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À Besançon, le Hacking Health s’inscrit dans la durée

Doubs. Ce concept né à Montréal en 2012 a trouvé en Bourgogne Franche-Comté un terreau fertile, là où, dans bien d’autres régions il a fait feu de paille. En route vers sa neuvième édition il offre aujourd’hui un parcours complet d’innovation permettant à tout professionnel de santé, patient ou aidant ayant une idée de lui donner vie.

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Photo de Nicolas Bodin, Christophe Dollet et Thierry Gamond-Rius
De gauche à droite : Nicolas Bodin (Grand Besançon Métropole), Christophe Dollet (Hacking Health Besançon) et Thierry Gamond-Rius, directeur du CHU de Besançon. Crédit : JDP.

En neuf ans, le Hacking Health Besançon, véritable marathon de l’innovation en santé, n’a cessé de se développer et faire évoluer ce concept né au Canada. « Si dans notre territoire, le Hacking Health dure, alors que, par exemple, à Lyon il ne devrait pas connaître de nouvelle édition, c’est, qu’ici, l’on va chercher de vraies problématiques auprès des soignants et des patients, défend Christophe Dollet, fondateur, animateur du Hacking Health Besançon et président de la SCIC, le Tube à Essais. Il s’agit là d’un lourd travail de détection des porteurs de projets les plus motivés. Vient ensuite le temps de la structuration de leur réflexion en vue de les présenter au défi du Hacking Health. Au cours de ce marathon, qui se déroulera cette année du 17 au 19 octobre (300 participants attendus), une trentaine de coachs et d’experts guident les équipes participantes - une vingtaine - pour faire émerger des preuves de concept. Enfin, les projets les plus prometteurs pourront mûrir au sein du Tube à Essais et ainsi avoir une chance de convaincre des industriels de mettre sur le marché leur innovation, ou, comme ce fut le cas pour le docteur Stéphanie Wicht, de créer leur propre start-up. C’est d’ailleurs, la première start-up issue du Hacking Health Besançon. Elle développe un logiciel (OneVasc)pour réaliser des schémas vasculaires simples et détaillés pour faciliter le dialogue entre le patient et le praticien ». Société coopérative d’intérêt collectif, le Tube à Essais a été créé en septembre 2024 par 20 membres fondateurs.

« Le choix d’une société coopérative reflète la marque de fabrique du Hacking Health basée sur l’ouverture et le collectif. Ainsi les professionnels de santé et les patients seront associés au développement du Tube à Essais, précise Christophe Dollet. Une dizaine de partenaires publics et privés soutient ce dispositif, dont le CHU, l’Université Marie et Louis Pasteur et SupMicrotech-Ensmm. « Sa mission première est d’aider les projets à grandir après le Hacking Health en accompagnant pendant un à deux ans le porteur, à travers un suivi personnalisé, des rencontres, des prestations, des expertises qui vont nourrir son projet ».

Un tube à essais et une formation universitaire

Une sélection rigoureuse par un jury est intervenue en décembre et janvier. Douze projets ont postulé, huit ont été retenus dans une phase de pré-sélection, et trois (un quatrième est attendu prochainement) ont été désignés lauréats et ont reçu, chacun, la somme de 10.000 €, « allouée par nos partenaires le Crédit Mutuel profession de santé, le CHU et Grand Besançon Métropole. Nous continuons à chercher et à diversifier nos sources de financements pour permettre la maturation d’autres projets. Sachant que les ateliers, les conférences ou les différents outils du Tube à Essais restent à la disposition de tous les porteurs de projet, affirme Christophe Dollet. Côté formation, un diplôme universitaire intitulé « Développer et accompagner l’innovation en santé » devrait voir le jour en septembre, « dix inscrits sont nécessaires pour que son ouverture soit validée ». Imaginé en partenariat avec l’Université Marie et Louis Pasteur, il existera sous l’égide de L’Institut supérieur d’ingénieurs de Franche-Comté (ISFC) Génie Biomédical. Cette formation de plus de 90 heures est destinée tant au personnel administratif des services innovation des structures de santé qu’aux soignants ou internes. « Elle donnerait les clés pour aborder toutes les phases de l’innovation en santé, comprendre les enjeux réglementaires, juridiques et numériques, mais aussi une méthode pour faire émerger les idées, les projets, les évaluer et structurer la stratégie d’innovation ».

Coopération franco-suisse

Autre brique de développement imaginée par le Hacking Health Besançon, l’organisation en juin, avec le laboratoire Femto-ST et la Heig-VD d’Yverdon-les-Bains, du premier connecteur franco-suisse. « Il s’agit de mettre en valeur 20 technologies issues des laboratoires de ces deux entités pour favoriser les collaborations entre chercheurs, mais aussi avec les entreprises des deux côtés de la frontière ».

Le Hacking Health Besançon s’est également rapproché, il y a deux ans, du Collectif LUdique Bisontin (Club) pour donner naissance à un évènement baptisé Ludi’Health qui permet la création de solutions ludiques au bénéfice de la santé. « De cette initiative est né un nouveau projet en collaboration avec le Fablab des Fabriques : un atelier d’initiation à l’innovation destiné aux professionnels de santé pour leur permettre de découvrir de façon ludique les étapes à franchir… Autant de projets qui démontrent notre agilité et notre capacité à fédérer pour construire : nous croyons en la force de l’intelligence collective, qui est l’ADN de tous nos projets, argue Christophe Dollet.

« On a des gens qui viennent de plus en plus loin pour participer, de Lyon, Nancy, de la Suisse. Le Hacking Health est un marqueur d’identité qui dit que, sur ce territoire, on sait travailler ensemble. C’est notre singularité et le Hacking Health est un élément de preuve de la dynamique de notre territoire, complète Nicolas Bobin, vice-président en charge de l’économie, l’Emploi, l’Insertion, la Relance, l’Innovation et la transition, le Commerce et l’artisanat.