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Framatome : futur leader mondial du nucléaire ?

Energie. Incarnation de l’excellence française dans le domaine du nucléaire, le site Framatome du Creusot poursuit son expansion pour répondre aux nombreuses commandes nationales et internationales dont il fait l’objet, tout en procédant à la relocalisation de certaines activités.

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  • Photo de Robert Poggi, Laurent Gless, David Marti et Christian Bonneau
    De gauche à droite : Robert Poggi, directeur de l’action régionale du groupe EDF en Bourgogne-Franche-Comté, Laurent Gless, directeur de Framatome au Creusot, David Marti, maire du Creusot et Christian Bonneau, directeur du centre technique. (Crédit : JDP)
  • Photo des équipes de Framatome
    Les équipes de Framatome dans l’atelier inox en travaux. (Crédit : JDP)
  • Photo de l'atelier inox
    Une partie de l’atelier inox, datant de 1917, servira pour le stockage. (Crédit : JDP)
  • Photo d'une pièce forgée
    Exemple d’une pièce forgée. Elle est nécessaire à la production des EPR. (Crédit : JDP)
  • Photo de la boucle KOPRA
    Explication de la boucle KOPRA. (Crédit : JDP)

Pour faire face à une demande en EPR (réacteur pressurisé européen) croissante, le site Framatome du Creusot, filiale d’EDF, bénéficie d’investissements massifs pour le développement de ses pôles (notamment la forge et le centre technique) et prévoit l’ouverture prochaine d’un futur centre d’usinage. Ce sont en effet 100 millions d’euros - investis durant la période 2022-2026 - qui doivent notamment permettre la relocalisation en France de la production des cuves nucléaires et lancer la production d’un EPR tous les 18 mois ; un rythme soutenu puisque chacun d’eux nécessite 90 pièces forgées et 3 ans de production. « On veut être le leader mondial et accompagner le renouveau du nucléaire, lance Laurent Gless, directeur de Framatome au Creusot. On sait attirer, recruter, développer et garder. Nous avons un système qui marche ».

Riche de plus de 60 ans d’expérience, Framatome emploie 3.500 personnes en Saône-et-Loire (sur ces sites du Creusot et de Saint-Marcel, proche de Chalon-sur-Saône), faisant du département le « territoire équipementier du secteur nucléaire français », salue Robert Poggi, directeur de l’action régionale du groupe EDF en Bourgogne-Franche-Comté.

Le futur atelier inox

À quelques kilomètres de la forge, dans la zone d’activité Harfleur, l’ancien atelier de l’entreprise NFM, d’une surface de 13.000 mètres carrés, racheté il y a moins d’un an par Framatome, fait l’objet d’importants chantiers pour la firme nucléaire. « Ce bâtiment est l’atelier inox, précise Sébastien Guinot, chef de projet investissements industriels. Les travaux ont débuté le 30 octobre 2023, l’objectif étant d’accueillir du personnel dès 2025 et démarrer la production d’un EPR2 français en mai de la même année ». L’idée pour Framatome est de standardiser la production avec un travail en série pour appréhender au mieux l’enchainement des projets.

Dans l’atelier inox, Framatome implantera des activités de soudage, d’usinage, de contrôle ou de manutention pour la production de gros forgés. « Ces activités sont aujourd’hui faites à l’étranger. Au Creusot, la réindustrialisation permet la création d’une cinquantaine d’emplois directs, et plus d’une centaine à venir, assure Sébastien Guinot. Ce sont surtout sur des postes d’opérateurs et de techniciens d’usinage que l’on a du mal à recruter ».

Pour l’heure, l’entreprise attend la livraison de machines de pointe pour sa nouvelle usine, dont une fraiseuse de 50 mètres de long, 25 de large et 16 de haut. Une partie du bâtiment est par ailleurs réservée au stockage, « mais on garde la possibilité d’y installer des machines supplémentaires si besoin », nuance le chef de projet.

Le renouveau du centre technique

Un autre point majeur d’investissement est bien sûr le centre technique de recherches de Framatome - dont un tier de l’activité a lieu à Saint Marcel -, qui se voit doté au Creusot d’un nouveau bâtiment d’une valeur de 7,5 millions d’euros, complété par des investissements d’aménagement et d’équipement faisant grimper la note à un montant total de 20 millions d’euros (en plus des 100 millions d’euros annoncés).

« Framatome se développe, donc on se développe aussi, résume Christian Bonneau, directeur du centre technique. Nous avons encore des perspectives d’investissement de dizaines de millions d’euros ». Dans le nouvel édifice de 1.500 mètres carré, 26 mètres de haut et 8 de profondeur - nécessaire pour effectuer des essais grandeur nature, « on étudie la fatigue et l’usure mécanique et on teste des prototypes et du matériel à l’échelle grâce à la boucle KOPRA (voir photo, ndlr) pour les essais hydrauliques, avec de l’eau sous pression en circuit fermé. Ce sont des tests qui se faisaient initialement en Allemagne, mais que l’on renationalise pour affirmer notre souveraineté. Il s’agit d’un équipement clé pour la sureté nucléaire ».