Hybrides rechargeables : le “oui-mais” des acheteurs
Automobile. « Que Choisir » a interrogé ceux qui roulent en hybride rechargeable : un choix globalement positif malgré un prix d’achat élevé et d’un réseau de recharges publiques déficient.
L’hybride rechargeable apparait comme une solution de transition pertinente en combinant une motorisation thermique classique avec un bloc électrique complémentaire, destiné à être utilisé dans la circulation urbaine pour rouler en mode zéro émission avec une cinquantaine de kilomètres d’autonomie. Après avoir longtemps été marginal, le marché des hybrides rechargeables a enfin décollé en 2020 en étant multiplié par quatre en 12 mois pour frôler les 75 000 immatriculations. Fin novembre cette année, on en était déjà à plus de 125 000... Près de 250 000 hybrides rechargeables sont désormais en circulation : de quoi s’intéresser au point de vue de ceux qui les utilisent au quotidien. C’est ce qu’a entrepris de faire l’Observatoire de la consommation de « Que Choisir ». Les utilisateurs ne regrettent pas leur choix avec un indice de satisfaction global de 8,2/10. Principal point positif mis en évidence : la fiabilité de leur voiture avec une moyenne de 8,3/10.
Davantage ceux qui ont choisi une Toyota (9,3/10) ou Hyundai (9/10), moins ceux qui ont opté pour une Peugeot ou Citroën (7,3/10). Autres éléments appréciés : des coûts d’entretien jugés corrects (7,4/10) et une consommation globale raisonnable (7,2/10), avec seulement 4,3l/100km en utilisant le mode électrique à 80%. Pas de quoi compenser l’important surcoût à l’achat que les clients estiment jusqu’à 10 000 € de plus qu’un modèle thermique comparable. Une évaluation excessive par rapport à la réalité, notamment grâce aux subventions massives accordées par l’Etat. Cette différence de prix constitue un frein majeur à l’achat pour 70% de ceux qui pourraient être intéressés par une hybride rechargeable. Autre point négatif mis en évidence par l’enquête de « Que Choisir » : l’autonomie en mode 100% électrique.
Alors que les valeurs d’homologation officielle font état de 50km en moyenne, les automobilistes ont constaté qu’elle n’excédait pas 44km en réalité. Une différence de 14%, pas monstrueuse dans l’absolu mais qui déçoit ceux qui ont fait confiance aux normes conventionnelles, toujours optimistes. Ce point est d’autant plus ennuyeux que le temps de recharge pour faire le plein d’électricité est de l’ordre de 5h en moyenne sur une prise domestique pour un coût modique, estimé à 1,50€. Une opération réalisée plusieurs fois par semaine pour les deux-tiers des utilisateurs alors que 16% ne rechargent jamais, ce qui indique qu’ils ne roulent jamais en 100% électrique. De quoi s’interroger sur la pertinence de leur choix. A quoi bon payer plus cher pour une technologique dont on ne se sert pas ?
Haro sur les bornes de recharge publiques
Sans surprise, les bornes de recharges publiques concentrent la majorité des critiques. A commencer par celles relatives au réseau disponible dont la couverture est jugée à 95% insuffisante, 50% l’estimant « très incomplète », 45% « assez incomplète » alors que seulement 5% l’estiment « très complète » (1%) ou « assez complète » (4%). Un point de vue confirmé par les chiffres : avec une borne pour 14 véhicules électriques et hybrides rechargeables, on est loin du compte. Non seulement, les points de recharge sont rares mais, plus préoccupant, ils sont déficients dans de trop nombreux cas. Seulement 5% des utilisateurs d’hybrides rechargeables affirment que ces bornes fonctionnent bien. A l’inverse, 20% répondent d’un cinglant « pas du tout ». Un point de vue mesuré, inférieur à la réalité puisque des estimations sérieuses font état de 25% de bornes défaillantes.
Cela explique que seuls 16% des propriétaires d’hybrides rechargeables se branchent dessus pour recharger les batteries de leur voiture. Pas de quoi cependant remettre en cause le bien-fondé de leur choix pour une large majorité d’utilisateurs. Au moment d’acheter une nouvelle voiture, 65% reprendraient une hybride rechargeable alors que 22% se tourneraient vers une 100% électrique et seulement 13% une thermique classique. Un large satisfecit pour un type de motorisation montré du doigt par la Commission européenne qui cherche à lui couper les ailes à court terme avant de l’interdire définitivement en 2035 au plus tard.