Entreprises

Les Neversois au secours de leur pommade

Santé. Après le Négus, la Misiderme, pommade « miracle » exclusivement fabriquée à Nevers disparait. Mais une (grosse) poignée d’irréductibles Neversois a d’ailleurs décidé de se mobiliser et interpelle l’ARS et les pouvoirs politiques locaux… jusqu’à la Ministre de la Santé.

Lecture 3 min
  • Photo de l'application de l'onguent
    (Crédit : DR)
  • Photo de l'onguent Camphre-Menthol
    (Crédit : DR)
  • Photo de la boîte de l'onguent Camphre-Menthol
    (Crédit : DR)

Avec la fermeture de la pharmacie de Nièvre à Nevers, c’est aussi la « Misiderme » pour la contraction du patois nivernais mets-y le sur le derme, qui disparait, une véritable institution neversoise qui allait fêter ses 80 ans. Pommade au camphre-menthol, la Misiderme, créée par Marcel Comte, un pharmacien morvandiau installé à Nevers en 1947 était « la pommade miracle » des nivernais et d’ailleurs, vendue dans toute la France.

Il faut dire qu’elle fut le couteau suisse de plusieurs générations : brûlures, migraines, entorses, hydratation, cette pommade vendue uniquement dans la pharmacie de Nièvre servait à tout. Mais voilà. Depuis la fin des années 2000, les députés ont voté une loi qui interdit aux pharmaciens de fabriquer et vendre leurs spécialités. Si Jean-Jacques Riblet, mari de la pharmacienne y voit « un coup des lobbyistes », l’adjoint à la santé de Nevers, Philippe Cordier, médecin-ophtalmologue se dit consterné par le refus de l’Agence Régionale de Santé (ARS) d’autoriser une autre pharmacie à reprendre la formule.

Un bout de patrimoine qui s’en va

Est-ce parce qu’elle était trop efficace ? En tous cas, la décision n’a pas plu à une poignée de Neversois qui se sont mobilisés. À l’annonce de cette disparition programmée fin décembre, Jacques Ansault, fondateur de l’agence ITI Conseil mais surtout du magazine Koikispass lance une pétition en ligne pour mobiliser les nivernais qui a déjà recueilli 3500 signatures : « On a collecté plus de 1000 témoignages d’utilisateurs. Les gens ne sont pas contents. Le but, c’est que les pouvoirs publics locaux s’emparent de ce sujet. ».

Pas contents non plus, les pharmaciens qui, sous le coup de la pétition, se sont retrouvés accablés de pommades : « 10000 tubes ont été vendus en deux mois. Les pharmaciens en préparaient jusqu’à cinq, six heures du matin ». Pour Jacques Ansault, la pommade est un patrimoine local : « On a déjà perdu le Négus parce que personne ne s’est mobilisé (spécialité de caramels inventée en 1902 et revendue à une chocolaterie industrielle tourangelle en 2013, NDLR). Les décideurs locaux, les députés, le maire, le conseil départemental et l’ARS doivent se mobiliser. On ne va pas encore perdre un bout de notre Nièvre qui se vend jusqu’à l’extérieur de notre département » et de conclure : « On ne lâchera pas ! ». Le malheur des uns faisant le bonheur des opportunistes, certains petits malins se sont mis à vendre des tubes à plus de trente euros sur les sites de vente en ligne.