Collectivités

France Travail : plus rapide, plus fluide, plus collectif

Emploi. Mardi 14 mai Pôle Emploi présentait à la presse sa mue en France Travail. Une transformation, voulue par le gouvernement, qui prend forme dans un contexte de l’emploi plutôt favorable et qui doit s’étendre jusqu’en 2027.

Lecture 10 min
Photo d'Odile Ferru, Michel Swieton et Djellali Chaou
Odile Ferru, directrice régionale adjointe en charge des opérations France Travail BFC, Michel Swieton, directeur régional France Travail BFC et Djellali Chaou, directeur territorial France Travail Côte-d’Or. Crédit : JDP.

C’est dans un contexte de quasi plein-emploi que Pôle Emploi BFC communiquait mardi 14 mai, à Dijon, sur sa transformation opérationnelle en France Travail. Ce changement de nom, d’identité visuelle et de missions se fait en application de la loi pour le plein emploi votée le 18 décembre 2023. Déployée depuis le 1er janvier, elle doit se poursuivre jusqu’en 2027. « 2024 est pour nous une année charnière qui cristallise bien des changements pour notre institution, affirme Michel Swieton, directeur régional France Travail BFC. Nous avons ainsi changé de ministre (Catherine Vautrinest ministre du travail depuis le 11 janvier, ndlr), de directeur général (Thibaut Guilluy arrivé en décembre 2023, ndlr) et de nom. C’est également une année où le taux de chômage reste bas en France métropolitaine (7,3 %) et plus particulièrement en Bourgogne Franche-Comté (6,6 %) et en Côte-d’Or (5,9 %) ».

Rechercher l’efficacité collective

Si les principales missions de l’opérateur restent inchangées notamment sur le volet de l’indemnisation des demandeurs d’emploi, un certain nombre de nouveaux objectifs voient le jour avec le changement de dénomination. Elles sont regroupées sous trois principes : « Aller vers », « Dites-le-nous une fois » et « Pour le compte de tous » et visent à réduire le chômage au niveau national autour de 5 % d’ici 2027. « L’idée du “aller vers” c’est celle d’aller vers le plein emploi en étant en capacité d’aller vers des personnes qui ne viennent pas d’elles-mêmes à nous, développe Michel Swieton. C’est aussi la volonté d’aller plus vite et plus efficacement en coordonnant mieux nos actions avec les différents acteurs de l’emploi que sont les missions locales, les Cap Emploi, l’Apec, la région, les départements... ».

Le protocole de préfiguration France Travail en BFC qui a été signé à Besançon le 7 juillet 2023 va dans ce sens. Il établit notamment des engagement réciproques de l’État, de la région BFC et de France Travail pour favoriser l’accès à l’emploi des publics éloignés grâce à une formation ajustée à leurs besoins. Elle améliore également le service rendu aux entreprises dans leurs recrutements en identifiant les compétences recherchées et en promouvant une offre de formation adaptée.

C’est dans ce cadre que s’inscrit la démarche d’expérimentation en direction des bénéficiaires du RSA lancée, en région BFC, le 5 mai 2023 sur les bassins d’emploi de Genlis-Beaune et d’Avallon-Tonnerre, depuis élargie plus récemment aux bassins du Val de Gray (70), du Territoire de Belfort (90) et à l’ensemble des départements de Saône-et-Loire et de l’Yonne. Via ce dispositif, tous les bénéficiaires du RSA sont inscrits obligatoirement à France Travail et un diagnostic de la situation de la personne et de ses motivations est réalisé par des professionnels du département et de France Travail afin de définir un accompagnement personnalisé et intensif qui comprend notamment entre 15 et 20 heures d’activités hebdomadaires (atelier pour reprendre confiance en soi, rendez-vous médicaux, formations, immersions en entreprise, rendez-vous avec son référent, stages, période de travail...). Résultat : « sur les 1.900 allocataires du RSA enregistrés en janvier 2023 sur le bassin de Genlis-Beaune, seulement 43 % étaient inscrits à France Travail, six mois après le début de l’expérimentation le retour à l’emploi concernait plus de 40 % du panel de départ. C’est l’un des cinq meilleurs de France », se réjouit Djellali Chaou, directeur territorial France Travail Côte-d’Or.

