Une vente des vins au top, dans un marché inquiet
Vin. Le succès de la 165e Vente des vins de Beaune, ne doit pas masquer la réalité de la profession. L’exercice habituellement lisse de la conférence de presse, le matin de la vente, a été troublé par une prise de parole commune des présidents du Comité Bourgogne (ex-BIVB) qui ont souligné combien la filière était inquiète.
Le succès de la 165e Vente des vins de Beaune (18,4 M€ d’enchères hors la pièce de Charité qui a été emportée par un acheteur chinois, voir encadré), ne doit pas masquer la réalité de la profession. L’exercice habituellement lisse de la conférence de presse, le matin de la vente, a été troublé par une prise de parole commune des présidents du Comité Bourgogne (ex-BIVB) qui ont souligné combien la filière était inquiète.
Le millésime 2025, qui promet d’être de grande qualité, est en revanche en baisse en volume. « Notre récolte cette année a été amputée du fait d’une canicule très importante au mois d’août, rappelle François Labet. Entre le 1er et le 20 août, on a constaté une diminution du poids des raisins d’à peu près 20 %, ce qui a impacté beaucoup plus les chardonnay, notre cépage emblématique » (2/3 des parcelles en Bourgogne, Ndlr).
De moindres quantités, mais un mal pour un bien dans un contexte dégradé. « On est dans un marché qui a tendance à se déprimer un petit peu, voire même à se fragmenter, confirme Laurent Delaunay. Les raisons sont connues : baisse de la consommation, situation économique, inflation, situation géopolitique, guerre commerciale, les taxes... Le monde entier du vin est à peu près dans la même situation. La France ne fait pas exception. La seule exception encore en ce moment est la Bourgogne : nous sommes certainement la seule région en France avec des chiffres qui restent positifs mais chaque mois qui passe voit notre avance se réduire. C’est le cas depuis le début d’année ».
Le marché français ? Morose : + 0,8 % depuis le début d’année par rapport à l’année dernière en volume et + 0,7 en valeur, « tiré beaucoup par les crémants de Bourgogne et par les vins blancs et plutôt les blancs d’entrée de gamme » dans un pays où la filière estime avoir à se battre contre des « croisades hygiénistes » (lire aussi en page 16). L’export est encore à fin août à + 4,3% en volume et +1,2% en valeur, « avec un fort ralentissement ».
« Le marché a tendance à se déprimer un petit peu » Laurent Delaunay
Le marché américain (premier de la Bourgogne) est passé en négatif : -1,5 % en volume et - 4,1 % en valeur alors que ces chiffres étaient encore positifs en juillet ! Or l’effet de la hausse des tarifs douaniers devraient se faire vraiment sentir début 2026 lorsque les importateurs vont passer commande après les ventes de fin d’année… Le marché chinois (8e marché) est également terne, même si moins dégradé que la profession ne pouvaient le craindre.
De nouveaux marchés
La filière se tourne donc vers les pays émergents : déjà présent dans 170 contrées, le vin bourguignon a, assure Laurent Delaunay, un fort potentiel de développement au Brésil. Un accord comme celui du Mercosur a donc toutes les faveurs de la profession. « Dans le vin en général et en Bourgogne en particulier, on vend des produits relativement élaborés. Les accords de libre-échange nous ont toujours été favorables », rappelle Laurent Delaunay. Un autre relais de croissance pour l’avenir est l’Inde. « Il y a en ce moment un accord de libre-échange en discussion entre l’Inde et l’Europe. On a reçu ici à Beaune l’ambassadeur d’Inde qui avait bon espoir que cet accord de libre-échange soit signé rapidement ce qui permettrait une baisse des taxes à l’importation en Inde de 100 %. Ceci pourrait être tout à fait positif ! ».