« Auxerre ambitieuse » ou comment « reconstruire la ville sur elle-même »
Territoire. Lauréate de l’appel à manifestation d’intérêt « Démonstrateurs de la ville durable », Auxerre rêve de faire émerger sur 18 hectares de friches industrielles un éco-quartier autonome en énergie, répondant aux nouveaux défis de l’habitat urbain et de la mobilité.
En paraphant, il y a quelques jours, un protocole partenarial d’exclusivité avec les groupes Cardinal et Essor, le maire d’Auxerre, Crescent Marault, donnait le coup d’envoi de ce qui s’apparente être l’un des plus audacieux programmes de réhabilitation urbaine de Bourgogne Franche-Comté. Celui qui entend faire « réapparaître Auxerre sur la carte de France » s’est accompagné, à la suite d’un appel d’offres, de deux spécialistes, reconnu ou en devenir, de la promotion immobilière. Si le groupe rhônalpin n’est plus à présenter et s’est, notamment, illustré dans l’écoconception des Docks de Lyon à Confluence, le second travaille actuellement à la requalification de L’Éclaireur à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) avec une vaste démarche environnementale.
D’ici un an, les deux candidats retenus auront à faire des propositions pour la création d’un écoquartier sur l’emprise foncière de 18 hectares de friches, composées des installations désaffectés de 110 Bourgogne au Batardeau, sur la rive gauche de l’Yonne, et de l’ex-usine Guilliet aux Montardoins, le tout sous la baguette experte de l’architecte Sylvio d’Ascia.
Il y a deux ans, le ministère de la Cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales et le ministère du Logement avaient retenu « Auxerre ambitieuse » parmi les 30 lauréats de l’appel à manifestation d’intérêt (Ami) « Démonstrateurs de la ville durable » pour laquelle Auxerre a perçu 500.000 euros au titre de la phase d’incubation. « La première étape a été de nous porter acquéreur, via l’Établissement public foncier (EPF) Doubs Bourgogne Franche-Comté des silos pour 1,4 million d’euros, de les déclasser ICPE (Installations classées pour la protection de l’environnement), pour lesquels nous avons été éligibles au « Fonds friches ». Nombreux disaient que ce serait impossible… », rappelle Crescent Marault. « Aujourd’hui, cela nous donne l’opportunité de reconstruire la ville sur elle-même en prenant en compte les enjeux du développement durable et de la transition énergétique. C’est un programme à large spectre qui va nous permettre de repenser la mobilité douce, de reconnecter le quartier au centre-ville, et de travailler tout le parcours de résidentialisation, de la petite enfance à la perte d’autonomie. Après dépollution et désindustrialisation des sites, plus de 60 % des surfaces au sol vont être désimperméabilisées afin de respecter le cycle de l’eau. »
Autonomie énergétique et modèle économique
Après un phasage qui devrait courir sur une dizaine d’années, le projet d’écoquartier auxerrois pour lequel quelque 150 millions d’euros d’investissement privés pourraient être mobilisés ambitionne de faire sortir de terre 500 nouveaux logements. Parmi les équations à choix multiples que devront résoudre architecte et promoteurs, l’intégration partielle ou la disparition de deux bâtiments iconiques du futur paysage urbain : la halle Guilliet d’une superficie de deux hectares et les quatre silos céréaliers dont deux, présentant des défaillances importantes de structure, sont d’ores et déjà amenés à disparaître et seront démolis dès la fin de l’année.
« Nous allons travailler sur le cadre de vie, sur le type d’usage des bâtiments et l’autonomie énergétique. Sur ce dernier volet, nous souhaitons trouver une pérennité économique qui permette de trouver le juste équilibre afin de pouvoir attirer des habitants des grandes métropoles. » Un dossier déjà suivi de près par les observateurs et les acteurs économiques. À proximité immédiate des installations sportives de l’AJ Auxerre, l’émergence d’un écoquartier dans les prochaines années a participé à la décision de l’équipe dirigeante d’investir dans l’implantation d’une future « plaine sportive ».