Noémie Marmorat
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Noémie Marmorat

De la réalité au papier.

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Photo de Noémie Marmorat
Depuis 2018, Noémie Marmorat dessine sous le nom de Gasoline Maab des autos et des motos avec un réalisme saisissant. (Crédit : JDP)

Depuis sa Saône-et-Loire natale et sa longère acquise et entièrement rénovée au début de la crise sanitaire pour en faire un lieu de vie et de travail à son image, Noémie Marmorat donne vie à Gasoline Maab... un nom d’artiste choisi en référence au sport mécanique qu’elle dessine aujourd’hui depuis quatre ans, pour le plus grand plaisir de ses clients et des marques qui lui offrent la possibilité d’exposer ses œuvres.

« Depuis toute petite, j’ai toujours dessiné ce que je voyais et ce qui sortait de mon imagination... Je n’ai jamais lâché le crayon », se souvient-elle. Après avoir grandi au Creusot, c’est à Nevers qu’elle a étudié les arts appliqués au lycée avant d’intégrer une école d’architecte à Saint-Étienne.

« J’hésitais entre des études de design et des études d’architecture. J’ai postulé dans les deux écoles, laissant la chance au destin. Et c’est finalement l’école d’architecture qui a répondu en premier. »

La première année lui sera toutefois révélatrice. Elle préfère arrêter et repostuler à l’École supérieure d’arts appliqués de Bourgogne (Ésaab) à Nevers : « L’école était installée dans les locaux du lycée que j’avais fréquenté. J’y suis donc retourné pour y faire mon BTS et mon master, dans le design de produits. »

Du design de mobilier au sport mécanique

À la sortie de l’école, Noémie Marmorat intègre une entreprise lyonnaise en tant que designer produits.

« Je dessinais du mobilier, des objets du quotidien… c’était quelque chose qui me plaisait, j’adore la déco », confie-t-elle, avant de compléter : « Malheureusement, je trouvais qu’on ne dessinait plus suffisamment à la main. Tout était fait par ordinateur et moi, c’est vraiment le fait de dessiner à la main qui m’a toujours plu. »

Issue d’une famille de motards, la jeune femme se retrouve alors à dessiner sa toute première moto. « C’est mon frère qui, un jour, m’a demandé d’immortaliser la moto qu’il venait d’acquérir. Je n’en avais jamais dessiné, mais en tant que designer produits j’avais déjà l’habitude de reproduire des lignes fermées, ce que j’ai retrouvé dans le milieu du sport mécanique. »

Passionnée et satisfaite du résultat, elle réitère sur son temps libre et commence à publier ses œuvres sur les réseaux sociaux.

Arrivent alors les premières commandes, essentiellement des propriétaires d’automobiles et de motos qui souhaitaient conserver un souvenir et voir rentrer leurs véhicules dans leur salon.

Noémie Marmorat décide alors d’arrêter son travail de designer produits pour se mettre à son compte et lancer son activité d’illustratrice pour relier ses passions, le dessin, la moto qu’elle pratique depuis avec ses deux parents et son frère et plus largement le sport mécanique.

« À chaque fois que je dessine un nouveau modèle, j’apprends aussi énormément sur le véhicule, la marque et même sur l’histoire avec le propriétaire ou le client ! »

Et ne lui demandez pas quel modèle de voiture ou de moto elle a particulièrement apprécié croquer… l’artiste admettra simplement une préférence pour les voitures anciennes, « même s’il y a aussi de très beaux véhicules récents ».

« Lorsque j’ai l’opportunité de collaborer avec des marques dans le cadre d’expositions, comme j’ai déjà eu l’occasion de le faire avec Porsche, Ferrari ou encore Aston Martin, je choisis toujours de mettre en avant des modèles mythiques, donc anciens », complète-t-elle.

Rapidement repérée par Ferrari

Côté technique, la jeune artiste dessine essentiellement aux feutres, aux crayons de couleurs et aux marqueurs de peinture sur des formats A3, « un format ni trop petit ni trop grand, idéal pour aller dans un bureau ou dans une maison ».

Sa spécialité ? L’hyper réalisme. « Je trouve qu’il y a énormément de choses qu’on ne voit pas spécialement sur un véhicule et en les dessinant, on se rend compte de tous ces détails et des belles choses que les designers ont fait. C’est comme un bijou ! Sur chaque véhicule et sur chaque dessin, je découvre des choses et des détails. Le point de vue est tellement différent que je ne me lasse jamais de ce que je fais. »

Si, à force de pratique, le design automobile la passionne aujourd’hui, Noémie Marmorat confie avoir été approchée, il y a quelques années par la célèbre firme italienne au cheval cabré de Maranello : « Ils avaient vu un de mes dessins et j’ai eu un entretien avec le directeur design de Ferrari, Flavio Manzoni ».

Elle finira toutefois par refuser leur offre, préférant conserver la liberté qu’elle avait acquise en devenant artiste illustratrice.

« J’ai été contacté par Ferrari, mais j’ai finalement préféré poursuivre mon aventure d’indépendante. »

Si ses carnets de commandes sont aujourd’hui pleins à trois mois, Noémie Marmorat travaille essentiellement à partir de photos que ses clients lui envoient.

« Je passe une dizaine d’heures en moyenne sur chaque réalisation et c’est pour cette raison que je ne peux pas rester tout ce temps devant le véhicule pour le dessiner, ne serait-ce que parce que la lumière change au cours de la journée, explique-t-elle. Je demande donc au client de m’envoyer un maximum de photos sous tous les angles possibles et s’il le faut je peux modifier la lumière en imaginant ce que pourrait donner les reflets du soleil sur les courbes du modèle. Mon objectif est de me rapprocher le plus possible de la photo, dans le moindre détail. C’est pour cela que je demande aux clients de m’envoyer des photos de bonne qualité pour pouvoir zoomer énormément sur mon ordinateur et ainsi dessiner le moindre boulon et le moindre reflet ».

Et lorsque l’artiste n’est pas devant sa planche à dessiner ou sur les routes avec sa famille, elle poursuit sa passion avec la marque Indian Motorcycle pour laquelle est elle ambassadrice. Prochaine étape ? « Développer les milieux de l’aviation et de la navigation… Maab sont les initiales de moto, auto, avion et bateau ! Si j’ai déjà eu quelques commandes de dessins d’avions et de bateaux, j’aimerais pouvoir en dessiner davantage avant de les mettre en avant. »