Sur les principes « Dites-le-nous une fois » et « Pour le compte de tous », « il s’agit de créer un parcours vers l’emploi “sans couture”, plus fluide et qui ne laisse personne sur le bas-côté », explique Odile Ferru, directrice régionale adjointe en charge des opérations France Travail. Ainsi, au fil des mois et avec pour échéance janvier 2025, toutes les personnes en recherche d’emploi seront inscrites à France Travail. Non seulement tous ceux qui demandent cette inscription, mais aussi tous les allocataires du RSA ainsi que leur partenaire ou conjoint, les jeunes inscrits auprès des Missions locales à la recherche d’un emploi et les personnes en situation de handicap accompagnées par Cap emploi bénéficieront d’une orientation vers la structure d’accompagnement la plus adaptée à leur situation et leurs besoins.

Cela signifie que les personnes inscrites à France Travail ne seront pas nécessairement accompagnées par un conseiller France Travail mais, en fonction de leur situation et de leurs besoins, par l’un de ses partenaires par exemple les missions locales ou un travailleur social du Conseil départemental. Chaque demandeur d’emploi bénéficiera ensuite d’un diagnostic approfondi réalisé par l’organisme référent chargé de son accompagnement. Il signera un contrat d’engagement qui comportera, entre autres, le plan d’actions qui définit les objectifs de mise en œuvre du projet professionnel, les mesures d’accompagnement et/ou de formations associées pour favoriser le retour à l’emploi. Ce contrat d’engagement pourra préciser, en fonction de la situation du demandeur d’emploi, le niveau d’intensité de l’accompagnement.

« Avec ces nouvelles missions, France Travail exerce le rôle de maitre d’œuvre d’une mise en réseau des acteurs de l’emploi locaux, affirme le directeur régional. Cela nécessite que les outils de chacun des partenaires et les nôtres puissent communiquer entre eux. C’est pourquoi, nous allons mettre en place une plateforme numérique commune. Par ailleurs, des critères d’orientation, une feuille de route, une méthodologie, des indicateurs de suivi, de pilotage et d’évaluation, ainsi que des référentiels communs à tous seront définis afin d’optimiser les liens qui nous unissent, précise le directeur régional tout en ajoutant : une académie “France Travail” verra également le jour pour développer les compétences de chaque membre du réseau via des modules de formation spécifique à destination des différents acteurs de l’emploi ».

Au plus près des entreprises

L’autre grande mission que se donne France Travail concerne les entreprises alors que le Besoin en main d’œuvre (BMO) reste fort en Bourgogne Franche-Comté où, en moyenne, un quart des 23.431 entreprises ayant répondu à la dernière enquête réalisée par France Travail sur le BMO des entreprises régionales envisage de recruter en 2024, un taux qui dépasse même les 60 % à Dijon. « Nous avons cinq secteurs en tension en BFC : la santé et le social ; le transport, l’industrie (en particulier la métallurgie) ; l’hôtellerie restauration et le bâtiment surtout dans la construction neuve. Par ailleurs, nous avons 7 % des offres d’emploi qui aujourd’hui restent insatisfaites sur notre territoire », explique Odile Ferru. « D’où l’idée de lancer un grand plan de prospection pour aller vers les entreprises et leur faire découvrir nos solutions, défend Michel Swieton. Aujourd’hui, nous avons 200 conseillers dédiés à la relation entreprise et nous avons réalisé 3.517 visites de chef d’entreprise en 2023. Ce nombre nous avons l’ambition de le doubler en 2024, sachant que sur 100 entreprises prospectées, c’est sept emplois supplémentaires créés ».

France Travail entend travailler sur trois axes : attirer, former et recruter. « Nous allons ainsi mettre en place des actions de rencontre entre employeurs et demandeurs d’emploi par le biais d’immersions en entreprise, des semaines sectorielles et des visites d’entreprises. Sur le volet formation, nous allons développer notamment des formations préalables au recrutement. Financé par France travail ce dispositif permet à un employeur de former un candidat en interne avant son entrée dans l’entreprise. Enfin sur le recrutement, nous devons aider les entreprises à sortir de la logique du CV et à s’ouvrir aux nouveaux modes de recrutement comme les stages vers l’emploi pour les personnes qui en sont le plus éloignées, qui valorisent les savoir-être ; la méthode de recrutement par simulation, les forums pour l’emploi inversés et le recours aux emplois francs pour les candidats issus des quartiers politique de la ville ».