1,5 Md€ pour moderniser la base aérienne de Luxeuil
Haute-Saône. Le Président de la République s’est rendu mardi 18 mars sur la base aérienne 116 « Lieutenant-Colonel Papin » de Luxeuil-les-Bains. Une visite lourde de sens et riche en annonces dans le contexte géopolitique actuel.

Alors que l’Europe a réaffirmé récemment son engagement de soutien à l’Ukraine face à l’invasion de son territoire par la Russie de Vladimir Poutine, que la politique étrangère américaine sous le mandat de Donald Trump est de moins en moins lisible, que la France réfléchit de plus en plus sérieusement à étendre son parapluie nucléaire à l’Europe et que cette dernière pourrait avoir un rôle clé dans la surveillance du maintien de la paix en cas de cessez-le-feu en Ukraine, Emmanuel Macron s’est rendu sur la base aérienne de Luxeuil-les-Bains en Haute-Saône, soulignant ainsi le rôle central de cette dernière dans la sécurité aérienne, « la police du ciel », tant sur le territoire national que dans l’espace aérien des alliés, en particulier sur le flanc oriental de l’Alliance Atlantique. « Venir sur cette base de Luxeuil, c’est aller aux sources de notre aviation de combat et de notre dissuasion nucléaire », a ainsi rappelé le président français en introduction de son discours. Fondé il y a plus de 100 ans, ce site emblématique de l’armée de l’Air et de l’Espace française compte aujourd’hui près de 1.100 effectifs et un escadron de 26 Mirages 2000-5. « Les racines de l’aviation de chasse, c’était au-dessus de Verdun et cela naissait ici. C’est ici aussi, dès avril 1916, que l’escadrille franco-américaine La Fayette fait ses armes, signe de plus de 100 ans d’une histoire qui résonne tout particulièrement aujourd’hui. C’est ici encore, dans la profondeur historique de cette base, que s’est jouée l’inscription dans l’Otan de notre pays et évidemment notre dissuasion nucléaire », a poursuivi le Président, sans oublier d’évoquer la fermeture, un temps à l’ordre du jour, à laquelle la base a échappé. En 2008, Nicolas Sarkozy annonce en effet la réduction d’un tiers de la composante aéroportée de la dissuasion nucléaire et la dissolution de l’escadron Dauphin de Luxeuil est actée. La BA116 perd à ce moment la vocation nucléaire qu’elle avait depuis les années 1960. « Je sais le combat que beaucoup de vos élus ont mené pour que cette base, alors, ne fermât point. Vous avez résisté et la base a été maintenue. Et c’est d’ici aujourd’hui que des Mirages 2000-5 sont partis en Ukraine. C’est ici qu’on permet à des pilotes ukrainiens de défendre leur pays ».
Le Retour Du Nucléaire
Le chef de l’État est ensuite revenu sur sa politique de renforcement du budget de la Défense : « Vous le savez, depuis 2017, nous avons voulu rompre avec la réduction des budgets de défense. L’effort qui a été entamé avec la première revue stratégique, puis les deux lois de programmation militaire, nous a permis de doubler le budget de nos armées. C’est ce qui fait qu’aujourd’hui, je peux vous dire que l’armée française est à coup sûr l’armée la plus efficace du continent. Oui, la mieux dotée, la plus complète, la mieux entraînée. »

Avant de concentrer ses propos plus spécifiquement sur le futur de la BA 116. « Je suis venu vous dire aujourd’hui que non seulement la base aérienne de Luxeuil allait rester, pour tous ceux qui avaient un doute sur son avenir, mais qu’elle allait s’accroître d’une manière inédite et retrouver sa place pleine et entière dans la dissuasion nucléaire (avec les bases d’Istres, Saint-Dizier et Avord. Ndlr). Elle va ainsi bénéficier d’investissements massifs pour accueillir les deux prochains escadrons de Rafales (40 appareils en remplacement des 20 Mirages, doublant ainsi les capacités des forces aériennes stratégiques. Ndlr). Son format va doubler pour atteindre près de 2.000 militaires et civils à l’horizon 2035. C’est cela la transformation des dix ans devant nous. Cet effort de défense va bénéficier à l’ensemble de la région. Outre l’activité de défense, ce sont près de 3.000 à 4.000 nouveaux habitants, des familles dont quelques centaines d’enfants qui viendront étudier au sein de vos écoles dans l’environnement proche de Luxeuil ». Dans son format actuel, la base militaire génère déjà un impact économique important avec une contribution annuelle de 38,5 M€ et, en termes d’emploi, elle est le premier employeur de la circonscription locale et le troisième de la Haute-Saône. « Ce seront près d’1,5 Md € qui seront investis par l’État pour moderniser et adapter la base aérienne, en particulier ses infrastructures opérationnelles et de vie. Vous le comprenez, par ces travaux, par ce réinvestissement, la vocation nucléaire historique de Luxeuil se poursuivra. Luxeuil sera, à l’horizon de 2035, la première base à accueillir la prochaine version du Rafale et son missile nucléaire hypersonique, figure du renouvellement entamé de la modernisation de notre dissuasion nucléaire » a ajouté Emmanuel Macron avant de conclure : « Au-delà de ces perspectives positives, je veux ici partager avec vous une conviction. Nul ne sait dire ce qui adviendra dans les mois, les années qui viennent. Ce que je veux, c’est que nous soyons prêts. Ce que je veux, c’est que nous soyons protégés. Ce que je sais, c’est que, grâce à cette culture de l’engagement, à la force de nos armées, à la force de notre armée de l’Air et de l’Espace, ensemble, nous saurons faire face ». Notons enfin qu’après cette visite, l’agenda présidentiel précisait qu’Emmanuel Macron se rendrait à Berlin pour rencontrer le chancelier sortant Olaf Scholz puis Friedrich Merz. Ce dernier a annoncé dans la soirée que l’Allemagne rompait avec sa sacro-sainte rigueur budgétaire, qui limite le déficit annuel à 0,35 % du PIB, réformant ainsi sa constitution. Le Bundestag a adopté le « bazooka » de 500 Mds € d’investissements du futur chancelier, pour rebooster l’économie et renforcer les dépenses de défense.