Perrine Goulet, députée de la Nièvre
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Perrine Goulet, députée de la Nièvre

Dossier spécial égalité.

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Photo de Perrine Goulet
SA DEVISE : Pas de devise, mais deux guides : Simone Veil et Pierre Bérégovoy. « Deux parcours de gens qui ont vécu des choses difficiles, ou qui viennent de la base mais qui arrivent à percer malgré tout ».

La députée de la Nièvre Perrine Goulet est aussi présidente de la délégation aux droits des enfants à l’Assemblée nationale. Une évidence pour cette parlementaire qui a révélé en 2018, en hémicycle, son passé d’enfant placée : « Je n’avais pas regardé pendant vingt ans ce qui se passait dans ce secteur, mais en débutant mon mandat, je me suis aperçue que rien n’avait changé. Je décide de poser une question au gouvernement. Je suis assise à côté d’Aurore Bergé qui lit ma question et me dit : “je suis sûre que tu es concernée, maintenant il faut que tu ailles au bout”. J’ai changé ma conclusion au dernier moment ».

Cette prise de parole non préméditée s’inscrit immédiatement comme un « moment politique » et met en lumière le destin hors normes de la Nivernaise. Placée en foyer à l’âge de neuf ans suite au décès brutal de sa mère, elle va y connaître la violence, les humiliations. À 18 ans, elle arrête ses études pour faire des petits boulots. Elle rejoint ensuite EDF-GDF comme conseillère clientèle, job dont elle « fait rapidement le tour », intègre et réussit un BTS d’informatique et de gestion en cours du soir, enchaîne sur un master de systèmes d’information et devient cadre à EDF, à la centrale nucléaire de Belleville.

Là, l’envie d’être au plus près des postes de production la démange : elle rejoint le pôle logistique. C’est en 2017, lors de son meeting à Nevers qu’elle rencontre Emmanuel Macron et rejoint les rangs d’En Marche avant d’être investie comme candidate à la députation. « C’est comme ça qu’en 2017 j’arrive à l’Assemblée, pure société civile et jamais de mandat politique auparavant ». Réélue en 2020 sous étiquette Modem, Perrine Goulet peut se targuer d’avoir remporté quelques combats pour les droits des enfants, comme la généralisation des chiens d’assistance judiciaire qui rassurent les victimes lors des auditions ou des procès, des avancées « pour trouver des solutions autres que le placement pour les enfants », le regroupement des instances en charge de l’enfance protégée en une seule et cette délégation à l’Assemblée nationale.

« La délégation est une victoire qui affirme que l’enfant a des droits au même titre que les femmes, dont une délégation pour les droits existe depuis des années à l’Assemblée ».

Pas de devise, mais deux guides : Simone Veil et Pierre Bérégovoy. « Deux parcours de gens qui ont vécu des choses difficiles, ou qui viennent de la base mais qui arrivent à percer malgré tout ».

Reste à convaincre le Sénat, beaucoup plus réticent, afin de sanctuariser cette délégation qui a vu le jour grâce à l’appui de la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet. Quant à l’enfance, elle reste le combat de la vie de Perrine Goulet : « Le placement ne peut plus être la référence. Je plaide vraiment pour que l’on ait plus de soutien à la parentalité, plus d’accompagnement. Je vois les témoignages de la Ciivise sur des viols qui ont eu lieu il y a cinquante ans, moi j’ai encore des gamins qui se font violer par leurs parents aujourd’hui ! On n’investit pas assez sur la prévention ».

Quant à être femme en politique est-ce encore un combat ? « Il y a encore du boulot ! Le dernier gouvernement le montre bien : toutes les fonctions régaliennes sont aux hommes… On a de la chance d’avoir une présidente à l’Assemblée nationale, mais il faut se battre, tout le temps. Pour la présidence de la délégation aux droits des enfants j’ai fait face, à l’intérieur même de mon groupe, à des hommes… On a encore beaucoup de difficultés je trouve à passer ce fameux “plafond de verre”, il faut qu’on travaille plus que les hommes. Le jour où on mettra une femme incompétente à un poste, on saura qu’on a atteint l’égalité, pour l’instant, ce n’est pas le cas ! »