À Pagny, l’intermodalité eau, rail et route alliée de la décarbonation
Côte-d’Or. Le 9 juillet, SNCF Réseau et le syndicat mixte du technoport de Pagny signaient le renouvellement de leur convention de raccordement au réseau ferré national. L’occasion de rappeler les atouts de ce site de 336 hectares combinant un port, une autoroute et une voie ferrée, fer de lance d’une activité économique durable en BFC.

Maxime Chatard, directeur territorial SNCF Réseau BFC l’a martelé au moment d’acter le renouvellement, pour cinq ans, de la convention de raccordement au réseau ferré national entre SNCF Réseau et le syndicat mixte du technoport de Pagny : « cette signature n’est pas un simple acte administratif, c’est une dynamique nouvelle, une vision claire, celle de voir très vite des trains circuler ici, dans ce lieu stratégique de la décarbonation des activités des entreprises en BFC et de la réindustrialisation du pays ».
Un train, c’est 40 camions
Une signature qui intervient le jour où le nouveau « Réseau FRET régional » s’est réuni pour la première fois en marge de cet évènement. Un réseau qui doit permettre de favoriser l’émergence de projets communs et de structurer durablement la coopération entre les acteurs professionnels de la filière du fret, les industriels, les coopératives, les entreprises ferroviaires et les représentants institutionnels : « un cas unique en France qui ambitionne de dynamiser la multimodalité en parlant concret », revendique Maxime Chatard avant d’égrainer quelques chiffres : en Bourgogne Franche-Comté, SNCF Réseau dispose d’un maillage territorial dense, permettant de faire circuler 300 trains de fret par jour en moyenne. Avec plus de 200 kilomètres de lignes dédiées sur le territoire régional, un tiers du trafic fret national se joue en BFC et 22 % ont une origine ou une destination en BFC. Avec 73 installations terminales embranchées actives, à l’image de ce que sera à terme le technoport de Pagny, c’est près de 55 industriels répartis sur l’ensemble de la région connectés directement au réseau ferroviaire. L’activité industrielle et agricole associée représente plusieurs milliers d’emplois sur le territoire.

Le contrat plan État-région 2023-2027 prévoit un soutien fort au fret avec un investissement de 42,8 M€ dont 15 M€ financés par l’État. « la région BFC est un terrain propice pour l’intermodalité avec le Rhône et la Saône et l’embranchement ferroviaire de Pagny représente un enjeu majeur dans le cadre d’une connexion avec toute l’Europe avec notamment la ligne de Dijon à Bourg-en-Bresse, au sein du corridor européen de fret ferroviaire Mer du Nord-Méditerranée et l’ouverture en 2033 du tunnel transalpin ». Si, toujours côté chiffre, le train ne manque pas d’arguments : « un train, c’est 40 camions, dix fois moins de CO2 et six fois moins d’énergie », affirme Maxime Chatard, au technoport de Pagny, les trains ne circulent pas encore, « ce qui fait dire à certains qu’à Pagny rien ne bouge, déplore Sébastien Delacour, président de la communauté de communes Rives de Saône, qui, avec la région BFC, compose le syndicat mixte qui dirige le technoport de Pagny. Cela fait 40 ans que l’on travaille sur ce site. C’est un travail de l’ombre, un travail de fond et du temps long, fait de reprises de fonciers, d’études préalables, de prospections pour attirer de nouveaux partenaires... ».
Un avenir toujours en marche, mais un temps long
In fine, les outils se mettent peu à peu en place et les entreprises s’installent progressivement : « je reste convaincu que l’on avance dans le bon sens : nous avons toutes les cartes en main car ici on peut proposer la trimodalité et imposer à minima la bimodalité », ajoute le président. Sur un total de 336 hectares, dont 150 hectares en pleine propriété du syndicat mixte du technoport de Pagny, six entreprises sont déjà installées (Bourgogne Céréales Stockage, BFC Multi Modal, les transports MTA et Quil, NoraSaône et SMCP-Noz). « Elles représentent un total de 250 emplois », précise Alain Becquet, président du syndicat mixte, évoquant d’autres projets en bonne voie, comme celui portant sur 22 hectares avec le brasseur AB InBev ou encore l’installation sur 12 hectares de la Compagnie Pagny Châteaux de logistique industrielle. Des lettres d’intention ont également été signées avec la société Arefim, une foncière créatrice de campus d’activités, et le centre d’exploitation des routes départementales est en construction.
« Nous avons aussi obtenu, depuis août 2022, le permis de construire pour le transporteur Pedretti sur une emprise de 6 hectares, mais le premier coup de pioche n’est toujours pas enclenché... Nous l’avons un peu en travers de la gorge », confie Alain Becquet, ajoutant que pour mettre ce « bel avenir » en mouvement, des investissements de 700.000 € de travaux de voiries ont été engagés pour faciliter les activités économiques ainsi que 200.000 € pour doter le technoport d’une bascule de pesée pour les camions. « Je suis persuadé qu’il y a ici un potentiel à faire fructifier sur le secteur des mobilités, seul volet de la COP qui n’est pas au rendez-vous des enjeux de la décarbonation. Il faut voir grand, les entreprises viendront si elles ont le sentiment d’être accompagnées et nous serons là pour financer les aménagements nécessaires, à chaque fois qu’un projet en exprimera le besoin », a pour sa part défendu Paul Mourier, préfet de Côte-d’Or et de la région BFC.