Humeur

Grandes gueules et cible dans le dos

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Emmanuelle de Jesus.

La semaine dernière, le président du Sénat Gérard Larcher, habituellement tout en retenue matoise avant le coup de griffe tel le Raminagrobis de la fable, est sorti de ses gonds et de son champ lexical habituellement feutré à l’endroit de Jean-Luc Mélenchon qui, il faut bien le dire, n’en finit plus de dépasser les bornes. Réagissant sur X après l’interview de l’Insoumis Manuel Bompard par notre consoeur Ruth Elkrief à propos du conflit au Proche-Orient, Jean-Luc Mélenchon n’a pas mâché ses mots : « Ruth Elkrief. Manipulatrice. Si on n’injurie pas les musulmans, cette fanatique s’indigne ».

Interrogé à ce sujet sur RTL, Gérard Larcher a commencé doux et finit tonnerre : « C’est irresponsable. Quelqu’un qui a des millions d’abonnés sur X, et qui se comporte de cette manière, qui, en quelque sorte par sa parole, créé un brasier, qui peut enflammer, diviser, qui montre du doigt une de vos consoeurs et on voit bien avec quelle allusion derrière, et bien je dois dire que c’est inacceptable », a-t-il déclaré.

« Vous lui dites quoi ce matin ? Tais-toi ? », a rebondi la journaliste Amandine Bégot. Réponse de l’intéressé : « Oui, ferme ta gueule ! » Est-ce qu’un président du Sénat « ne devrait pas dire ça », pour reprendre le titre d’un essai politique ? Sans doute que cette trivialité sied mal au deuxième personnage de l’État. Sans doute aussi, Gérard Larcher a-t-il exprimé le ras-le-bol de ceux qui ne peuvent plus sans hurler, entendre Jean- Luc Mélenchon, fondateur d’un groupe politique qui refuse de qualifier le Hamas de groupe terroriste, crier à l’islamophobie dès lors que l’on ose pointer du doigts les atrocités des « combattants » palestiniens le 7 octobre dernier. Mais Gérard Larcher, avant sa sortie outrancière, avait bien cerné la menace créée par les mots de Jean-Luc Mélenchon envers notre consoeur. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a placé la journaliste sous protection policière. Derrière les grandes gueules de ces messieurs, une femme a désormais une cible dans le dos.