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En Bourgogne Franche-Comté, la reprise se fait attendre

Conjoncture. Deux nouvelles études de l’Insee, dont l’une conjointe à l’Ursaaf indiquent que l’activité économique de Bourgogne Franche-Comté peine à se relancer.

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  • Graphique de l'évolution de l'emploi salarié
    Évolution de l’emploi salarié sur trois mois, jusqu’au dernier trimestre 2023 en Bourgogne-Franche-Comté. (Crédit : Insee)
  • Tableau sur l'emploi salarié
    Si l’emploi salarié ne progresse plus, cette stagnation est très contrastée selon les secteurs d’activité. Services et transports restent dynamiques et l’emploi dans l’industrie repart à la hausse. À l’inverse le commerce se contracte. Même disparité entre un secteur public qui gagne des emplois et un secteur privé qui évolue peu. (Crédit : Insee-Urssaf)

Alors que l’activité économique américaine tient bon avec une croissance du PIB de 2,5 % en 2023, la zone euro affiche un maigre 0,5 % sur la même année. « En Europe, l’activité est globalement étale depuis la fin 2022. L’Europe est restée exposée à des prix énergétiques élevés, bien qu’en repli, et pâtit des effets du resserrement monétaire. L’économie américaine y a été moins sensible, bénéficiant de puissants soutiens publics », explique Xavier Monchois, expert à l’Insee BFC.

Au sein de l’Union, la disparité est toutefois de mise : « si le moteur allemand a calé (-0,1 %), l’économie espagnole a poursuivi son rattrapage (+2,5 %), alors que France (+0,9 %) et Italie (+1 %) connaissent une situation conjoncturelle proche de la zone euro dans son ensemble ». Au niveau national justement, au quatrième trimestre 2023, l’Insee indique que la consommation des ménages s’est stabilisée tandis que l’investissement, des ménages comme des entreprises, a reculé. Le commerce extérieur a soutenu l’activité mais ce soutien provient, pour une large part, d’un phénomène de déstockage.

L’épisode inflationniste s’estompe : l’inflation est tombée à 3 % sur un an en février de cette année. L’emploi salarié a nettement ralenti en 2023, augmentant de 0,6 % sur l’année. Début 2024, le climat des affaires se situe un peu en deçà de sa moyenne de longue période. Les premières données disponibles pour janvier 2024 (notamment production industrielle et consommation des ménages) sont mal orientées et la croissance serait nulle au premier trimestre. L’amélioration de la consommation ne se traduirait dans la croissance qu’au printemps (+0,3 % prévu au deuxième trimestre 2024).

En Bourgogne Franche-Comté, la conjoncture suit peu ou prou celle de la France avec une activité régionale qui ne parvient pas à se relancer. « Si la hausse des prix s’atténue (l’inflation est désormais portée majoritairement par le prix des service), la consommation stagne et les conditions de financement pèsent sur les investissements des entreprises comme des ménages », précise Bénédicte Piffaut, experte à l’Insee BFC.

« Dans ce contexte, l’emploi salarié reste stable pour le cinquième trimestre consécutif se maintenant à un niveau élevé, soit 997.100 emplois salariés fin 2023, avec la création de 1.300 emplois sur un an (+0,1 %) et +930 emplois salariés (+0,1 %) sur le seul quatrième trimestre », développe Isabelle Wehr, responsable service statistiques de L’Urssaf Franche-Comté. Avec 196.100 demandeurs d’emplois inscrits en moyenne à France Travail au 4e trimestre 2023, le nombre de chômeurs progresse de nouveau légèrement (+0,9 %). Cette évolution est toutefois contrastée selon les départements et les différents secteurs d’activité. Ainsi, la Côte-d’Or (+0,4 % sur trois mois), le Territoire de Belfort (+0,4 %) et le Doubs (+0,3 %) gagnent des emplois alors que les autres départements en perdent ou restent stables. Les travailleurs frontaliers sont toujours aussi nombreux : près de 47.500 Bourguignons Francs-Comtois ont un emploi en Suisse au 4e trimestre 2023. L’emploi dans les services non marchands est dynamisé (+0,4 % sur trois mois) par les activités de la santé et l’hébergement médico-social.

L’emploi se stabilise dans la construction (-0,1 %) mais demeure en baisse dans l’immobilier. De son côté, l’emploi intérimaire s’inscrit à la baisse (-8,6 % sur un an, avec 790 salariés de moins). Même si la région résiste mieux que le national, la fréquentation hôtelière diminue et l’emploi dans l’hébergement-restauration s’oriente à la baisse. Les défaillances d’entreprises retrouvent leur niveau d’avant-crise et le nombre de créations reste à un niveau élevé (8.100 entreprises ont été créées dans la région au 4e trimestre 2023).