Humeur

Ça carbure pas mal à Bercy

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Emmanuelle de Jesus.

Il n’aura échappé à personne, et surtout pas à ceux, nombreux - j’en fais partie -, n’ayant d’autres choix pour se rendre au travail, faire les courses et emmener les enfants à l’école que de prendre leur voiture thermique (bouh, les vilains pollueurs que nous sommes !) que la facture à la pompe est devenue salée. Tellement salée qu’à l’autre bout du tuyau, on commence à la trouver saumâtre. Ajoutons à cela le prix de l’électricité, celui de l’alimentation et des matières premières... et dans le portefeuille d’une bonne partie de la population, la fin du mois commence le 15.

Conscients du désarroi des automobilistes - la dernière fois que le prix du carburant a pété les plombs, les gilets jaunes ont envahi les ronds-points - le gouvernement a réuni ses têtes pensantes pour pondre en urgence une idée.

Tempête sous les crânes à Bercy, au ministère de l’Économie : comment aider les Français à remplir le réservoir sans mettre la main à la poche de l’État donc sans toucher ni à la sacro-sainte TIPCE, ni à la TVA, en remisant les remises à la pompe et autres boucliers tarifaires ? Réponse des cerveaux en surchauffe : en autorisant les stations à vendre à perte. Levée de boucliers (comme quoi...) des vendeurs de carburant indépendants : oui, le géant Total et ses bénéfices colossaux peut se le permettre, oui les stations-services des hypermarchés, pour qui l’essence est un produit d’appel, pourront toujours se rattraper sur le paquet de pâtes mais eux les indépendants, comment feront-ils pour compenser leur manque à gagner ? En appliquant une hausse de 2.000 % sur les chewing-gums vendus à la caisse ? Les cerveaux en étaient à se remettre en branle pour proposer - sans rire - une indemnisation à ces pompistes en détresse, que la proposition était balayée d’un revers de manche par Patrick Pouyanné, Pdg de Total et par les représentants des enseignes Carrefour, Intermarché et E. Leclerc. La vente à perte ? Pas de ça chez nous. Retour à la case départ.

Heureusement, depuis les années 1970 et le premier choc pétrolier on sait qu’en France « on n’a pas de pétrole, mais on a des idées ». On attend donc la prochaine avec impatience : ça n’a pas fini de carburer à Bercy...