Collectivités

Auxerre joue le terrain : quand la ville parie sur son club

Yonne. Quatre hectares, un stade, et une ville au croisement des ambitions et des recours. Alors que la justice a annulé la vente du camping municipal à l’AJ Auxerre, la mairie maintient le cap et poursuit son objectif de rénovation du stade de l’Abbé-Deschamps.

Lecture 4 min
La nouvelle tribune Louault de l’Abbé Deschamps va donner un nouveau visage au stade. (Crédit : AJ Auxerre / LCR et Ligne bleue architectes.)

À Auxerre, le camping municipal ne fera bientôt plus partie du paysage. Du moins, pas sous sa forme actuelle. Étendu sur quatre hectares à deux pas du stade Abbé-Deschamps, ce terrain est devenu l’objet d’un conflit juridico-politique inattendu. Car derrière la promesse d’une vente à 308.000 €, c’est tout un projet de territoire qui se joue. Le 28 mai dernier, le tribunal administratif de Dijon a mis un coup d’arrêt temporaire au dossier. En cause ? « Un défaut de communication auprès des élus municipaux ». Le prix public aurait été « sous-estimé » selon les élus de l’opposition, causant une possible perte pour la collectivité. « Le tribunal ne remet pas en cause le fond. Ni le prix, ni le projet. Seulement la manière. Alors on va faire mieux. On va réexpliquer, revoter, et avancer », ajoute le maire d’Auxerre Crescent Marault face aux critiques.

La nouvelle délibération est prévue pour le 26 juin. « 100.000 euros de fonctionnement par an, une fréquentation moyenne, et une partie du site désormais en zone inconstructible, précise le maire d’Auxerre. On veut construire un camping moderne ailleurs. On y travaille. Mais ici, ce n’est plus possible. » Derrière les recours, le maire voit une forme de politique « de l’obstruction ». « Ce que je regrette, ce n’est pas le débat. C’est son absence. Qu’on vienne me dire en face : je préfère un camping à un stade rénové. Mais qu’on assume », s’agace Crescent Marault.

Le sport comme moteur urbain

Pour Baptiste Malherbe, les conséquences sont déjà tangibles : « Si on avait eu le terrain à temps, la tribune aurait pu sortir de terre. On aurait vendu 2.500 places de plus à chaque match. Et on en a besoin, car nos revenus sont en danger. » Il cite la baisse des droits TV, l’augmentation des coûts, et la nécessité de diversifier les recettes. « La billetterie, les séminaires, la boutique, ce sont des piliers pour notre modèle économique. On ne peut pas survivre avec un stade de 1996, pendant que d’autres construisent des enceintes modernes à coups de millions publics. »

Avec ses 17.000 places, ses tribunes et ses installations limitées, le stade de l’AJA est à la peine dans une Ligue 1 dominée par les grandes métropoles. Le club rêve d’aménager la tribune Louault, pour y ajouter 2.500 places, ainsi que d’y adosser une boutique moderne, un centre de séminaire, un auditorium et un hôtel. Coût estimé : 45 M€, intégralement portés par des fonds privés.

Le maire évoque un projet plus large : la transformation de toute la plaine sportive, en lien avec le nouveau quartier Bâtard-Montardon. Deux hôtels sont dans les cartons, dont un adossé au stade. « Si demain vous voulez faire venir une équipe nationale, encore faut-il pouvoir la loger. Aujourd’hui, on ne peut pas. On refuse du monde. ».