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Bienvenue à la Maison…

Santé. Se loger non loin des établissements de santé lorsqu’on est un proche d’un patient hospitalisé ou soi-même en parcours de soins est souvent compliqué et onéreux. À Dijon, la Maison d’accueil hospitalière, située à proximité du CHU, répond à cette problématique en proposant des hébergements temporaires non médicalisés à des tarifs très abordables.

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Photo de Sandrine Bourgeois, Henri Mazué et Samir Jouini
Sandrine Bourgeois, chargée de communication et de partenariats ; Henri Mazué, président de la MAH et Samir Jouini « maître de maison » qui assure la direction de la structure. La MAH possède plusieurs espaces communs : cuisine, salons de lecture, de TV, espace dédié aux enfants... (Crédit : JDP)

Des bâtiments apaisants et baignés de lumière à quelques centaines de mètres du CHU, du centre d’oncologie Georges-François Leclerc (CGFL) et des principaux établissements de l’écosystème dijonnais : bienvenue à la Maison d’accueil hospitalière, anciennement Maison des Parents. Depuis son ouverture en 2000, la structure associative répond à cette problématique souvent complexe et génératrice de source supplémentaire de stress dans des moments de vie déjà douloureux : se loger à proximité des hôpitaux ou des cliniques lorsqu’on est un proche de patient hospitalisé ou soi-même en parcours de soins.

Dans ses 58 chambres, la MAH accueille ainsi les familles des personnes (enfant ou adulte) hospitalisés dans tout établissement de l’agglomération dijonnaise, des patients de tous âges en pré ou post-hospitalisation devant séjourner sur place dans le cadre de protocoles de soins mais dont l’état de santé ne nécessite pas de surveillance médicale ou paramédicale ou même des membres de la famille ou des proches venant rendre visite à des patients hospitalisés ou en perte d’autonomie. « Nous remplissons une mission de service auprès des personnes fragilisées par la maladie », résume Henri Mazué, président de l’association éponyme qui gère la MAH.

Fluidifier l’accueil à l’hôpital

Si l’objet d’une telle structure, formalisé par la « loi de modernisation de notre système de santé » (2016) et un cahier des charges (arrêté du 21 février 2017) est bien de « fluidifier le passage à l’hôpital pour des personnes n’ayant pas besoin de soins », dit encore Henri Mazué, la MAH remplit une mission qui va bien au-delà : celle d’offrir une parenthèse humaine alors que la vie frappe durement. Si la MAH ne compte aucun personnel de santé (ni personnel hospitalier, ni personnel médical), les 12 salariés, le « maître de maison » Samir Jouini et les dix bénévoles pratiquent tous une attitude faite de chaleur et d’écoute vis-à-vis des hôtes de la structure, qui sont accueillis 365 jours par an et 24 h/24.

« Nous sommes tous conscients de cette problématique de la fragilité des personnes qui viennent ici, précise Samir Jouini. Nous avons envers elle une attitude bienveillante mais que nous exerçons avec le recul nécessaire pour accomplir notre mission ». Outre les chambres, soit individuelles, soit adaptées aux familles (y compris aux bébés) jusqu’à quatre personnes, comprenant toute une salle d’eau privative et la climatisation, la MAH possède sa cuisine où sont livrés les repas du soir, mais également une cuisine équipée ouverte aux hôtes qui peuvent y cuisiner - des casiers sécurisés dans les réfrigérateurs permettent de conserver la nourriture de chacun - des espaces communs de lecture, un salon TV, une buanderie, un coin dédié aux enfants avec des jeux, « des lieux créés pour la communauté de vie », sourit Henri Mazué qui prennent toute leur importance dans ses épisodes de la vie entachés d’angoisse, d’isolement ou de douleur.

Modèle économique solide

Gérée par un conseil d’administration de quatre collèges, eux-mêmes constitués chacun de quatre administrateurs, la MAH compte parmi celui-ci deux représentants du CHU et du CGLF, preuve de son sérieux et de son utilité vis-à-vis des patients de ces deux structures. Le CHU ainsi que l’hôpital privé Dijon Bourgogne de Valmy ont également signé en 2023 avec la MAH une convention pour l’hébergement des femmes enceintes proches du terme ou connaissant des difficultés lors de leur grossesse.

Son coût de fonctionnement annuel, 800.000 euros, repose sur des partenaires financiers de fonctionnement, (CARSAT Bourgogne-Franche-Comté, ainsi que d’autres Caisses de Sécurité Sociale), deux établissements de soins conventionnés (CGFL et CHU) qui participent à 70% au coût de la nuitée, le reste étant à la charge des familles pour des tarifs allant de douze à 37 euros avec petit-déjeuner. Le reste à charge des patients en pré ou post-hospitalisation, soins itératifs ou rééducation (relevant d’un « hébergement temporaire non médicalisé », prescrit par un médecin du CHU ou du CGFL), ainsi que celui de l’accompagnant, est nul. La MAH bénéficie également de soutiens financiers publics pour ses investissements (Fondation des hôpitaux, ARS, région BFC, CPAM, Ville de Dijon, conseils départementaux...) mais peut aussi être récipiendaire de dons privés ou d’entreprises et de legs. Ainsi les travaux les plus récents pour la construction d’une extension, d’un coût total d’1,8 M€, ont été couverts à hauteur de 1,5 M€ par diverses sources de financement, publics et privés.

Des besoins grandissants

Association Loi 1901 de vingt adhérents, la MAH répond à une problématique de santé publique puisqu’elle a accueilli en 2023 pas moins de 20.168 nuitées (dont 15.928 de famille et proches et 4.240 de patients), venus de la Nièvre (20,3% des nuitées), de Saône-et-Loire et de l’Yonne (18,4% pour chacun des deux départements), mais aussi de Côte-d’Or (10,3%), de départements limitrophes de la Bourgogne (10,2%) et pour une moindre part de Franche-Comté (5,3%) et d’Île-de-France (3,2%). Et ses besoins se font grandissants puisque entre 2019 (3.577 résidents) et 2023 (4.344), le nombre des personnes accueillies ne cesse d’augmenter.