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Académie de Dijon : une rentrée avec moins d’effectifs

Rentrée 2024-2025. Une fois encore, l’académie de Dijon, qui regroupe les quatre départements bourguignons, perdra des élèves à la rentrée 2024-2025, entraînant un resserrement des effectifs de personnels éducatifs. En revanche, des moyens seront alloués à l’éducation spécialisée et aux renforcements des acquis fondamentaux, pour répondre aux objectifs du ministère de l’Éducation nationale synthétisés par la formule « Choc des savoirs ».

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Photo de Pierre N'Gahane
Pierre N’Gahane, recteur de l’académie de Dijon et Caroline Vayrou, secrétaire générale. (Crédit : JDP)

« Cette rentrée qui s’annonce est celle de la mise en place du “choc des savoirs”, c’est ainsi que le ministre - Gabriel Attal à l’époque, avant sa nomination à Matignon, Ndlr - l’avait engagé, dans un contexte de déprise démographique qui est un marqueur structurel », aboutissant à un « ajustement des moyens » au niveau national, comme local : c’est ainsi que Pierre N’Gahane, recteur de l’académie de Dijon, a caractérisé la rentrée 2024-2025 et les moyens qui lui seront alloués (voir l’encadré pour le détail).

Fermeture de classes

Cela aboutira fatalement à des fermetures de classe, mais c’est aux Dasen (directeurs départementaux des services de l’Éducation nationale) qu’il reviendra de présenter les arbitrages pour chaque territoire, sachant que, précise le rectorat, « la répartition des moyens peut être affinée jusqu’à la rentrée » et qu’une proposition de loi, déposée le 23 mai 2023 à l’Assemblée nationale prévoyant « l’accord du maire pour toute fermeture d’une classe dans les communes de moins de 5.000 habitants, n° 1253 » se trouve toujours dans les mains de la Commission des affaires culturelles et de l’éducation du Palais Bourbon.

Des suppressions de postes moins importantes que s’il avait fallu suivre une stricte logique comptable et démographique, affirme le recteur, car le ministère, est « très conscient de la caractéristique de notre académie. Nous restons une académie rurale. Sur à peu près 1.534 écoles du premier degré, la part des écoles à une classe est de 17%, c’est 4% au niveau national. Jusqu’au trois classes maximum, c’est 56% contre 30% au niveau national. Il y a une dispersion très forte. Enfin, on scolarise en milieu rural dans l’académie de Dijon trois fois plus que dans l’académie de Paris par exemple. »

900.000 euros sont également dévolus aux Fonds sociaux pour aider les élèves en difficulté et des moyens ont été mis en place pour aller chercher les bénéficiaires qui ne réclamaient pas ces droits : cela a abouti à la diminution du reliquat de 40 %. Des explications qui n’auront pas convaincu l’intersyndicale FSU, FO, Unsa, CFDT, CGT et Sud de l’académie, qui appelait dès le 25 janvier les personnels à se mettre en grève le 1er février pour protester contre les suppressions de poste qui selon eux devraient plutôt aboutir à une baisse des effectifs « dans un pays qui a les classes de primaire et de collège les plus chargées de l’OCDE » selon son communiqué.

Baisse du niveau des élèves

Interrogé sur la portée politique et les attendus de ce « choc des savoirs » théorisé par le ministre, Pierre N’Gahane a été pragmatique : « Derrière la notion de “ choc des savoirs ”, il y a le constat factuel de la baisse du niveau général des élèves au niveau national. Cela a été confirmé par les enquêtes Pisa et le fondement des évaluations que l’on fait du CP jusqu’à la seconde. Pour notre académie, jusqu’en CE1 les résultats dans les fondamentaux sont au-dessus de la moyenne. À partir du CE1, on décroche. Nous n’avions pas d’autres choix que de renforcer là où il y a de vraies faiblesses. Ce “choc des savoirs” n’est pas qu’une vue de l’esprit, ce n’est pas de la communication. Mais vraiment le constat que, si on ne fait pas plus d’efforts, on perd en qualité, en se comparant à nous-même et par rapport à l’international ».

Exemple de cette volonté de booster les fondamentaux : 30 millions d’euros débloqués nationalement seront par exemple consacrés à l’achat de manuels certifiés en lecture et en mathématiques en classes de CP et CE1, alors que « près de 60% des écoliers de CP ne disposent pas aujourd’hui d’un manuel de référence ». La « méthode Singapour », une approche plus inductive des mathématiques qui laisse du temps aux élèves avant la conceptualisation, a même été évoquée pour l’apprentissage de cette matière aux plus jeunes.