Humeur

Hy(trop)gène ?

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Frédéric Chevalier (Crédit : DR)

En octobre 2021, la France lançait un plan hydrogène doté de neuf milliards d’euros, dont 65 millions pour la recherche, afin de permettre au pays de se développer dans l’hydrogène « vert », c’est-à-dire produit sans énergie fossile. En région, ce sont quelque 800.000 millions d’euros qui sont mobilisés pour faire sortir de terre un écosystème, de la production aux usages en passant par le stockage et la distribution, dédié à ce gaz pourvu de mille vertus. Car l’hydrogène est présenté comme la solution à tous nos problèmes énergétiques et climatiques.

L’élan est sans précédent. Le précieux élément chimique pourrait aussi être utilisé dans des piles à combustible pour décarboner les transports lourds (fret routier, maritime et aérien) pour lesquels la batterie électrique n’est pas mature ou comme solution de stockage d’énergie pour répondre aux besoins de flexibilité face à la demande croissante d’électricité. On l’évoque également directement brûlé dans des moteurs retrofités ou comme alternative au gaz de ville pour le chauffage des bâtiments. Il pourrait également être utilisé comme matière première dans la production de divers produits chimiques et hydrocarbures synthétiques…

Autant de débouchées que la Bourgogne Franche-Comté entend faire siennes pour redynamiser l’activité économique (et plus particulièrement le secteur automobile) et l’emploi (1.200 sont espérés à l’horizon 2025) d’un territoire en recherche d’attractivité. L’histoire de cette course dopée à l’H2 menée en BFC fait l’objet d’un dossier spécial de 13 pages dans cette édition. De cette filière construite ex nihilo beaucoup reste à faire, tant les technologies déjà mise en place demandent encore à passer l’épreuve du temps et de la réalité d’une utilisation hors labo. De même dans cette effervescence tous azimut des choix devront être faits. Pour exemple, sur la rénovation énergétique des bâtiments, les pompes à chaleur sont aujourd’hui jusqu’à sept fois plus performantes que les chaudières à hydrogène.

Sans compter qu’une récente étude conjointe des universités de Cambridge et de Reading et du National centre for atmospheric science (NCAS), indique que « toute fuite d’hydrogène liée aux activités industrielles affectera la composition atmosphérique - avec des implications sur la qualité de l’air - et aura un effet de réchauffement indirect sur le climat, compensant partiellement certains des avantages attendus de la réduction des émissions de dioxyde de carbone ». À méditer avant de se lancer plein gaz...