Vincent Doubre
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Vincent Doubre

D’autres vies que la sienne.

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Portrait de Vincent Doubre
Vincent Doubre. (Crédit : A. Gavory)

Peut-être un jour la science parviendra-t-elle à expliquer ce qu’est Vincent Doubre : dessinateur ? Écrivain ? Sportif ? Speaker ? Musicien ? Compositeur ? Ou un peu de tout cela à la fois ? Doubre n’a jamais su se décider et pour cause, l’artiste - car c’est sans doute là sa meilleure définition - est mort depuis 58 ans : « Je suis né en août 62. Deux ans plus tard, j’ai eu un poumon fissuré. Un médecin de La Charité-sur-Loire, qui sortait d’une soirée et probablement un peu aviné a filé un certificat de décès à ma mère ».

Loin de mourir, le petit Vincent va vivre et même bien vivre : « Depuis août 1964, ma vie est un bonus ». Et ce bonus, Doubre va l’exploiter. En 1977, alors qu’il a quinze ans, son oncle musicien le fait grimper dans un camion de musiciens, direction : les bals musette : « Mon père et son oncle curé m’ont offert un accordéon. On était habillés comme des pingouins et j’ai commencé à sillonner les bals. Ça a duré 20 ans ». Puis à l’âge où les gamins roulent en mobylette, Vincent demande un vélo : « Mon frère a eu une mob mais moi j’ai commencé à faire du vélo. C’était la mode à la fin des années 1970. Puis je me suis mis à faire du triathlon jusqu’à l’Iron Man des Embruns en 1991 ». En 1995, sur un cross country, un organisateur lui demande de monter une sono : « je la monte, je fais 1-2, 1-2 et le mec me dit « reste derrière le micro ». Je suis devenu speaker pour dépanner. Ça continue 30 ans après ! ».

Du micro à l’équipe de France de football

C’est au milieu des années 1990 que Vincent quitte Gallimard chez qui il était entré en tant que commercial : « On était bien considérés. Nous n’étions pas que des vendeurs et nous avions un vrai lien avec les auteurs ». Dans le même temps, il abandonne les bals : « Le chanteur est entré chez TF1. Moi ça faisait vingt ans que je tournais. J’avais fait le tour ». C’est à ce moment-là qu’un autre de ses talents va le propulser dans l’actualité : « Depuis toujours, je dessine. J’ai commencé en 1981 par un premier dessin dans le Journal du centre. Après j’ai participé au magazine d’un copain, TED magazine, sur le triathlon, sous le nom de Vince Gam ».

« Je suis dessinateur, speaker, sportif, musicien, auteur, tout ça ce n’est qu’un superbe accident »

C’est à l’occasion des premiers championnats du monde de triathlon à Nice en 1993 que Vince Gam créé la mascotte Roosty, un coq sportif : « En 1998, je l’ai redessiné pour un concours. Je l’ai imaginé en footballeur avec des plumes bleues, blanches et rouges et il est devenu « Père Jules » la mascotte de la coupe du monde de football 1998 ». Mais le dessin volé par le studio de la FFF l’entraîne sur un conflit avec l’équipe de France, qui aboutit sur un procès et un arbitrage en faveur de Vince Gam auprès de l’INPI : « La mascotte a été vendue partout, déclinée sous tout un tas de formes et d’objets. Mais Je n’ai pas touché un rond. J’ai juste récupéré les droits. Mais à vrai dire, je m’en fous ».

Une vie par accident

À 50 ans, c’est une autre aventure que commence Vincent Doubre : « En 2012, j’ai rencontré une femme formidable qui était malade et je lui avais promis d’écrire son histoire. Quand elle est décédée, je l’ai écrite, sans savoir écrire ». L’histoire qui sortira dans quelques semaines sous le titre Une petite jupe à carreaux va pourtant être il y a dix ans à l’origine d’une nouvelle carrière, sous la forme d’une blague grosse comme une baleine, celle de Luc-sur-Mer : « Mon premier roman est un canular. Il y avait Myspace. Avec ma copine Irka Bochenko (NDLR : ex James Bond Girl) et son compagnon, on a inventé un faux chanteur : Patrick Firman. » Le trio blagueur enregistre un titre : « Apprends-moi ».

Alors que le présentateur Nagui est prêt à jouer le jeu et à les recevoir sur un Taratata de 1er avril, Doubre se met à écrire la vie de ce faux chanteur : « Certains m’ont dit qu’ils se souvenaient de lui » sourit-il. Éditée en 2013, La Baleine de Luc rencontre un beau succès. 
Aujourd’hui de tous ces métiers, Doubre ne peut en arrêter aucun : « D’abord on ne me le demande pas ! Puis c’est comme des poumons. Je suis dessinateur, speaker, sportif, musicien, auteur, tout ça ce n’est qu’un superbe accident ». C’est aussi cet accident qui le conduit aujourd’hui à publier Tout l’or du père, un roman - ou pas, c’est au lecteur de le découvrir - et un bel hommage à son père, un autre homme hors-norme. Mais ça, c’est une autre histoire…