Marguerite Michel
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Marguerite Michel

Trente-deux ans au service de la culture

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Depuis 32 ans, Marguerite Michel s’engage au service de la culture et fait briller les évènements de Cosne-sur-Loire dans toute la France. Présidente de l’association Trait d’union 58, elle est notamment à l’origine du salon du livre L’oeil et la plume, ainsi que du Festival des avant-premières. JDP

Tous les deux nés à Cosne-sur-Loire dans la Nièvre, Roger Bricoux, violoncelliste sur le Titanic, et Marguerite Michel ont un autre point commun : ils ne lâchent rien. Alors que le premier joua jusqu’aux derniers instants du naufrage de l’insubmersible, la seconde est depuis 32 ans à la tête de l’association Trait d’union 58 qui porte notamment le Salon de l’oeil et de la plume, dont la marraine est la comédienne Astrid Veillon, et le Festival des avant-premières, deux manifestations culturelles qui font aujourd’hui briller la cité ligérienne dans le monde culturel français : « Quand j’ai proposé que l’on fasse un salon du livre national ou que Catherine Deneuve devienne marraine du Festival des avant-premières, on m’a dit que j’étais dingue ».

Pourtant 25 ans après sa création, le Festival des avant-premières a accueilli les plus grands réalisateurs et acteurs sous le parrainage de Catherine Deneuve et le salon du livre, créé en 1989, fait se rencontrer chaque année plusieurs milliers de visiteurs et 90 artistes. Et pas des moindre… tout le “who’s who” artistique a, un jour, foulé le parvis de l’Hôtel de ville de Cosne-sur-Loire. Des auteurs locaux qu’elle met toujours en avant - et qui sont devenus pour certains des écrivains de renom - à Charles Aznavour, Dominique Nohain ou encore François Ceresa et des centaines d’autres.

Mais ce succès n’a pas coulé de source : « Au début, c’était difficile, je ne connaissais personne. Il a fallu en passer des coups de fils, confie-t-elle, et si aujourd’hui le contact est créé avec les éditeurs et les auteurs, il y a toujours une organisation très lourde à assurer entre les hébergements, les transports et la disponibilité des auteurs » et de préciser : « Nous sommes 15 bénévoles pour assurer tout cela. C’est une équipe qui dure, soudée et qui n’hésite pas à coller les affiches comme à accueillir les auteurs et tout ça pour faire bouger Cosne ».

Des manifestations tout-public

Trente-cinq ans plus tard pourtant, tout n’est pas gagné. Si la crise sanitaire a obligé à décaler deux années de suite les dates historiques du salon (dernier week-end de mai), Marguerite Michel se félicite que Trait d’union 58 ait « été la seule association à ne pas annuler de rencontres ». Une nécessité pour celle qui veut « avant tout que les gens lisent », un voeu pieu, mené par un mélange des genres qui n’a pas toujours fait l’unanimité : « On me reproche souvent d’accueillir à la fois des auteurs et des “people”, mais ce qui m’importe à moi, c’est de répondre à l’attente du public et que le public lise. Que ce soit un roman ou la biographie d’une star. Si je devais ne faire des choix qu’en fonction de mes goûts, il n’y aurait que des essais », sourit-elle.

« Quand j’ai proposé que l’on fasse un salon du livre national ou que Catherine Deneuve devienne marraine du Festival des avant-premières, on m’a dit que j’étais dingue. »

Du côté des films, même politique : « En début d’années, nous sélectionnons avec un consultant cinéma les films qui sortiront après les dates du festival en novembre et nous devons faire un choix qui corresponde à tous les publics : des films d’auteur aux films divertissants, l’important est de proposer une offre variée à tous les publics et c’est parfois un exercice très difficile que de se détacher de ses goûts personnels ».

Bénévole professionnelle

Pour la présidente de Trait d’union 58, le succès de la réussite se loge dans « une gestion stricte », une organisation au carré, qui demande plusieurs mois de préparation et une motivation des bénévoles, condition sine qua non de la survie des manifestations culturelles : « On l’a vu avec d’autres manifestations, comme le Festival du mot à la Charité-sur-Loire, qui avaient des budgets de 200.000 euros mais dont les frais de fonctionnement étaient tels qu’ils ont déposé le bilan alors qu’ils avaient su s’offrir des médias nationaux. Le bénévolat est un véritable atout pour la vie culturelle dans nos départements ».

Mais c’est aussi un risque. Quand on lui pose la question de sa succession : « Tant que j’ai la santé, je continuerai, après, je ne sais pas qui prendra la suite. C’est un très lourd travail qui demande d’avoir des contacts ». À 70 ans, Marguerite Michel estime avoir fait une partie du chemin. Avec une notoriété qui dépasse désormais largement les frontières du département, les festivals de Cosne-sur-Loire sont devenus des incontournables des sorties littéraires ou cinématographiques en France et ont, malgré la crise, enregistré un nombre plus important de visiteurs que les années précédentes.

Ne reste plus, selon elle qu’à « ce que les pouvoirs publics en prennent conscience » et à obtenir « une plus grande communication vers l’extérieur ». Un travail en tous cas salué en haut-lieu puisqu’en 2015, la présidente, qui commença sa carrière dans l’entreprise Paragon avant de la poursuivre au sein du Journal du Centre a été élevée au rang de Chevalier dans l’Ordre national du mérite et a reçu l’étoile européenne du dévouement civil et militaire. Et les artistes ne s’y trompent pas : « Sur les réseaux sociaux les plus grandes personnalités du cinéma ou de la littérature ne manquent jamais de faire la promotion des festivals », se réjouit-elle.