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Quand la canicule sauve les petits viticulteurs

Viticulture. Après la Taxe Trump, la Covid, l’inflation et la canicule, les petits producteurs d’appellations moins connues parviennent à tirer leur épingle du triste jeu.

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Quand la canicule sauve les petits viticulteurs
(Crédit : JDP)

En 1972, Edward Lorenz développa la théorie de L’effet papillon sous cet intitulé : « Le battement d’ailes d’un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas ? ». Si elle fit le bonheur des écrivains de science-fiction, la doctrine de Lorenz est en passe de soutenir les petits viticulteurs de la Nièvre.

Au Domaine de Villargeau à Pougny, 25 hectares conduits par Marc et Yves, et leur cousin Christophe, donnent un vin qui trouve son terroir à 50 kilomètres au Nord : les Côteaux du Giennois. Un vin de Loire (Gamay, Sauvignon et Pinot noir) moins courant et moins coûteux que ses renommés voisins, à savoir le Sancerre et le Pouilly-sur-Loire. Un domaine membre du syndicat des vignerons indépendants (créé en 1976 qui rassemble 7.000 viticulteurs de 32 départements) qui produit 120.000 bouteilles par an et revendique son identité familiale. Touché par la crise sanitaire, puis l’inflation et la guerre en Ukraine, le domaine qui exporte 50% de sa production notamment aux États-Unis avait dû auparavant faire face à la décision de Donald Trump de surtaxer de 25% les vins français.


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Si l’Europe répondit par une taxation des Harley Davidson, Les Thibault prirent le taureau par les cornes : « Nous avons maintenu le nombre de clients mais en moindre quantité en absorbant une part de la surtaxe, et en facturant l’emballage à part, puisque seul le vin était concerné ». Après la levée par Joe Biden, les ventes sont reparties de plus belle : « Une relation de confiance s’est établie d’autant plus importante que nous étions alors en plein Covid ».

Une canicule salvatrice


Si la fin de la Covid a permis de relancer les ventes, la guerre en Ukraine et l’inflation pourrait même s’avérer être une opportunité. Et ce sont les chiffres qui parlent. Chez les cavistes, les ventes de vins de Loire baissent aux mois de juin, juillet et août 2022. Mais les Côteaux du Giennois font exception « Parce que nos prix sont inférieurs aux autres appellations  ». Pas de quoi se réjouir pour autant car se pose dorénavant la question des approvisionnements : « Nous avions anticipé une augmentation de nos tarifs du fait de notre conversion en bio. Mais les marges vont absorber l’augmentation des matières premières. Nous ne pouvons plus jouer que sur le coût de production, par exemple par l’enherbage d’une partie des sols pour faciliter le travail du tracteur et diminuer la consommation de carburant. »

Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, la canicule vient cette année soutenir les viticulteurs et devrait permettre d’ajourner une éventuelle augmentation des prix : « Quand nous perdons 50% de notre production comme l’an dernier, la bouteille nous coûte deux fois plus cher à produire pour un même prix de vente. Cette année, le rendement s’annonce exceptionnel et va permettre de compenser provisoirement les hausses ».