Collectivités

50.000 € pour offrir une retraite digne aux fauves de cirque

Yonne. Depuis l’interdiction des animaux non-domestiques dans les cirques, les refuges et recueils sont sollicités pour offrir une retraite à ces fauves. L’association Des Griffes et des Dents, implantée à Vernoy, veut agrandir ses infrastructures pour accueillir trois nouveaux pensionnaires.

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Photo de tigre de l'association Des Griffes et des Dents
(Crédits : EB)

Dans le Nord-Ouest de l’Yonne, à Vernoy, derrière un portail anodin, vivent des pensionnaires hors normes : six tigres, anciens pensionnaires de cirques, loin des projecteurs qui ont rythmé leur vie. Des animaux impressionnants, mais fragilisés par des années passées sur les routes. Problèmes articulaires, troubles de la vision, maladies chroniques : la vieillesse n’épargne pas ces géants. « Ils ont besoin de plus d’espace et de soins constants. Certains nécessitent des traitements lourds, qui peuvent coûter plusieurs milliers d’euros par an », explique Nathalie Halley, propriétaire des lieux et des animaux. Ces tigres ne sont pas des cas isolés.

L’association Des Griffes et des Dents a vu le jour par passion et nécessité. « Après des années à travailler avec eux, j’ai voulu leur offrir une retraite digne », raconte la propriétaire. Aujourd’hui, le refuge s’organise autour de plusieurs enclos sécurisés et reliés par des tunnels, offrant un semblant de liberté à ces félins qui n’ont jamais connu la vie sauvage. « Ils sont solitaires par nature, on ne peut pas les mettre ensemble. Chaque enclos doit être pensé pour leur confort et leur sécurité », précise Cindy Roux, présidente de l’association.

Un chantier à 50.000 € pour accueillir trois félins de plus

Depuis la loi de 2021 interdisant les animaux non-domestique dans les cirques, les demandes d’accueil se multiplient. « On me propose des tigres, des lions… Mais je ne peux pas dire oui tant que les travaux ne sont pas terminés », regrette Nathalie. L’objectif : achever un nouvel enclos, indispensable pour porter la capacité d’accueil à neuf animaux.

Le gros oeuvre est fait, mais il reste à refaire la toiture, sécuriser les clôtures, couler les allées. Coût total : 50.000 €. Une somme difficile à réunir pour une structure qui vit principalement des adhésions, des parrainages et de quelques journées d’ouverture au public – limitées à six par an ou 13 demi-journées par la réglementation. « On a aussi un peu de recettes avec la buvette, la boutique souvenir, et parfois des tournages de clips. Mais ça ne suffit pas. » Le reste repose sur les deniers personnels de Nathalie. « Je ne peux pas me permettre d’embaucher. On fonctionne avec une dizaine de bénévoles, mais ce n’est pas suffisant. » L’association espère séduire des mécènes, des entreprises, voire des banques. « Si des pros du bâtiment nous donnaient un coup de main pour les travaux, ce serait formidable. »

Nourrir, soigner, protéger : un défi quotidien

Au-delà du chantier, il faut subvenir aux besoins des fauves. Et ce n’est pas une mince affaire. Chaque tigre avale entre 3,5 et 6 kg de viande par jour. Une charge allégée par les partenariats avec des supermarchés et des abattoirs, qui fournissent des invendus et des morceaux non commercialisables. Mais les frais restent considérables : électricité pour dix congélateurs, entretien des infrastructures, soins vétérinaires… « Et plus les animaux vieillissent, plus les coûts explosent », insiste Nathalie.

Avec la loi de 2021, ces refuges sont devenus essentiels pour éviter l’abandon ou l’euthanasie de ces animaux. Mais l’État ne finance que la création des structures fixes, pas leur fonctionnement. « On a besoin d’une solution durable. Construire des enclos, c’est bien, mais après, il faut nourrir, soigner, entretenir. »
Pour Nathalie, chaque euro compte pour que Khan, Shiva et leurs congénères profitent d’une retraite paisible. Ceux qui le souhaitent peuvent parrainer un tigre, faire un don, ou proposer du bénévolat. L’association ouvre ses portes tous les dimanches après-midi jusqu’au 31 août afin de lever des fonds. « Je veux qu’ils terminent leur vie dans les meilleures conditions possibles. Ils ont passé des années sous les projecteurs, ils méritent ça. »

  • (Crédits : EB)
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