Collectivités

« Qu’on arrête d’emmerder ceux qui travaillent »

Agriculture. La deuxième édition du Forum des opportunités, portée par le département de Côte-d’or, avait lieu le 16 février à Talant. Pour les agriculteurs présents, l’évènement est l’occasion de découvrir nouveaux débouchés dans un contexte socio-économique et environnemental complexe.

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Photo de Fabian Ruinet, Frédéric Imbert, Vincent Lavier et François Sauvadet
De gauche à droite : Fabian Ruinet, maire de Talant, Frédéric Imbert, président d’AgroNov, Vincent Lavier, président de la Chambre d’agriculture de la Côte-d’Or et François Sauvadet, président du conseil départemental de la Côte-d’Or. (Crédit : JDP)

Alors que les agriculteurs ont mené la fronde face à l’exécutif – et menacent de reprendre le mouvement -, ceux-ci tentent de trouver des solutions pour stabiliser leur activité. « 43 exposantes et autant d’opportunités à saisir », c’est la promesse de cette deuxième édition du Forum des opportunités organisée par Conseil Départemental de la Côte-d’Or, la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or et le pôle d’innovation AgrOnov.

« Aujourd’hui, l’agriculture fait face à des enjeux divers, qu’ils soient climatiques, sanitaires, environnementaux, mais aussi des enjeux de marché, constate Vincent Lavier, président de la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or. Désormais, l’agriculteur ne doit plus être uniquement un producteur de denrées agricoles ; ce forum doit donc accompagner les réflexions de chacun pour consolider son système d’exploitation ».

Pour ce faire, le salon est organisé autour de quatre principaux axe : l’alimentation de proximité et la logistique, proposant de nouveaux débouchés commerciaux pour les productions agricoles et des solutions d’optimisation logistiques ; les filières, permettant de diversifier durablement les types de production (avec par exemple la mise en place de nouvelles cultures) ; l’énergie, pour concilier production agricole et énergétique de manière « cohérente et durable » ; et enfin la diversification d’activités, pour aider les agriculteurs à renforcer leurs revenus en s’ouvrant à de nouveaux métiers complémentaires.

Cette édition 2024 du Forum des opportunités permettait également aux agriculteurs - par le biais d’une conférence -, d’en savoir davantage sur le marché des crédits carbone et ainsi faire les choix pertinents pour leur exploitation.

« Ce forum traduit notre préoccupation d’améliorer les revenus des agriculteurs tout en construisant un modèle plus durable, explique Fabian Ruinet, maire de Talant. Nous sommes dans un département qui soutient véritablement les agriculteurs, contrairement à d’autres collectivités. Ceux-ci souffrent de réglementations insupportables. Pompidou disait qu’on arrête d’emmerder les français, moi je dirais qu’on arrête d’emmerder ceux qui travaillent ! »

Vers une crise alimentaire ?

L’évènement était aussi l’occasion de faire le point sur une agriculture qui souffre. « Cette manifestation a du sens, observe Vincent Lavier. Le principal sujet de fond avec l’agriculture est qu’il y a un problème identitaire : on parle sans cesse de souveraineté alimentaire, mais on n’a jamais été autant en train de la perdre. Il faut aussi sensibiliser, faire en sorte que ce que dit le citoyen soit ce que fait le consommateur ».

Pour le président du Conseil Départemental de la Côte-d’Or, François Sauvadet, il est temps d’agir. « Je ressens un sentiment de profonde injustice pour nos agriculteurs. C’est un métier qu’il faut considérer et pour lequel il faut redonner de la confiance à nos jeunes. On se rend compte que l’on va avoir devant nous un défi alimentaire, même s’il est parfois ignoré, déplore-t-il. La nouveauté aujourd’hui est que le changement climatique se fait de manière très accélérée ; cela pose question sur la capacité d’adaptation des espèces. Je pressens donc qu’il va y avoir une crise alimentaire. Chacun doit assumer ses responsabilités : l’État d’abord, mais aussi les consommateurs. Il nous appartient de ramener du sens et de la confiance en l’agriculture ».

Frédéric Imbert, président d’AgroNov – en charge de porter et accélérer l’innovation agricole –, se veut, lui, un peu plus rassurant : « Le monde agricole a toujours su s’adapter, d’abord au digital, mais aujourd’hui surtout aux changements climatiques et aux attentes sociétales. Par rapport à d’autres territoires, je peux dire que dans notre région, nous ne sommes pas en retard, et même très en avance sur certaines de ces questions ».