Collectivités

Auxerre garde le cap…

Budget. Entre les livraisons promises et le démarrage de nouveaux chantiers, le chef-lieu de l’Yonne et son agglomération vont poursuivre leur transformation à un rythme effréné cette année avec un total de plus de 40 millions d’euros d’investissement portés par les deux collectivités.

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Photo de la salle Vaulabelle
Après désamiantage et d’importants travaux de rénovation, la salle Vaulabelle promet d’offrir une nouvelle architecture intérieure aux Auxerrois avec la mise à nu de la charpente métallique de l’édifice, témoin du patrimoine industriel de la ville. (Crédits : Ville d’Auxerre)

Lors de sa double élection à la ville d’Auxerre et à la communauté d’agglomération, Crescent Marault avait annoncé la couleur : « Ce que nous allons construire dans l’Auxerrois est sans précédent ». Deux ans et demi plus tard, ni la situation économique inflationniste, ni l’opposition parfois virulente jusque dans ses propres rangs, ne semblent avoir entamé la détermination de l’ancien chef d’entreprise à poursuivre la mise en application de son projet de territoire. Quitte à enregistrer la défection avec perte et fracas de son grand argentier, Pascal Henriat - vice-président en charge des finances de l’intercommunalité et adjoint à la délégation aux finances -, lors de la phase préparatoire des budgets. Ce dernier ne souhaitant cautionner « une seconde hausse consécutive de nos taux fiscaux en cette période où les Français souffrent » a fait acte de sédition en novembre dernier.

De son côté, la majorité lui a opposé une fin de non-recevoir lui rétorquant que « ce n’est pas le moment de faiblir : tous les investissements engagés en 2024 vont permettre de continuer à transformer en profondeur notre agglomération et la préparer à affronter les défis de fond qui nous attendent ». Deux visions diamétralement opposées de la gestion des finances publiques qui pourraient bien d’ailleurs se confronter lors des prochaines échéances électorales…

Photo de l'espace 1000
L’espace 1000, situé sur la gauche de l’entrée principale d’Auxerrexpo, va être transformé en salles de congrès avec la création de trois grandes salles. Il sera inauguré en septembre. (Crédits : Ville d’Auxerre)

À la fin de l’année, néanmoins, plusieurs chantiers lancés depuis le début de la mandature devraient arriver à leur terme tels les travaux de reconfiguration d’une place Maréchal-Leclerc revégétalisée pour laquelle quelque trois millions d’euros ont été inscrits au budget de la ville. Plusieurs bâtiments emblématiques de la cité de Paul-Bert devraient être, par ailleurs, rendus aux Auxerrois. À la rentrée, l’aile gauche d’Auxerrexpo redéployée en trois salles de congrès devrait être inaugurée. Coût de l’opération : 1,5 million d’euros. Puis, la salle Vaulabelle rénovée pour un montant 3,15 millions d’euros pourrait de nouveau accueillir du public, à l’automne.

Lancée en 2022, la réhabilitation du conservatoire de musique et de danse à rayonnement départemental devrait s’achever en décembre. La municipalité a ainsi programmé près de 5,6 millions d’euros dans son budget primitif 2024 pour une enveloppe de travaux qui s’élève à plus de neuf millions d’euros.

L’infrastructure « bénéficiera d’un nouvel auditorium en bois, de salles de répétition, de studios d’enregistrement et de salles de cours modernisées ». Auparavant, la toiture du cloître de l’abbaye Saint-Germain aura retrouvé tous ses atours (budget global : 2,8 millions d’euros). « Dans la foulée démarreront les travaux de rénovation de reprise et de restauration de la toiture, mais aussi des garde-corps ajourés de l’abbatiale ».

… contre vents et marées

Outre le lancement des premières actions du Nouveau projet national de renouvellement urbain (NPNRU) dans le quartier des Rosoirs, de Sainte-Geneviève et de Rive-Droite, l’année 2024 sera incontestablement marquée par le « grignotage » à l’automne, des anciens silos de 110 Bourgogne, préalable nécessaire à l’émergence d’un projet architectural énergétiquement autonome sur les 17 hectares du futur quartier Batardeau-Montardoins. Autre annonce d’importance : l’acquisition imminente de la halle Sernam par la communauté d’agglomération de l’Auxerrois « dans le cadre de sa stratégie de maîtrise foncière indispensable à la requalification du quartier Rive-Droite ».

Tout comme l’extension de la station H2 qui, menée en partenariat avec la société Hynamics, triplera sa capacité de distribution d’hydrogène, passant d’un à trois mégawatts d’ici à 2027. Cette année devrait voir aussi les premiers coups de pioche des travaux de la Liaison sud d’Auxerre (Lisa) et ainsi tordre le cou à un serpent de mer dont l’apparition est annoncée depuis des lustres. Imaginé pour fluidifier le flux de transit, ce contournement routier de seulement 9,9 kilomètres plombe allègrement le budget des deux collectivités.

« La ville participera à hauteur de 15,37 millions d’euros sur cette partie sous maîtrise d’ouvrage du département de l’Yonne. Un premier versement de 2,8 millions d’euros est programmé en 2024. De son côté, l’agglomération participera à hauteur de 27,65 millions d’euros sur la partie sous maîtrise d’ouvrage de l’État. »

Au total, ce ne sont pas moins de 40,5 millions d’euros d’investissements qui ont été dégagés aux budgets par la ville d’Auxerre et la communauté d’agglomération de l’Auxerrois.

Avec 30,4 millions d’euros, la part du budget communal y étant consacrée a fait un bond de 37,4 % par rapport à l’année précédente (22,1 millions d’euros). Un choix pleinement assumé comme le souligne Emmanuelle Miredin, adjointe en charge de la communication et rapporteur du budget. « À l’heure de la baisse continue des dotations de l’État et dans un contexte économique trouble, nous continuons à faire le pari d’une politique d’investissements volontariste et ambitieuse afin d’accélérer le développement économique et touristique de notre territoire, et de renforcer son attractivité. Notre objectif est d’attirer de nouvelles entreprises et de nouveaux investisseurs qui, demain, apporteront leurs contributions fiscales. » Une stratégie audacieuse qui ne manquera pas, cette année encore, d’alimenter les gazettes.