Jean Louis Remilleux
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Jean Louis Remilleux

Le visage secret de Secrets d’Histoire.

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Producteur - Histoire - Media - Secret - Portrait
Jean Louis Remilleux, le visage secret de Secrets d’Histoire. (Crédit : JDP).

Son nom vous est peut-être inconnu, mais pourtant Jean-Louis Remilleux fait partie de la famille des Français depuis plus de trente ans. De Célébrités à Va savoir, le propriétaire du château de Digoine, en Saône-et-Loire, est aussi le concepteur d’un mastodonte de l’audimat : Secrets d’Histoire, l’émission présentée par Stéphane Bern.

Son histoire, celle d’un fils de cafetier Lyonnais qui n’était, a priori, pas destiné à devenir l’un des producteurs phare de la télévision : « J’étais un élève déconneur. En sixième, mes parents m’ont inscrit chez les Lazaristes, puis chez les Maristes. J’y ai appris la rigueur et acquis, je crois, le goût de l’histoire ». C’est à l’occasion des conventions de Saint-Vincent de Paul - durant les vacances d’été – qui se déroulent au château de Montceau à Prissé (71) que le jeune Jean-Louis passe sa première nuit dans un château : « La chapelle m’a fasciné. Cet endroit a eu une grande importance pour la suite ».

Sa scolarité, il la poursuit à Sciences Po, en droit et en faculté de lettres : « Comme tous les enfants je voulais devenir vétérinaire. Mais ma passion des animaux ne suffisait pas. Il fallait être fort en maths et en physique et j’étais nul dans les deux. Alors je suis allé en littéraire ». Mai 68 éclate : « Il y avait partout des étudiants qui avaient des barbes si longues qu’ils avaient l’air d’avoir 35 ans et d’avoir passé leur vie dans les amphithéâtres. Chez les Lazaristes et maristes, nous étions très encadrés. À la Fac, j’étais livré à moi-même. Je me suis ennuyé »

De Lyon au Figaro Magazine

Jean-Louis Remilleux, qui se définit comme un « optimiste » va alors envoyer un mot au Journal de Lyon : « J’ai 18 ans, je veux écrire dans votre journal. Je peux faire n’importe quoi. Je crois savoir écrire ». « À ma grande surprise, il m’ont fait venir. J’ai proposé d’écrire sur les animaux. »

Son premier article s’intitule « Un porc à part » et relate l’histoire d’une ardéchoise qui vit avec son porc depuis la mort de son mari : « J’ai senti que le journalisme était mon métier. Un journaliste à l’ancienne comme on en forme plus. Avant d’être un producteur, je suis un journaliste ».

Sa passion va le pousser à « se rendre indispensable ». Tellement qu’Henri Amouroux le directeur du journal, président du Prix Albert Londres et Renaudot, et ancien directeur de France Soir appelle Madame Remilleux. Il la convainc que son fils est fait pour le journalisme et qu’il perd son temps à la FAC : « Et ma mère a dit oui ».

Devenu correspondant du Quotidien de Paris à Dijon avec l’équipe de Philippe Tesson, il rejoint Paris en 1981, devient reporter puis grand reporter au Figaro-Magazine en 1986, fait le tour du monde pour ses reportages : « C’était l’époque où les journaux avaient encore de l’argent. Il y avait des vieux journalistes qui avaient des voitures avec chauffeurs. C’était la fin d’un monde ».

« Je venais de la presse de droite. La télévision était de gauche »

Déterminé à faire de la télé, Jean-Louis Remilleux dépose son CV dans les rédactions de TF1, Antenne 2 pour le journal télévisé : « Je venais de la presse écrite, et c’est très difficile d’entrer dans la télévision. Puis je venais de journaux de droite. La télé était très teintée de gauche. On me voyait comme un réactionnaire ».

De Marcel Jullian à Stéphane Bern

La rencontre avec Marcel Jullian, Directeur Général d’Antenne 2 va être décisive à un moment où la télévision fait de plus en plus appel à des sociétés de production extérieures : « Il s’en montait une par jour. Il m’a demandé de lui faire des propositions ».

Grâce à lui, il intègre… TF1 avec SOS, une émission consacrée aux animaux présentée par Brigitte Bardot et qui séduira 40 pays. Alors qu’il produit Célébrités, il fait la connaissance de celui qui va devenir l’ambassadeur de ses programmes, Stéphane Bern : « Avec Stéphane, nous avons eu l’idée de créer Sagas, sur TF1 qui a duré 9 ans, tous les étés, consacrée aux personnes célèbres, mais qui avaient une légitimité ; pas celles de la télé-réalité. Elle a été la première émission people de qualité ».

Viennent ensuite Va savoir, avec Gérard Klein et son célèbre bus Jaune, récompensée de deux 7 d’or, Vu du ciel, avec Yann Arthus-Bertrand, ou la création de En terre inconnue sur France 5 avec Frédéric Lopez, 20H10 pétantes qui révèle Stéphane Guillon, Omar et Fred, Florence Foresti…

« Je veux être fier de ce que je fais »

En 2007 l’idée de Secrets d’Histoire ne galvanise pas les foules dans les rédactions : « Quand j’ai proposé l’émission, on m’a répondu que l’Histoire était pour les personnes âgées qui faisaient du macramé en Bretagne ». Alors que personne n’y croit, Secrets d’Histoire affiche aujourd’hui 160 numéros et fait exploser l’audimat.

La recette d’une bonne émission ? : « Qu’elle corresponde à ce que la chaîne attend, qu’elle anticipe les goûts du public et qu’elle touche le plus grand nombre avec de bons moyens, sans être racoleuse. C’est l’objectif de la télé publique. Je veux être fier de ce que je fais. Secrets d’Histoire est une émission vivante, rythmée, consacrée à des personnages au destin romanesque dans des lieux qui ont été les leurs ».