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Semi-conducteurs : la pénurie partie pour durer

Automobile. La crise des composants électroniques qui grippe le marché, bloque les chaines des usines et entraine des délais de livraisons invraisemblables ne sera pas résolue de sitôt.

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Semi-conducteurs : la pénurie partie pour durer
Kia et Hyundai, comptent parmi les rares marques à ne pas souffrir de la pénurie de composants électroniques. (Crédit : DR)

Renault a annoncé que 400.000 voitures de la marque ne pourront être assemblées cette année. Une perte sèche. La faute aux tristement fameux semi-conducteurs qui constituent les puces électroniques sans lesquelles les voitures actuelles sont incapables de fonctionner. On les trouve partout, qu’il s’agisse des blocs moteurs, de la direction assistée, la climatisation ou les aides à la conduite. Même les modèles les moins sophistiqués en comptent plusieurs centaines. Quant aux véhicules électriques, ils sont encore davantage dépendants de ces éléments fabriqués en Asie, en particulier à Taïwan où est concentrée environ 75% de la production mondiale.

Les causes de cette pénurie planétaire sont multiples : confinements répétés liés à la pandémie de Covid, accroissement des demandes provenant des secteurs de l’informatique et de la téléphonie, gros consommateurs de ces pièces...Il s’y est ajouté récemment la guerre menée par la Russie en Ukraine. A ces facteurs conjoncturels, s’ajoute le manque de clairvoyance des constructeurs automobiles qui se sont placés en situation de dépendance vis à vis de fournisseurs lointains sans mesurer les conséquences de cette situation. Impossible de les exonérer de leur responsabilité. Il en résulte des délais de livraison délirants pour les clients. Dans certains cas extrêmes, jusqu’à 18 mois, souvent entre six et neuf mois, alors que plusieurs marques ne prennent même plus de commandes pour certains modèles, faute de visibilité suffisante.

Une crise sans précèdent récent

Cette crise sans précèdent récent n’affecte pas tous les constructeurs de façon identique. Ceux qui s’en sortent le mieux : Kia et Hyundai, les deux coréens qui disposent d’une industrie locale de semi-conducteurs et Toyota, le poids du premier constructeur mondial vis à vis de ses fournisseurs jouant en sa faveur. Pour les autres, c’est, sauf exception, la soupe à la grimace et des acheteurs contraints de restreindre leurs choix de modèles et d’options. Ou de patienter encore davantage.

Situation extrême proprement ahurissante, certaines voitures sont livrées sans certains de éléments de confort en raison du rationnement de ces composants. Sièges électriques, GPS, caméra de recul, tableau de bord numérique remplacé par un analogique classique, deuxième clé de commande à distance : on propose aux clients de les leurs fournir plus tard. Dans quelles conditions financières ? La communication des marques est axée sur des équipements dont on tente de persuader les clients qu’ils sont indispensables et qu’elles sont incapables de livrer : surréaliste ! Les constructeurs précisent que les équipements de sécurité et les aides à la conduite ne sont pas concernées par ces restrictions. La moindre des choses.

Pas de retour à la normale avant 2024

Sur le marché français, les conséquences de cette situation seront directement perceptibles sur les immatriculations. Elles devraient tourner autour de 1,5 millions à la fin de l’année. Il faut remonter jusqu’en 1975 pour trouver un résultat aussi catastrophique. Conséquence, selon une étude récente de Mobilians qui regroupe les professions de l’automobile, 43% des distributeurs estiment qu’ils seront contraints de tailler dans leurs effectifs commerciaux dont près de la moitié dans les trois mois à venir.

Pour le moment, personne n’est capable d’affirmer avec certitude la date de fin de cette situation catastrophique. Il y a quelques mois, les plus optimistes avaient envisagé une amélioration à la fin de l’année ou début 2023. On n’en parle plus ! Plusieurs dirigeants de grandes marques ont repoussé l’échéance d’un retour à la normale en 2024. Pendant ce temps-là, l’Union européenne, une fois de plus hors sol et à la remorque de la réalité économique, affiche son ambition de relocaliser une partie de la production des semi-conducteurs. Avant que cet objectif ou plutôt ce voeu pieux, devienne effectif à une échéance de quatre ou cinq ans, la crise devrait être résolue depuis longtemps. Enfin, il faut l’espérer...