Les « mamies » ont de l’avenir
Constructeur. Les transactions des voitures de plus de 30 ans sont en hausse régulière. En particulier les modèles de tous les jours produits à des millions d’exemplaires. Star de la catégorie : la 205.
L’âge moyen du parc automobile national ne cesse d’augmenter. Pas sûr que ce soit une bonne nouvelle dans l’absolu mais cela traduit le niveau du pouvoir d’achat des français. Il est désormais de 11,3 ans et progresse de trois mois en moyenne chaque année. Sur les quelques 41 239 000 voitures particulières en circulation, 52% ont plus de 10 ans (21.4 millions) et plus de 4,9 millions 20 ans ou plus.
Parmi elles, les plus de 30 ans où on trouve à la fois des modèles de collection, des youngtimers, catégorie intermédiaire regroupant les voitures de 20 à 25 ans recherchées par des amateurs dans la trentaine en quête de coupés, cabriolets, sportives à prix accessible, et enfin les voitures de tous les jours produites à des millions d’unités qui jouent les prolongations et sont encore utilisées au quotidien. Combien sont-elles encore à assurer des tâches humbles mais indispensables ? Impossible à dire avec précision.
L’Argus, le magazine spécialisé dans la cotation des voitures d’occasion, vient d’apporter un éclairage précis sur le sujet en prenant en considération les modèles de plus de 30 ans, seuil requis pour prétendre entrer dans la catégorie des voitures dites de collection, en se basant sur les transactions dont elles ont fait l’objet en 2022. Des échanges en hausse de 22,4% depuis 2020 pour atteindre 98.103 ventes l’an passé contre 80 135 deux ans plus tôt. Certes, par rapport aux 5,250 millions d’occasions écoulées en 2022, cela reste marginal mais la tendance est claire.
La star de ce marché est une quadragénaire qui a marqué des générations de conducteurs. Pas une rareté mais une petite voiture populaire produite à près de 5,3 millions d’unités au cours d’une carrière à rallonge qui s’est étirée pendant 15 ans jusqu’en 1998. Si on excepte les recherchées GTI et autres cabriolets, la Peugeot205 n’a rien de rare ou d’exceptionnel. Et pourtant, c’est elle la vedette de ce segment de marché avec 8036 changements de mains, une progression de 15,5% d’une année à l’autre. Cela constitue une indication sur sa robustesse. Et l’usage qui en est fait. Plus de 91% circulent avec une carte grise normale, attestant d’une utilisation « normale ».
Porsche 911, un cas particulier
Derrière, à la seconde place, on trouve un modèle à part : la 2CV (6 159 transactions). Impossible de la considérer encore comme une voiture du quotidien. Elle est devenue depuis longtemps un objet de collection convoité, d’autant plus que sa carrière s’est étirée sur quatre décennies. À des degrés divers, les 2CV s’arrachent à des tarifs élevés, ce qui explique que les échanges soient en baisse et que 30% d’entre elles roulent avec une carte grise de collection.
La Renault 4L complète ce podium des mamies fringantes : 4 199 changements de mains. Elle devance la VW Golf (3 854) et la Renault 5 (3 778) quasiment à égalité. Deux particularités dans le top10 : la VW Coccinelle, 7e du classement avec 1534 ventes dont 70% bénéficient d’une carte grise collection, et la Porsche 911, 9e avec 1434 unités. La Porsche 911, née au milieu des années 60, est un cas exceptionnel : plus de 70% des voitures produites depuis sa naissance sont encore en circulation. C’est le record mondial pour une voiture produite à plus d’un million d’exemplaires, cap franchi il y a près de six ans déjà.
205, 4L, Renault 5, Golf, Clio ou Citroën AX, ce sextette qui truste les places dans le top 10 des plus de 30 ans les plus échangées en 2022 et dans des versions modestes pour l’essentiel est réconfortant mais pose question. Cela signifie que pour être des voitures de rang modeste, elles n’en sont pas moins capables de résister à l’usure du temps et des kilomètres tout en surmontant l’épreuve du contrôle technique. Il n’en reste pas moins qu’il s’agit de modèles dépassés dans deux domaines essentiels : la sécurité et les émissions polluantes. Si leurs utilisateurs prolongent leur vie, c’est parce qu’ils n’ont pas d’autre choix par manque de moyens. Un problème majeur avec la généralisation des zones à faible émissions dans les grandes agglomérations. Frictions en vue.