Frédérique Le Floch
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Frédérique Le Floch

Une reprise coup de cœur.

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Photo de Frédérique le Floch
Frédérique le Floch (Crédit : JDP)

L’industrie a toujours captivé Frédérique Le Floch qui y a naturellement fait carrière jusqu’à reprendre une entreprise. Depuis janvier 2022, elle a pris la direction de Lasertec pour qui elle a eu un véritable coup de cœur et porte de belles ambitions.

Petite fille, dans le Morbihan, Frédérique Le Floch accompagnait son père, responsable de production en usine, pour fermer le site. Cette plongée très jeune dans l’univers de l’industrie a suscité son intérêt même si plus tard, elle suivra d’abord les pas de sa sœur dans le marketing en réalisant un DUT techniques de commercialisation. Pour acquérir une vision globale de l’entreprise, elle poursuit avec une maîtrise des sciences de la gestion à Tours. « Européenne convaincue, je voulais maîtriser l’anglais et découvrir une autre culture. »

L’étudiante part donc un an en Norvège pour obtenir un Bachelor of International Communication. En 2004, la blonde élancée aux cheveux longs rentre en France pour enchaîner avec un Master 2 en ressources humaines et découvre Dijon. En janvier 2005, elle débute dans la vie professionnelle en tant que responsable RH au sein de la métallurgie de Venarey-Les Laumes.

« Je voulais travailler dans l’industrie, avec des machines, des hommes, du concret. » Six ans plus tard, elle souhaite se rapprocher de Dijon et intègre Amora-Maille à Chevigny-Saint-Sauveur en 2010. « Je suis arrivée après le plan de sauvegarde comme directrice des ressources humaines. La conduite du changement a été éprouvante, il a fallu reconstruire une cohésion entre les différentes équipes. » Elle quitte l’agro-alimentaire en 2013 pour évoluer dans la plasturgie.

Un défi à relever

Chez Benvic, désormais mère de deux enfants, elle occupe à la fois la direction des ressources humaines et le rôle d’adjointe à la direction de l’usine. Intégrée au groupe Solvay, l’entreprise se fixe un nouveau défi en devenant une entité autonome. « Il a fallu fédérer les salariés, rassurer sur la conduite du projet et se donner les moyens des ambitions. »

Au moment de la séparation, en 2014, Frédérique Le Floch est également en charge des ressources humaines pour les sites espagnol et italien. « C’était une belle aventure, enrichissante. Nous avons dû créer tous les process, recruter les fonctions financières mais aussi structurer et internaliser des services. » Le nouveau groupe connaît une belle croissance, amenant le fonds de retournement à la tête de l’entreprise à le vendre à un fonds d’investissement en 2016. « Je ne me suis pas retrouvée dans la stratégie de croissance rapide mise en place. Cette évolution ne me correspondait pas. »

Coup de cœur pour la reprise

L’idée de changer de voie prend peu à peu racine dans la tête de Frédérique Le Floch, désireuse de faire les choses à sa manière et de créer sa propre aventure entrepreneuriale. Réfléchie, elle pèse le pour et le contre, analyse ses options avant de quitter son emploi en septembre 2020. Elle envisage alors une reprise d’entreprise et se forme avec l’association CRA, spécialiste de la question.

« J’ai notamment travaillé sur une fiche de cadrage pour définir mon entreprise idéale. » La souriante quarantenaire détaille alors ses attentes : une industrie avec un savoir-faire et des compétences, un effectif de 30 salariés maximum, à 45 minutes au plus de Dijon et un produit auquel elle croirait. Pour trouver chaussure à son pied, Frédérique Le Floch visite des sociétés candidates à la reprise et consulte la base de données Diane pour lister les industries susceptibles de lui correspondre.

Elle finit par cibler une dizaine de sociétés du territoire et s’enquiert de savoir si les dirigeants envisagent de céder leur activité. Elle découvre la découpe laser dans une première entreprise qui n’est malheureusement pas à vendre. « On m’a parlé d’une autre société dans le domaine. J’ai pris le parti d’envoyer un courrier pour manifester mon intérêt. Cette lettre est tombée à point pour le cédant. »

Elle le rencontre en mars 2021. Entière, elle n’hésite pas longtemps, séduite par tous les aspects de Lasertec, 32 ans d’existence. En juillet 2021, elle s’engage à reprendre l’entreprise en janvier 2022. « J’ai eu un coup de cœur pour le produit, sur-mesure, en petite série. J’ai pris le risque de venir travailler à ses côtés pendant six mois pour apprendre avec lui avant de reprendre. »

Lasertec réalise de la découpe au laser sur tous supports à l’exception du métal ainsi que de la gravure tous supports pour les professionnels. « Il n’y a jamais de routine, la clientèle est diversifiée. Nous pouvons réaliser des capots pour une machine aussi bien que des outils de communication, des cartes de vœux, de la gravure pour un fabricant d’ustensiles culinaires… » Comme une évidence, Frédérique Le Floch avait trouvé sa pépite.

« Il faut oser faire les choses. »

Des ambitions pour l’avenir

L’entreprise aux sept salariés affiche un chiffre d’affaires de 950.000 euros en 2022, un an après la reprise. « Notre savoir-faire est reconnu mais je voudrais le faire découvrir à une nouvelle clientèle, notamment dans le luxe. Je voudrais également expliquer à nos clients l’intégralité de notre offre qu’ils ne connaissent pas toujours. »

La nouvelle dirigeante entend également mettre en place des solutions complètes pour la découpe et le marquage afin de se positionner comme offreur de solutions et non seulement sous-traitant. À côté de ses ambitions affichées, Frédérique Le Floch a fait évoluer l’entreprise tant au niveau des équipements, en investissant 250.000 euros dans deux machines, qu’auprès du personnel, mettant en place l’intéressement. Une conception de l’entreprise qui lui a valu d’obtenir le prix de l’entrepreneuriat au féminin 2022 remis par Initiative au féminin, une fierté pour la jeune dirigeante et son équipe.