Humeur

À Bercy, ça pompe énormément

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Emmanuelle de Jesus.

On a eu l’époque du « quoi qu’il en coûte », de l’argent public dispensé à profusion pour sauver l’économie française ébranlée par la covid, une vraie manne très au-delà du « pognon de dingue » dépensé chaque année au profit des aides sociales qui faisait pourtant, en 2018, s’étrangler le président Macron. Et puis voilà. L’état sanitaire redevenu normal, l’État a retourné ses poches pour s’apercevoir qu’elles baillaient sur du vide. Les perspectives de croissance étant moins riantes que prévu, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie (qui n’aura jamais aussi bien porté son nom) a sorti les pinces.

Mi-février 2024, il annonce un plan de dix milliards d’euros de serrage de ceinture des dépenses publiques, l’objectif de passer sous les 3% de déficit public en 2027, suivi d’un budget à l’équilibre en 2032, toujours en ligne de mire. Dix milliards en 2024 ce n’était déjà pas mal à avaler. Les parlementaires des Commissions des finances de l’Assemblée nationale et du Sénat attendaient Bruno Le Maire et son acolyte Thomas Cazenave, ministre délégué chargé des comptes publics, de pied ferme. Las. Ce n’est plus seulement à dix milliards d’économies en 2024 que le titulaire du portefeuille (encore un nom bien choisi) de Bercy est venu préparer les Français, mais à 12 à 20 milliards supplémentaires en 2025, répartis entre l’État et la Sécurité sociale. L’État-providence ? Très peu pour Bruno Le Maire qui avait averti dans les colonnes du Monde « croire à un État fort, mais pas à un État qui se disperse et devient une pompe à fric ».

Et puisqu’on parle de pompe, voyons où les Shadoks de Bercy ont commencé les ponctions : un peu d’aide publique au développement par-ci et de MaPrimeRénov’ par-là, un poil sur le compte personnel formation et carrément une touffe sur le ministère de l’Écologie et de la Transition énergétique qui voit ses crédits fondre de plus de deux milliards. Pour celui-ci au moins, on a une piste, ou plutôt un tarmac : celui que foule régulièrement le ministre de l’Écologie Christophe Béchu, adepte de l’avion pour ses déplacements au cours desquels il vante, entre autres et sans rire, la sobriété énergétique.