Hommes et chiffres

Julie Blaise et son joli bouquet de valeurs

Commerce. À Avallon, on boit du thé équitable, on emporte du café torréfié maison, au milieu d’une jungle de fleurs et de plantes françaises dans ce tout nouveau café-boutique baptisé Le Repaire.

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Photo de Julie Blaise
(Crédit : Pierre-Emmanuel Weck)

Les habitants d’Avallon ont de la chance, surtout s’ils aiment le thé ou le café de qualité et équitables, achetés dans un environnement où se déploient des fleurs tout aussi équitables : il y a tout cela dans le café-fleuriste Le Repaire. Avec en prime, le sourire de Julie Blaise, la fondatrice et gérante du lieu qui a trouvé à y incarner les valeurs qui sont les siennes. Retour en arrière : ancienne chargée de marketing pour deux marques de cafés et de thés bios et équitables, elle se découvre l’envie « de torréfier moi-même les cafés de coopératives que je connaissais » dans une ambiance qu’elle rêve « végétale, sympa, un côté un peu luxuriant, un peu jungle ».

Son expertise portant sur les filières, elle remonte celles des fleurs et tombe des nues : « 85% des bouquets de fleurs achetés en France transitent quasi tous par la Hollande, mais sont cultivés au Kenya, en Équateur, en Colombie... Les fleurs sont coupées en moyenne dix jours avant d’être vendues et voyagent en avion. Elles contiennent en moyenne 25 engrais interdits à la vente en Europe ».

Pas question pour Julie de vendre de tels bouquets empoisonnés dont les clients ne sont d’ailleurs pas conscients ni de leurs conditions de production, ni de leur saisonnalité : « Autant les fruits et légumes, c’est rentré dans les mœurs, on sait qu’on ne mange pas de fraises ou de tomates en hiver, mais acheter des roses pour la Saint-Valentin en France, ça n’a aucun sens... car à cette période, aucune rose ne pousse chez nous ! Les roses de la saint-Valentin, elles ont poussé en Équateur, en Colombie et sont produites dans des conditions sociales et environnementales absolument atroces. »

Aider les porteurs de projets !

Julie Blaise commence par se former et passe ses diplômes de barista et de torréfactrice, mais aussi un CAP de fleuriste et cherche une ville pour accueillir son café-fleuriste. Sauf que... c’est l’année covid. L’activité commence donc d’abord sur les marchés et en ligne, avant l’ouverture à Avallon, à côté de la mairie dans un local de 100 mètres carrés. Repaire, car l’emblème de Julie est un renard et « c’est un jeu de mot, un lieu comme un point de repère où on sait que la patronne s’est posé des questions sur ce que l’on vend et on rencontrera des gens qui ont les mêmes valeurs ! »

Les cafés vendus par Julie sont torréfiés par ses soins (sur place ou à emporter), les thés sont à consommer sur place, les deux sont bios et équitables, les enfants ont même leur coin à eux. Quant aux fleurs elles sont « le plus locales possibles » : un peu du Var, de la Sarthe, d’Île-de-France, de Bretagne, de Normandie... et Julie a su convaincre des maraîchers locaux de planter pour elle des variétés de fleurs. En ce moment par exemple, place aux mufliers, aux arums, aux pivoines, aux tulipes ! Les plantes en pot sont au maximum françaises elles aussi, les plus exotiques venant d’Italie.

Si Le Repaire ressemble aux envies de Julie Blaise - elle a même embauchée une salariée qui a aussi été formée - elle regrette, comme beaucoup d’entrepreneurs, la difficulté de monter les dossiers d’aides, les délais ou les obligations parfois ubuesques pour les voir aboutir. C’est donc en grande partie sur fonds propres et avec une vraie aide de la municipalité d’Avallon que Le Repaire a pu tout récemment accueillir ses premiers clients...