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Lab to Field : une croissance au galop !

Innovation. Mi-février, Marie-Guite Dufay visitait la start-up Lab to Field, basée à Créancey en Côte-d’Or. Spécialisée dans la recherche sur les liens entre nutrition et santé animale, elle a investi 1,7 millions d’euros en 2022 pour répondre à une croissance d’activité ininterrompue depuis sa création en 2012.

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  • Photo de Marie-Guite Dufay, Samy Julliand et Charline Desbois
    De gauche à droite : Marie-Guite Dufay, présidente de la région BFC, Samy Julliand, fondateur de Lab to Field et Charline Desbois, maire de Créancey. (Crédit : JDP)
  • Photo de Lab to Field
    Lab to Field possède six chevaux réformés des champs de courses, élevés ici en situation contrôlée. (Crédit : JDP)

Derrière Lab to Field, il y a Samy Julliand, ingénieur agronome de formation. Quand germe dans la tête du scientifique l’idée de créer sa propre structure de recherche, celui-ci travaille déjà dans les locaux qu’il occupe aujourd’hui à Créancey. Son employeur est alors Agrosup Dijon et son terrain de jeu, la plateforme de zootechnie créée en 2006. « Le site a spécialement été conçu pour conduire des projets de recherche, avec la présence d’une ferme expérimentale qui nous permet d’avoir un contrôle sur l’ensemble des paramètres extérieurs. Nous avons ainsi sur place les animaux, les prélèvements et les analyses : c’est une linéarité unique que bien des chercheurs nous envient », explique-t-il. « Ce que nous réalisons ici était très stimulant mais je cultivais une frustration grandissante dû au fait que les avancées scientifiques que mon équipe et moi portions ne rayonnaient qu’à travers des publications internationales, qu’elles n’étaient jamais exploitées par le tissu économique et institutionnel local ».

Ainsi, quand Agrosup émet le souhait de se défaire du site de Créancey, Samy Julliand propose de leur racheter les bâtiments pour créer, en 2012, Lab to Field (du labo au champ), tout en continuant de partager la ferme avec le pôle agricole de la chambre d’agriculture de BFC et en conservant un site sur le campus universitaire dijonnais où travaillent cinq personnes au travers de contrats cadres avec plusieurs instituts de recherche.

Pousser les murs

Spécialisée dans la recherche académique sur la digestion et le microbiote digestif animal, la start-up se construit très vite une expertise mondiale sur les liens existants entre alimentation, microbiote, digestion, performance et santé animale. D’abord axées sur la physiologie digestive équine, ces travaux ont ensuite été étendus à d’autres espèces comme les vaches et les cochons. La société en croissance de 40 % chaque année se structure en un groupe composé de trois entités, employant une dizaine de salariés qui habitent majoritairement sur le territoire de la communauté de communes de Pouilly-en-Auxois et Bligny-sur-Ouche. À Lab to Field, qui œuvre pour la filière agroalimentaire animal ou vétérinaire, s’ajoute, en 2016, Biossan qui touche à la santé humaine exclusivement.

Enfin, la Plateforme nutrition-santé-performance (PNSP) née en 2018, vient chapeauter le tout. « Fin 2019, nous en étions déjà à 80 % d’occupation des lieux. C’est à ce moment que j’ai identifié plusieurs menaces pour notre évolution et que nous avons lancé le projet Dopa pour développement et optimisation de la plateforme expérimentale. Un plan d’investissement de 1,7 million d’euros a été imaginé pour agrandir et équiper l’animalerie de la plateforme NSP et développer les laboratoires d’analyse sur site, ainsi qu’une salle d’accueil pour les formations (nous accueillons 400 vétérinaires et 50 équipes industrielles du monde entier chaque année). Il est également question de racheter à la chambre d’agriculture l’étable pour pouvoir l’utiliser toute l’année au lieu de seulement six mois aujourd’hui », expose Samy Julliand.

Nouvelle biotech

Ce projet qui est déjà réalisé pour moitié a reçu le soutien du plan France relance à hauteur de 500.000 euros pour le développement de l’outil de production. Une subvention régionale à hauteur de 50.000 euros et un emprunt bancaire de 950.000 euros complète le financement de l’entreprise qui compte passer de 15 à 30 personnes d’ici à 2026.

« Aujourd’hui, la problématique de l’étable n’est pas réglée et nous cherchons encore à nous agrandir pour pouvoir couvrir de nouvelles recherches sur le marché des bovins, qui est 40 fois plus gros que celui des chevaux, ainsi que sur le marché des porcs, dont le dimensionnement et encore plus important. Nous ambitionnons prochainement la création d’une nouvelle start-up qui sera incubée par DecaBFC et qui s’intéressera à la crise écologique et aux écosystèmes microbiens des sols et des animaux. Cette biotech sera hébergée ici et travaillera plus spécifiquement à ramener les fonctions perdues dans les sols et chez les animaux. L’idée est d’extraire dans le microbiote les bactéries qui portent les bonnes fonctions, créer ensuite un microbiote “synthétique” fonctionnel pour le réensemencer chez l’hôte ».