Champagne / In Vino

Vers des vignes plus techno ?

Viticulture. Le monde de la vigne est aujourd’hui confronté à de grands défis, qui redéfinissent les façons de travailler. Il est à la fois question de faire face au changement climatique, de réduire l’empreinte environnementale du secteur, d’oeuvrer à la transition écologique, d’agir sur la durabilité des systèmes de culture...

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Viticulture
(Crédit : DR)

L’innovation est à portée de main. Les nouvelles technologies de l’information, du numérique, ou même de la biologie moléculaire se déploient pour répondre à ces enjeux. « Les cinq millésimes passés nous ont fait vivre en peu de temps les effets déstabilisants du changement climatique : gel, canicule, sécheresse, précocité inédite des vendanges, dépérissements.

Ce sont quatre des années les plus chaudes enregistrées depuis le début du XXe siècle qui se sont déroulées en cinq ans. Nous l’annoncions en 2019, le matériel végétal est un levier capital dans ce contexte.

Qu’il s’agisse de la disponibilité en plants, de la diversité intravariétale et de l’évolution de l’encépagement ou encore du choix du porte-greffe et de la résistance aux maladies, le pôle technique & qualité conduit ou accompagne des réponses aux enjeux rencontrés sur le terrain », explique Manuel Olivier, vice-président de la commission technique du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB). Le futur passera donc par la recherche sur le végétal. Un futur qui aujourd’hui porte le nom de programme Qanopée (pour QuArt NOrd-Est PrÉmultiplication collectivE). Ce projet de production de matériel végétal, en milieu confiné, protégé des insectes et bioclimatique prend déjà vie en Champagne, au sud d’Épernay.

« Les cinq derniers millésimes passés nous ont fait vivre en peu de temps les effets déstabilisants du changement climatique : Gel, canicule, sécheresse, dépérissements... » Manuel Oliviern vice-président de la commission technique du bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB)

Porté par les interprofessions Beaujolais, Champagne et Bourgogne, avec à sa tête le président de la Confédération des appellations et des vignerons de Bourgogne Thiébault Huber, le site, semblable à une chambre stérile, y voit grandir les clones de porte-greffes indemnes des virus responsables aujourd’hui du dépérissement et donc du moindre rendement des ceps. Côté numérique, un changement d’échelle s’est opéré au niveau de la collecte d’informations sur le terrain. Les observations se font maintenant à haute résolution spatiale et temporelle et elles sont objectives, car comparées et stockées d’une date à une autre. Les capteurs se multiplient : sol, indices de végétation ou de biomasse, état sanitaire, qualité des raisins...

Une viticulture de précision qui offre notamment une aide précieuse à la gestion de la qualité, de l’équilibre entre rendement et vigueur et peut permettre d’optimiser la gestion sanitaire. Autre espoir de la profession : la robotique. Elle constitue un atout indéniable pour l’amélioration des conditions de travail.

En permettant de limiter l’impact de tâches pénibles et répétitives, elle peut constituer une réponse à la pénurie de main d’oeuvre que connaît la viticulture et elle peut apporter des solutions face à des impasses techniques liées à la diminution ou disparition des intrants.

Enfin, l’agrivoltaïsme semble être un levier efficace dans l’adaptation du vignoble au changement climatique. Néanmoins, les expérimentations sur cet appareillage n’en sont qu’à leurs prémices et les panneaux solaires et photovoltaïques n’ont pas encore dévoilé tous leurs secrets. Toutefois plusieurs questions se posent sur l’adaptation de cette technologie au vignoble bourguignon, classé au patrimoine de l’Unesco et notamment à sa structure morcelée et en coteaux.