Rousseau, une tonnellerie tournée vers l’avenir
Vin. La tonnellerie Rousseau fête cette année ses 70 ans, l’occasion pour Jean Christophe et Frédéric Rousseau, les actuels dirigeants, de revenir sur le passé et d’évoquer les perspectives de cette entreprise familiale qui a su traverser les crises.
L’histoire de la tonnellerie Rousseau débute en 1954 avec Julien Rousseau qui installe à Couchey une activité de foudrerie centrée sur le négoce et la réparation de cuves et de foudres (tonneaux dépassant les 1.000 litres). En 1979, avec l’arrivée des tonneaux comme outil oenologique d’élevage du vin, la tonnellerie Rousseau investit dans un atelier de fabrication. Pour faire face à son développement croissant, elle emménage en 2015 dans de nouveaux locaux de 1.800 m² à Gevrey Chambertin sur un terrain de trois hectares.
Un nouvel atelier “grands contenants” est alors créé. L’objectif est à terme de fermer le site de Couchey et de regrouper l’ensemble des activités sur un même site en vue de réduire les coûts logistiques de l’entreprise et d’apporter aux salariés - une cinquantaine, dont 40 en production - une meilleure qualité de vie au travail. Ce projet qui a officiellement pris corps en ce début d’année aura nécessité un investissement de près de 6 M€, « dont 2,5 M€ pour le premier bâtiment de 2015, 2 M€ pour une extension réalisée en 2020. Le reste ayant été affecté à la construction de deux petites extensions de stockage et d’expédition, à la mise en place de deux trackers solaires et d’un système innovant d’aspiration des fumées, des copeaux et des poussières fines », précise Frédéric Rousseau, président de la tonnellerie Rousseau. L’entreprise familiale réalise entre 15 et 16 M€ de chiffre d’affaires en produisant chaque année environ 350 grands contenants et 11.000 fûts.
Malgré les crises successives (Covid, guerre en Ukraine et inflation), la tonnellerie Rousseau garde le cap, même si les deux frères avouent évoluer depuis quelques années dans un marché du vin de plus en plus tendu. « Il y a d’abord une baisse générale de la consommation de vins à la fois générationnelle (nouveau mode de consommation) et liée au prix. Le prix moyen d’un foudre est de 15 k€, une cuve de vinification, c’est 10 k€ nue et 25 k€ avec accessoires, et la valeur d’un fût varie entre 1.100 et 2.000 € des prix qui ne favorisent pas leur commercialisation. Il y a trois ans on vendait 20 % moins cher. Depuis, le chêne a pris plus de 30 % d’augmentation. Il y a une tension sur le bois de qualité avec une forêt qui souffre des aléas climatiques et des parasites, auxquels s’ajoute une spéculation des propriétaires privés. Aujourd’hui, sur la réalisation d’un fût, la moitié du prix est liée au bois », explique Frédéric Rousseau.
« De plus le bois n’a pas toujours bonne presse. Il faut garder en tête que la conservation en tonneaux en bois ne représente que 1,5 % des vins produits dans le monde. Aujourd’hui la tendance est à moins boiser ces vins pour exprimer davantage le terroir et le savoir-faire du vigneron. On nous demande de neutraliser le plus possible le bois, ce qui est possible jusqu’à une certaine limite qui serait préjudiciable à la durée de vie du tonneau », abonde Jean-Christophe Rousseau, directeur général de la tonnellerie et tonnelier Meilleur ouvrier de France.
Bilan carbone et nouveaux marchés
Ainsi la tonnellerie voit sa fabrication de fûts diminuer depuis le début des années 2000. En revanche, les grands contenants progressent, ils représentent désormais 30 à 40 % du chiffre d’affaires. « La raison tient à la fois aux faits que les clients sont aujourd’hui mieux équipés pour nettoyer et entretenir ses tonneaux volumineux, que ceux-ci par leur volume limitent l’effet du bois sur l’élevage et qu’ils peuvent bénéficier d’intervention en SAV portant leur durée de vie à près d’un siècle, ce qui s’avère économique », analysent les deux frères qui ne manquent pas de projets pour l’avenir.
« Nous souhaitons travailler davantage sur notre empreinte carbone. Nous sommes aujourd’hui à 20 % d’autoconsommation, un taux que nous voudrions passer à 50 % d’ici à cinq ans, en posant notamment des panneaux photovoltaïques sur les 3.500 m² de terrain non constructible de notre site. Nous aurons un gros travail à venir sur la gestion de l’eau. Nous consommons en effet environ 10.000 hectolitres par an, avoue Frédéric Rousseau. Au niveau commercial, nous avons vocation à travailler davantage dans un périmètre rapproché Bourgogne -Jura, les expéditions plombant notre bilan carbone. Par ailleurs, nous voulons approcher de nouveaux marchés comme celui des spiritueux ».