ROUSSEAU, la tonnellerie « haute-couture »
Artisanat. Troisième génération à la tête de la tonnellerie éponyme, Jean-Christophe et Frédéric Rousseau (respectivement directeur général et président) ont concrétisé en 2024 leur ambition de réunir les activités de tonnellerie et foudrerie sur un site unique à Gevrey-Chambertin.
Troisième génération à la tête de la tonnellerie éponyme, Jean-Christophe et Frédéric Rousseau (respectivement directeur général et président) ont concrétisé en 2024 leur ambition de réunir les activités de tonnellerie et foudrerie sur un site unique à Gevrey-Chambertin. L’objectif principal de cette unification était de « renforcer les synergies dans l’entreprise », explique Frédéric Rousseau.
Elle aura aussi permis au duo de consolider les efforts de décarbonation de l’entreprise, notamment concentrés sur le transport (essais de ferroutage des conteneurs). L’entreprise vise également à couvrir 50 % de sa consommation énergétique par le photovoltaïque d’ici cinq ans, soutient activement l’ONF comme mécène pour la replantation de chênes en forêt de Cîteaux et a même une petite activité de négoce de fûts de seconde main, reconditionnés et garantis, qui permettent « de rendre hommage à des chênes centenaires qui nous permettent de travailler », dit joliment Frédéric Rousseau.
Diversifier et exceller
Si le site industriel est désormais à son top, le dirigeant reconnaît qu’il n’a, pour le moment, pas été utilisé à 100 % : l’année 2024, avec sa récolte historiquement basse, 2025 et ses sécheresses qui ont impacté le volume des raisins ont logiquement entraîné de moins grands besoins de fûts dans les caves. Le tout dans un contexte mondial de crise économique et de hausses des taxes douanières aux USA. « Les États-Unis (un client majeur alors que la tonnellerie travaille pour 60 % du chiffre d’affaires à l’export) ont subi l’impact de l’annonce des tarifs douaniers combinée à un dollar faible, ce qui a quand même fortement amoindri le pouvoir d’achat de nos clients américains », constate Frédéric Rousseau.
Face à ses turbulences, la tonnellerie s’appuie, d’une part, sur la consolidation de ses marchés voisins (Espagne, Allemagne, Italie, Suisse, Autriche, Belgique, Angleterre) et prospecte vers l’Est (Géorgie, Arménie), sur la diversification géographique de son portefeuille clients pour lisser les éventuels aléas climatiques ; et d’autre part sur son excellence.
« En ce moment je constate qu’il y a un sursaut. le monde du vin a admis les taxes américaines. je vois que nos clients vignerons, négociants sont beaucoup sur le terrain pour des salons, des présentations, ils développent des wine clubs, l’oenotourisme. on sent que la filière bouge pour montrer au public que le vin est incontournable et cela fait plaisir. »
La tonnellerie bourguignonne a, depuis des décennies, bâti son expertise sur la garde des cépages pinot noir et chardonnay avec des contenants sublimant, sans les travestir, les spécificités des Climats. Ce qui, aujourd’hui, bénéficie à la tonnellerie bourguignonne qui profite de la ferveur des consommateurs pour des vins offrant « de la fraîcheur, de la souplesse, de la buvabilité, assez délicats, pas trop riches en alcool », analyse Frédéric Rousseau.
Or la tonnellerie de Gevrey-Chambertin y ajoute son expertise historique de fabricant de foudres (à partir de 1.000 litres) : ces grands contenants connaissent un « engouement », se félicite le dirigeant car ils permettent de boiser les vins « de manière plus délicate et plus subtile, offrant davantage de transparence pour faire parler la terre, les terroirs ». Et dans ce domaine, la tonnellerie Rousseau ne connaît pas de limites ! Des contenants de 10.000 litres, des accessoirisations sur-mesure, des innovations comme ce système de rotation facilité pour le remuage des lies, des chapeaux flottants pour s’adapter aux volumes de récoltes, des formes originales ? Ils maîtrisent ! Et cette excellence permet à la société d’évoluer dans un segment relativement préservé, celui de « la haute-couture » du vin.