre (23,8 % d’apports) et pour le compte de l’État dans le cadre du programme « Territoires d’innovation » de France 2030 (23,8 %), Demeter, acteur européen majeur de l’investissement en capital risque (30,4 % via le Fonds de modernisation écologique des transports) et la société d’économie mixte patrimoniale Tandem (2 %).

Agir aujourd’hui pour demain

Pour la première phase les dépenses d’investissements représentent au total 13 millions d’euros pour l’infrastructure et les véhicules dont 6,25 millions d’euros de subventions de l’Ademe, 1,63 millions d’euros du programme européen Connecting Europe Facility - Transport et 400.000 euros de la région BFC. Les coûts d’infrastructures liés à l’extension de deux mégawatts seront portés par la société BeHYnov et subventionnés par l’Ademe. « 74 % des 413.000 euros de surcoûts liés à la transformation des bus classiques en bus à hydrogène sont pris en charge par des subventions, c’est une belle traduction du rôle et de l’efficience de la commande publique mais c’est également une exhortation à réussir l’industrialisation de cette filière pour que demain, le marché se suffise à lui-même et n’ait plus besoin de subvention, défend Marie-Guite Dufay, présidente de la région BFC.

  • Photo d'un bus à hydrogène près d'une borne de recharge
    Un bus à hydrogène près d’une borne de recharge. (Crédit : JDP)
  • Vue de drône de la station hydrogène BelHYnov
    Vue de drône de la station hydrogène BelHYnov. (Crédit : Idxprod)

« Nous sommes dans une région industrielle confrontée à de fortes mutations, notamment au niveau automobile, qui nécessitent de réfléchir à des voies de diversification. Avec l’hydrogène, nous creusons ce sillon de la diversification. Notre région se distingue dans le fait qu’elle ambitionne de devenir une composante essentielle d’une filière industrielle hydrogène complète, c’est en cela que l’on se distingue de beaucoup d’autres régions. Aujourd’hui tout cela est encore fragile mais la puissance de feu hydrogène est ici et si nous ne prenons pas aujourd’hui le train de l’avenir ce sera trop tard et nous serons obligés d’aller chercher les électrolyseurs à l’étranger comme nous le faisons déjà pour les panneaux solaires ».